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Piégeage des fondatrices du frelon au printemps, quelles sont les attractivité et sélectivité des pièges ?

Le piégeage de printemps des reines de Vespa velutina est intégré dans la stratégie de lutte nationale, mais il existe une multitude de dispositifs de piégeage sur le marché.

De nombreuses personnes affirment détenir la recette miracle. Pourtant, les données sur l’efficacité des pièges sont rares. L'Itsap-Institut de l'abeille a évalué huit pièges entre 2022 et 2024 avec des relevés de captures effectués une fois par semaine de mars à fin mai. Deux d'entre eux se sont révélés performants contre le prédateur. En revanche, le niveau de sélectivité de l’ensemble des pièges reste très limité à ce jour.

Au printemps, les reines émergent de leur hivernation et entament l’initiation des nids ; une phase critique durant laquelle chaque femelle fécondée peut fonder une nouvelle colonie. Le piégeage des reines fondatrices vise donc à réduire l’abondance des nids dans l’environnement. Connaître l’attractivité et la sélectivité des pièges et des appâts disponibles est donc essentiel, car toutes deux conditionnent l’efficacité et l’impact environnemental des actions collectives de piégeage, telles que celles portées par Fredon France et GDS France dans le cadre du plan national.

Attractivité des pièges

L’attractivité peut être caractérisée par deux indicateurs : le nombre moyen de fondatrices capturées par piège et par semaine et la probabilité de capture (pourcentage de pièges contenant des fondatrices de Vespa velutina).

Au printemps, l’utilisation d’appâts artisanaux (bière sucrée, jus de cirier) ou de l’appât commercial Beevital augmente la probabilité de capture avec un peu plus d’un tiers des relevés de pièges (entre 31 et 44 %) contenant des fondatrices. À l’inverse, l’appât commercial Vespacatch présente une probabilité de capture de moins de 1 % des relevés de pièges contenant des fondatrices.

Les pièges Beevital et japonais capturent plus fréquemment des fondatrices (plus de 80 % des relevés contenaient des fondatrices) comparativement aux pièges à noyade (bouteille, Vespacatch et Ornetin) et aux pièges nasses (Jabeprode et Robida) (Fig. 1). Ce sont aussi les pièges qui capturent le plus de fondatrices (4,7 et 4,5 fondatrices par piège et par semaine respectivement). Ces chiffres sont conformes aux références scientifiques existantes qui révèlent un nombre de captures de fondatrices peu élevé dans les pièges au printemps (entre 1 et 6 fondatrices par piège par semaine). La présence de réducteurs d’entrée réduit l’attractivité du piège Beevital.

Sélectivité des pièges

La sélectivité se définit comme le pourcentage de fondatrices de Vespa velutina capturées par rapport au total des insectes capturés (toutes espèces confondues). Les appâts artisanaux ou Beevital sont attractifs pour les fondatrices au printemps, mais ils le sont aussi pour les insectes en général.

Le piège Beevital sans réducteurs d’entrée possède le meilleur niveau de sélectivité (25,4 %) comparativement aux autres pièges (__SWYP_INC__2,5 %). C’est aussi le piège qui capture globalement le moins d’insectes (environ 3 000 insectes entre mars et mai). La présence des réducteurs d’entrée réduit de moitié la sélectivité du piège Beevital (Fig. 2).

Bien que performant en matière d’attractivité, le piège japonais présente un très faible niveau de sélectivité. Cependant, celle-ci pourrait être facilement améliorée en réduisant la taille de trous d’entrée (actuellement trop large laissant entrer les papillons et les bourdons) et en plaçant un système de buvard (identique à celui du piège Beevital) pour isoler l’appât et éviter la noyade des petits insectes.

Côté biblio

Colloque 2022 Inventaire des moyens de lutte organisé par l’Itsap et le MNHN

Synthèse bibliographique et résultats d’expérimentations des réseaux sanitaires et de développement apicole sur l’attractivité et la sélectivité des pièges et des appâts utilisés pour le piégeage de fondatrices du frelon à pattes jaunes (Vespa velutina) au printemps (2023), disponible sur interapi.fr

Fiche de synthèse : Piégeage des fondatrices au printemps : attractivité et sélectivité de dispositifs de piégeage – dynamique de capture (2023) - interapi.fr

Le piégeage de printemps pour réduire l’abondance des nids ?

Le déploiement de pièges dense et répété sur une distance spatiale allant jusqu’à 200 mètres, durant plusieurs printemps successifs, diminue l’abondance des nids du frelon à pattes jaunes.

Cet effet est observé dans les zones où le paysage est favorable à l’implantation du prédateur (milieu urbain, péri-urbain principalement).

Ces résultats originaux ont été obtenus grâce à une vaste étude de science citoyenne menée de 2016 à 2019 et sur trois départements (Pyrénées-Atlantiques, Morbihan et Vendée). L’Itsap-Institut de l’abeille, appuyé scientifiquement par le MNHN (UMS PatriNat), et ses trois partenaires (ADA Nouvelle-Aquitaine, FDGDON Morbihan et Polleniz Pays de la Loire) ont ainsi recueilli des données sur la localisation des nids, les pièges et le nombre de fondatrices du frelon capturées. Ces données ont été utilisées par l'Inrae pour construire un modèle de distribution spatio-temporel afin de caractériser la favorabilité de l’habitat (Fig. 1), corriger les biais d’observations (résultant d’inventaire de nids incomplets), et étudier l’effet de la présence et du nombre de pièges et de fondatrices capturées sur l’abondance des nids.

Cette étude indique que le piégeage de printemps peut entraîner une diminution de l’abondance de nids, mais principalement à un niveau localisé et lorsque l’effort est maintenu plusieurs années. Elle valide scientifiquement l’efficacité du piégeage des fondatrices sur la densité des nids et souligne que le piégeage de printemps pourrait constituer un élément central, ce qui remet à jour nos stratégies pour réduire l’impact du frelon sur l’apiculture. Toutefois, viser un effet de cette méthode sur un large territoire demande un tel effort de piégeage dans le temps et dans l’espace (sans parler du risque qu’il ne soit pas assez sélectif) qu’il est recommandé de l’associer avec d'autres moyens de lutte.

Rédaction Réussir

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