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Aubergine et poivron : des nouveaux ravageurs émergent

De nouveaux ravageurs sont présents sur les cultures d’aubergine et de poivron, tandis que d'autres menacent d'émerger.

En plus des habituels pucerons, acariens, aleurodes, les punaises font désormais partie du panel des ravageurs des cultures d’aubergine mais aussi de poivron. Plusieurs espèces de punaises sont présentes, Nezara viridula et plusieurs espèces de Lygus. Celles-ci font l’objet du travail d’expérimentation dans le cadre du projet Impulse.

A lire aussi : punaises, une problématique à gérer

La punaise diabolique, Halyomorpha halys doit également être ajoutée à cette surveillance accrue. Ce ravageur très polyphage cause de dégâts importants dans de nombreuses cultures, également en arboriculture, et a été récemment observé en Savoie alors qu’il est déjà largement répandu en Italie et en Suisse (A lire aussi : la punaise diabolique commence à frapper). Des ravageurs émergents ou réémergents peuvent faire partie des nouveaux arrivants. C’est le cas de la noctuelle Spodoptera litorralis déjà signalée en 2015. Sa présence récente pourrait être à rattacher à l’effet du réchauffement climatique. Elle s’est surtout implantée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse, mais également dans les départements du nord de la France. Les chenilles sont très polyphages et le cycle de vie de cinq semaines, de l’œuf à l’adulte à 25 °C, peut conduire à l’enchaînement de sept générations par an sous abri. Spodotera frugiperda, une autre espèce de noctuelles est également à nos portes. L’insecte, originaire de zones tropicale et subtropicale, migre régulièrement vers des régions plus fraîches en été. Sa température optimale de développement larvaire optimale de 28°C réduit son cycle à deux générations par an. Il est important de reconnaître les adultes et les chenilles, notamment au jeune stade larvaire lorsque les interventions peuvent être efficaces.

Nouveau ravageur sur aubergine

L’altise Epitrix hirtipennis est un nouveau ravageur sur aubergine observée depuis 2016 dans le Sud-est de la France. Appelée aussi l’altise du tabac, c’est un coléoptère de la famille des Chrysomelidae, originaire d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale. Les adultes de coloration sombre et d’aspect brillant et métallique, mesurent environ 2 mm de longueur sont polyphages de cultures de la famille des Solanaceae (tabac, pomme de terre, tomate, aubergine, datura, etc). Les dégâts sont dus surtout aux adultes qui se nourrissent sur les feuilles en creusant de petits trous. Les larves se nourrissent sur les racines et leurs dégâts sont surtout sensibles au stade plantule. Sur l’aubergine, elle provoque des perforations sur les feuilles, les fleurs et peut entraîner des dégâts sur fruits. Les feuilles plus ou moins criblées peuvent même prendre l’apparence d’une dentelle pouvant se dessécher. Les pétales des fleurs sont également broutés. Des essais sont en cours par l’Aprel pour mettre au point une méthode de protection notamment à partir de piégeage massif avec panneaux englués. Bien connu, le doryphore, Leptinotarsa decemlineata, est un ancien ravageur en recrudescence à la faveur de la diminution des moyens de protection disponibles. En revanche, un diptère est à nos portes. Bactrocera dorsalis est une mouche très polyphage qui peut affecter plus de 400 espèces dont l’aubergine et le poivron. Elle est de plus dotée d’un gros potentiel de développement avec une durée de cycle de 25 jours et 700 œufs par femelle. Les nématodes de type Meloidogyne restent toujours bien présents dans les sols des exploitations maraîchères notamment dans le sud de la France où M. arenaria et M. incognita sont les plus couramment rencontrés. M. hapla est de plus présent. Il existe également un risque d’émergence de nouveaux nématodes tels que M.enterolobii ou M. ethiopica, tous les deux polyphages. Leur maîtrise est difficile en raison de la forte baisse des moyens de protection chimique. Ce qui nécessite de raisonner sur le long terme en associant prophylaxie et actions directes sur les populations (rotations, plantes pièges, solarisation…).

D'après la présentation de Jonathan Gaudin, Inrae - François Villeneuve, CTIFL lors de la journée technique Aubergine-Poivron-Courgette (nov. 2019).

Les nématodes en recrudescence

M. arenaria et M. incognita sont des nématodes de type Meloidogyne sont bien présents dans les sols des exploitations maraîchères notamment dans le sud de la France. Il est important d’identifier l’espèce de Meloidogyne responsable des galles racinaires. Cette information peut être utile pour adapter les techniques de protection à la biologie particulière de chaque espèce mais aussi identifier des espèces comme M. chitwoodi et M. fallax classées en organismes de quarantaine et soumis à la lutte obligatoire. L’analyse se fait par observation microscopique des femelles. Le gène Mi ne protège que pour certaines espèces : M. incognita, M. javanica et M. arenaria, mais pas pour M. hapla moins souvent rencontré du fait de ses exigences thermiques mais de plus en plus présent. Pour être efficaces, les interventions contre les nématodes doivent être positionnées selon leur mode d’action et en fonction du stade du pathogène. Les nématodes du genre Meloidogyne sont présents dans le sol sous forme d’œuf (forme de conservation) et de jeune larve (forme mobile). La solarisation, la biofumigation et les applications de produits de biocontrôle seront surtout efficaces sur les jeunes larves. Les larves pénètrent ensuite dans les racines des plantes sensibles et sont donc moins facilement atteintes. Il faudra alors développer des techniques de plantes pièges ou utiliser des variétés résistantes pour freiner les nématodes. De nombreux projets associant des organismes de recherche (INRA de Sophia Antipolis, d’Avignon et d’Alenya, IRD), des stations d’expérimentations (Aprel, Grab, CTIFL, Invenio) et des producteurs maraîchers ont permis de travailler sur les méthodes alternatives aux désinfections de sol contre les nématodes à galles. Cette fiche reprend des résultats issus des projets Prabiotel, Gedubat, Gedunem et Gonem. Pour plus d’informations : Hors-série Infos CTIFL « Les nématodes à galles Meloidogyne Spp. »

Source : Gestion des Nématodes à galles en maraîchage sous abri Aprel-Grab

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