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Bâtiment : « Recourir au miscanthus en litière ne s'improvise pas »

Le Gaec Malibois, dans le Maine-et-Loire, a choisi d’utiliser du miscanthus dans sa stabulation existante. Cela a nécessité quelques adaptations du bâtiment pour faciliter le séchage de la litière.

Anthony Daubert, éleveur
Anthony Daubert : « Il faut accepter l’aspect noir de la litière. Mais nous sommes aujourd’hui satisfaits du résultat. » Le bâtiment, agrandi en 2008, puis en 2015, a été ouvert sur un côté pour augmenter l’aération
© V. Bargain

« Ce n’est pas si évident de passer d’une litière paillée à une litière en miscanthus dans un bâtiment existant qui n’a pas été conçu pour cela, prévient Anthony Daubert, associé avec David Berthelot sur un élevage de 70 normandes et prim’Holstein dans le Maine-et-Loire. On peut vite se décourager ! » Avec seulement 25 hectares de blé et d'orge dans leur assolement, les associés manquaient de paille et devaient en acheter 20 tonnes par an pour subvenir aux besoins en matière de couchage de mi-novembre à mars.

En 2019-2020, les deux associés réfléchissent à ce qu’ils pourraient utiliser en alternative à la paille. Ils décident de tester le miscanthus, en achetant la litière à un fournisseur spécialisé, Novabiom. La paille est enlevée et remplacée par la même épaisseur de miscanthus, environ 15 cm. « Nous avons eu des soucis, se rappelle Anthony. La litière absorbait trop peu et se saturait vite. Nous n’avions pas la surface de couchage compatible avec une litière accumulée en miscanthus. Alors que les bâtiments utilisant ce type de litière disposent en général d’au moins douze mètres carrés par vache et sont entièrement ouverts, nous n’avons ici que huit mètres carrés de couchage par vache et notre bâtiment était alors fermé sur tous les côtés. »

Sol décaissé, bardage enlevé et brasseurs d'air

Bien que l’essai ne se soit pas avéré concluant, les deux éleveurs appréciaient le fait de ne plus devoir curer le fumier chaque semaine. « La seule intervention est le malaxage de la litière, qui ne nous prend que dix minutes matin et soir. De plus, cela limite les volumes de fumier à transporter au champ à l’automne. » Les éleveurs décident alors de décaisser le sol pour apporter le miscanthus sur 50 cm et compenser le manque de surface par une plus grande épaisseur de litière. Le décaissage du sol, de la pierre fine tassée, est réalisé à la pelleteuse en deux jours. Les éleveurs décident aussi d’enlever le bardage du bâtiment du côté est, qui ne reçoit jamais de pluie. Et ils cherchent le meilleur moyen de malaxer la litière.

 

 
David Berthelot et Anthony Daubert : « Le miscanthus, assez volumineux, est stocké dans un ancien hangar à paille dont nous avons comblé les parois. »
David Berthelot et Anthony Daubert : « Le miscanthus, assez volumineux, est stocké dans un ancien hangar à paille dont nous avons comblé les parois. » © V. Bargain

« Au début, comme cela se fait souvent, nous avons utilisé la herse rotative. Mais une herse ne malaxe que 15-20 cm, ce qui n’est pas suffisant dans notre cas. Nous utilisons donc aujourd’hui un cultivateur dont les dents remuent la litière sur 50 cm. » Le résultat ne se montrait toutefois pas encore concluant. « La litière restait trop peu absorbante. Nous avons alors décidé d’investir dans des brasseurs d’air. Notre fournisseur a calculé le besoin et a installé trois ventilateurs, pour un coût de 15 000 euros. Et nous sommes aujourd’hui satisfaits du résultat. »

La litière fonctionne désormais correctement

Depuis l’hiver 2021-2022, le Gaec Malibois n’utilise donc plus que de la litière en miscanthus. La litière est curée en octobre, avant la rentrée des animaux, en une matinée. « Nous laissons 15 cm de l’ancienne litière, pour conserver le microbisme. Nous y ajoutons 30 à 40 cm de litière fraîche, soit 25 tonnes pour 520 m². Puis, après un mois et demi, nous en rajoutons 3 tonnes tous les douze jours, ce qui nous prend deux heures. » Le miscanthus est apporté dans une benne, étalé au godet, puis égalisé avec le cultivateur.

