Chlorure de lithium sur varroa : état des lieux des connaissances
Parmi la multitude d’articles scientifiques publiés sur l’abeille domestique, certains ont un écho particulier. Ce fut le cas en 2018, lorsque des chercheurs allemands révélaient la toxicité du chlorure de lithium sur varroa. Depuis, le front de connaissances sur les effets de cette substance s’est enrichi, mais pas toujours aux bénéfices des abeilles.
Le caractère toxique de cette molécule sur le parasite était alors démontré grâce à… une erreur de manipulation. Dans un test de l’effet des ARN interférents a été incluse une modalité « ARN témoin » censée être inoffensive mais provoquant la mortalité inattendue des acariens. Cherchant le responsable de ce résultat, les chercheurs ont identifié un réactif commun aux deux manipulations : le chlorure de lithium. Restait à confirmer avec une expérimentation conduite en bonne et due forme. Depuis huit autres articles ont enrichi les connaissances sur le mariage chlorure de lithium-varroa-abeille.
Portrait de la substance
Plusieurs sels de lithium comportant un (chlorure, lactate, acétate), deux (sulfate, carbonate) ou trois ions lithium (citrate) ont une activité acaricide connue. L’intérêt des chercheurs se porte maintenant sur d’autres sels de lithium : citrate, formate et lactate. Quant à savoir comment ces sels agissent sur varroa ? Par voie orale probablement, associée dans une moindre mesure d’un effet contact, nous arrivons ici en limite des connaissances actuelles.
Les chercheurs allemands ont nourri de petits groupes d’abeilles parasitées maintenues en étuve avec du sirop contenant le chlorure de lithium. En laissant les abeilles se nourrir à volonté pendant un jour, ils ont observé 100 % de mortalité des varroas phorétiques dès 48 heures. Cette toxicité chute à moins de 90 % quand ce sirop est administré pendant trois jours à des paquets d’abeilles, sans couvain, même si la concentration du chlorure de lithium dans le sirop est doublée.
Loin d’être inoffensif sur les abeilles et leur couvain
Diminution de la durée de vie des ouvrières en laboratoire, mortalité devant les ruches, contamination du pain d’abeilles…, les effets indésirables sur l’abeille commencent à être bien documentés, les plus saillants étant ceux concernant la toxicité chez les larves. Quant à la qualité des produits de la ruche, si la cire est épargnée, il n’en est pas de même du miel qui peut contenir plusieurs dizaines de milligrammes par kilo de la substance après une administration expérimentale.
Pas d’effet du chlorure de lithium sur varroa dans l’expérimentation de l’Itsap
L’Itsap a mobilisé son rucher expérimental et a utilisé, sur des colonies, la même concentration de chlorure de lithium dans le sirop que celle employée par les chercheurs allemands. Quelle que soit la modalité de distribution du sirop, les chutes moyennes de varroas ont été équivalentes à celles enregistrées avant l’administration et à celles des colonies témoins. Les importantes chutes de varroas mesurées après application des acaricides de contrôle ont confirmé la faible toxicité du chlorure de lithium sur les acariens.
À savoir
Il est strictement interdit d’utiliser ce type de substance pour traiter les ruches contre varroa car outre le fait qu’aucun médicament en contenant n’est autorisé, son efficacité en conditions réelles est toute relative et le risque d’impact négatif sur la santé des colonies et les produits de la ruche est documenté.