Yssingeaux : Le courant d’affaires repart entre Super U Yssingeaux et les producteurs locaux
Après plusieurs semaines d’absence dans les rayons du magasin Super U, les produits agricoles issus des fermes du secteur retrouvent leur place dans ce supermarché.
Après le coup de colère en juillet dernier, la raison l’a emporté à Yssingeaux. La tension entre le Super U d’Yssingeaux et les agriculteurs est officiellement terminée. Le 2 septembre dernier, le responsable du supermarché, Stéphane Pouyet, qui avait stoppé toute vente de produits locaux issus des fermes altiligériennes depuis le 23 juillet suite à une manifestation musclée conduite par les agriculteurs sur le parking de son magasin, a réouvert ses rayons aux produits agricoles de notre département.
Pour célébrer le retour en rayon des produits locaux tant attendus et appréciés par la clientèle et renforcer un partenariat en place depuis plus de 20 ans, le patron du magasin a invité dans ses locaux, les producteurs, l’association porc de Haute-Loire, les abatteurs (Le Puy-Polignac et Yssingeaux), les entreprises Paillet, Vigouroux et Vey, la chambre d’agriculture ainsi que la municiplité d’Yssingeaux.
Renforcer un partenariat
«Notre partenariat doit être renforcé pour nous assurer un rapport de fidélité et de respect entre nous distributeurs, et vous producteurs, et de se protéger des attitudes extrêmes» a indiqué Stéphane Pouyet bien décidé à tout remettre à plat avec les producteurs pour que ce genre d’épisode houleux ne se reproduise plus. «Nous avons besoin les uns des autres et nous devons travailler ensemble dans un respect commun» a-t-il ajouté.
Stéphane Pouyet, qui a avoué avoir coupé toute relation commerciale avec les agriculteurs sur le coup de la colère, était heureux de réouvrir les portes de son supermarché aux produits locaux.
Maurice Imbert, président de l’association porc de Haute-loire à laquelle ce super U adhère, s’est exprimé sur les actions syndicales conduites en juillet dernier et en particulier celle du 23 juillet : «Le mot d'ordre national était contre la grande distribution en général. La situation que vivent les agriculteurs est extrêmement difficile, ils sont au bout du rouleau et en colère, d’autant plus que la crise dure depuis longtemps et qu'ils ne voient pas de perspectives d'amélioration rapide. Dans un tel contexte, les actions peuvent facilement déraper».
Se faire entendre sans casser
Claire Souveton, agricultrice et membre du bureau FDSEA, a indiqué que le mot d’ordre lancé par son syndicat agricole n’était pas de casser mais de se faire entendre.
Même si Michel Ramousse, président de la société Vigouroux, ne cautionne pas les actes de violences du 23 juillet dernier, il comprend le désarroi des agriculteurs. «Certains d’entre eux sont dans le rouge. Il s’agit de comportements désespérés mais ils n’ont peut-être pas tapé à la bonne porte!» remarque-t-il. «Et si rien n’est fait aujourd’hui, demain vous n’aurez plus de produits locaux» ajoute-t-il.
Maurice Imbert a souligné que les actions conduites envers les GMS ont par ailleurs permis une prise de conscience sur la nécessité d’augmenter le prix des produits agricoles.
Le responsable du magasin s’est montré compréhensif à l’égard de la situation dans laquelle se trouvent les agriculteurs toutefois, il y a pour lui «des limites dans la façon de s’exprimer».
Pour le directeur de l’abattoir communautaire du Puy, Jacques Breysse, il s’agit à présent de repartir sur de bonnes bases et ce dans l’intérêt de tous.
André Perrier conseiller municipal délégué promotion des savoir-faire et innovation à Yssingeaux, est intervenu sur le rôle fondamental de l’agriculture sur le territoire : «La Haute-Loire est l’un des rares départements à fournir un créneau aussi important en terme de productions agricoles, on a donc tout intérêt à ce que cette activité fonctionne. En plus, la population locale demande ces produits locaux. Le monde agricole est aussi un vecteur important pour le tourisme car les agriculteurs sont les seuls à entretenir les paysages».
Véronique Gruber