 

 
cultivateur
Le cultivateur est plus adapté qu’une herse rotative pour malaxer une litière de 50 cm d’épaisseur. © V. Bargain

Les brasseurs d’air fonctionnent en permanence. « Ils tournent à pleine puissance matin et soir après le malaxage, pendant que les vaches sont à la traite, et assèchent bien la litière. Les vaches se couchent rapidement après la traite. Le reste du temps, ils tournent au ralenti. Le plus problématique est la période de fin décembre-début janvier, quand les jours sont courts et qu’il fait humide. »

Avec ce système, la litière fonctionne désormais correctement. « Nous limitons le nombre de vaches dans le bâtiment à 65 et il n’y a pas plus de problèmes sanitaires qu’avant, indique David. Malgré l’aspect noir de la litière, les vaches restent propres. Les trayons peuvent être un peu plus sales, mais ils se nettoient plus facilement qu’avec la paille. »

D'autres bénéfices collatéraux appréciables

Les brasseurs d’air rafraîchissent aussi le bâtiment en été de 2 °C, ce dont profitent les vaches quand elles viennent aux cornadis après la traite. Et l’ouverture du bâtiment a eu des effets bénéfiques sur l’ambiance. « Quand tout était fermé, il y avait des courants d’air. Les vaches ne se couchaient pas à certains endroits. Aujourd’hui, elles se couchent partout. » Les brasseurs consomment par contre de l’électricité. « Nous ne l’avons pas calculé, mais nous le voyons sur la facture. »

Auter bémol : la suppression de la litière paillée entraîne un volume plus important de lisier, qui n'avait pas été anticipé. « Nous avons dû agrandir la fosse. Pour prendre un peu de marge, nous sommes passés de 600 à 1 500 m³, ce qui nous a coûté 60 000 euros. » Cela étant, les éleveurs sont satisfaits du changement en termes de travail, mais aussi sur le plan économique.

« Le miscanthus se montre intéressant même si nous en consommons plus que prévu du fait du manque de surface de couchage », estiment-ils. À l'échelle du système, l’intérêt se montre plus large. « Nous vendons désormais de la paille ou nous la broyons au champ pour ramener de la matière organique au sol, ce qui ne nécessite ni pressage ni stockage, précise Anthony. Nous n’avons ainsi plus à la transporter jusqu’à la ferme et pouvons semer rapidement un couvert, quand la terre est encore fraîche. » La substitution du miscanthus à la paille de blé contribue également à diversifier l'assolement. « Nous faisons moins de céréales au profit d’autres cultures comme du lupin, du colza et de l’herbe », concluent les associés.

 

Litière en miscanthus au Gaec Malibois

Les plus

Moins de travail

Pas d'achat de paille

Nettoyage des trayons facilité

Les moins

Augmentation de la facture d'électricité

Augmentation du volume de la fosse à lisier

Le Gaec cultive cinq hectares de miscanthus

 

 
culture de miscanthus. plante industrielle. production de matière première agricole non alimentaire.
© L. Debuire

Pour son premier essai, le Gaec Malibois a acheté le miscanthus à Novabiom, à 190 €/t. Par la suite, il l’a acheté localement, à 80 €/t en moyenne, auxquels s’ajoutaient 30 €/t de frais de récolte. « En 2021, nous avons donc décidé d’implanter 5 ha de miscanthus, indiquent les associés. Le coût d’implantation s’élève à 3 500 €/ha, mais la culture dure ensuite 20-25 ans. Les deux premières années, il faut désherber, mais il n’y a plus ensuite aucune intervention ni aucun intrant. »

Les plants et la planteuse ont été fournis par Novabiom. « Il y a eu de la pluie juste après la plantation. L’implantation a été réussie. » En 2022, la culture a été broyée. En 2023, le Gaec a eu sa première récolte, réalisée à l’ensileuse de maïs par entreprise. Le Gaec a récolté 50 tonnes de miscanthus. Et à partir de la cinquième année, le rendement devrait être de 15 t/ha. « Le seul point délicat est qu’il faut que les tiges soient bien sèches. Et avec le changement climatique, il peut arriver que certaines plantes ne finissent par leur cycle et que les tiges restent vertes. »

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