Ambiance des poulaillers : un filtre laser qui modère les concentrations en gaz et en poussières
Un essai de l’Itavi et l’Anses montre qu’un procédé innovant de filtre laser réduit de façon modérée les gaz et les poussières sur des poulets de chair élevés en conditions semi-commerciales.
Un essai de l’Itavi et l’Anses montre qu’un procédé innovant de filtre laser réduit de façon modérée les gaz et les poussières sur des poulets de chair élevés en conditions semi-commerciales.
Selon le fournisseur Aleph Insight, « Aleph atomise les particules et les structures moléculaires » et permet un « assainissement de l’air ambiant des poulaillers ». C’est ce qu’ont voulu vérifier l’Itavi et l’Anses dans le poulailler expérimental de Ploufragan (Côte-d’Armor), en évaluant l’impact de ce filtre sur la qualité de l’air ambiant (dioxyde de carbone CO2, ammoniac NH3, empoussièrement) ainsi que sur le bien-être et les performances de poulets. Cet essai a été financé par le Laboratoire d’innovation territorial Ouest Territoires d’élevage.
À noter que dans cet essai, les concentrations mesurées n’ont pas excédé 10 ppm pour l’ammoniac et 2 500 ppm pour le gaz carbonique.
Abattements en NH3 et CO2 ambiants
Toutes salles confondues, cinq des six jours de comparaison entre la salle témoin et les salles d’essai avec Aleph ont mis en évidence des abattements des concentrations moyennes en NH3. L’abattement le plus
Les concentrations en CO2 étaient réduites dans les salles Aleph (-143 ppm à 600 m3/h et -270 ppm et 1 200 m3/h, soit 7,5 et 14,2 % de moins que le témoin). En revanche, la baisse de concentration était moins marquée que celle observée en NH3 à 1200 m3/h : -14,2 % pour le CO2 contre -46 % pour le NH3 (- 2,7 ppm pour ce dernier).
Des résultats plus contrastés sur les poussières
C’est en fin de lot, quand les rejets sont les plus importants, que l’abattement de l’Aleph a été le plus marqué sur les concentrations de particules. Les particules grossières (PM10) ont diminué de 15 à 25 % et les fines (PM2., 5) de 30 à 40 %. Plus le débit de l’Aleph est important, plus le taux d’abattement est élevé.
À mi-lot (18 et 19 j), un faible abattement a été observé sur les PM2,5 (-10 à -2 %) alors qu’une augmentation des concentrations a été constatée pour les PM10 (+15 à +20 %). Plus le débit de l’Aleph était élevé, moins les performances d’abattement étaient bonnes.
Ces résultats singuliers peuvent s’expliquer par l’Aleph qui modifie les charges électromagnétiques des particules fines. Au lieu de se repousser, ces dernières s’agrègent pour former des particules plus grossières. Des questions demeurent puisque cette hypothèse n’a pas été observée en fin de lot.
Ces mécanismes restent à préciser pour trouver les meilleures conditions d’utilisation de cet équipement. Des solutions peuvent être trouvées pour prévenir cet effet néfaste. Par exemple, l’appareil pourrait être couplé à un dispositif d’aspiration cyclonique. Cette combinaison permettrait à la fois d’abattre les fractions fines et grossières et de permettre un gain pour la santé des éleveurs et le bien-être des animaux.
Un travail d’évaluation à poursuivre
Cette étude devra être poursuivie par des essais en élevage commercial sur plusieurs lots consécutifs, pour confirmer les résultats d’abattement des gaz et poussières obtenus. Ces travaux dans des volumes de salle plus importants permettront de fixer des préconisations (nombre d’appareils et débit de fonctionnement), de trouver une cohérence entre les circuits d’air et leur positionnement et enfin de coupler des technologies de traitement des particules. Ce n’est qu’à ces conditions qu’un premier retour technico-économique sur le fonctionnement des dispositifs Aleph sera possible.
Pauline Créach et Vincent Blazy (Itavi) ; Jean-Philippe Moysan et Alassane Keïta (Anses)
Quel dispositif expérimental
L’évaluation du dispositif Aleph a été réalisée pendant six journées : en début de lot (à 11 et 12 jours d’âge), à mi-lot (18 et 19 j) et en fin de lot (27 et 28 j).