Les élus agricoles d'Auvergne-Rhône-Alpes plaident pour une PAC de production
Réunis en session, lundi 26 mai, à Feurs dans la Loire, les élus de la Chambre régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes ont rappelé leur attachement à une politique agricole commune (PAC) dotée d'un budget solide, qui place l'économie et la production au cœur des enjeux.
Réunis en session, lundi 26 mai, à Feurs dans la Loire, les élus de la Chambre régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes ont rappelé leur attachement à une politique agricole commune (PAC) dotée d'un budget solide, qui place l'économie et la production au cœur des enjeux.

Un temps de débat pour donner le ton de l'ambition agricole
S'atteler avec détermination à construire l'avenir de l'agriculture de notre belle région Auvergne-Rhône-Alpes dont la diversité est une force. Retrouver de la valeur dans nos productions en relevant le défi du revenu grâce au travail engagé sur Ega notamment qui commence à porter ses fruits.
C'est en ces termes que Michel Joux, président de la Chambre régionale d'agriculture d'Auvergne-Rhône-Alpes a ouvert la session de la chambre régionale, lundi 26 mai, à Feurs, dans la Loire. Première session de la nouvelle mandature après celle d'installation des nouveaux élus en mars dernier, ce temps de débat a donc été l'occasion de donner le ton de l'ambition agricole tout en précisant la méthode : « La chambre régionale doit être le catalyseur d'initiatives sur l'installation en agriculture, sur la coordination d'expertise et d'anticipation… Alors que le changement climatique bouscule nos modèles, nous devons être au cœur d'un laboratoire d'innovation climatique. Les agriculteurs sont les premiers gestionnaires de l'eau, des paysages et de la biodiversité. Il nous faut avancer ensemble en écoutant nos différences. Je veux une gouvernance ouverte où chacune et chacun comptent.
L'agriculture ne se construit pas dans les bureaux mais bien dans les chambres d'agriculture, les caves, les étables, les vergers, les ateliers de transformation… dans les champs, semons ensemble les graines du renouveau ».
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Quel budget pour la PAC post 2027 ?
Parmi les dossiers où l'anticipation et la connaissance aiguë des tenants et aboutissants est essentielle, figure la Politique agricole commune, et là aussi, la Chambre régionale souhaite être proactive. Alors que le Commissaire européen à l'Agriculture devrait détailler la liste des propositions pour la PAC post 2027, le 16 juillet prochain, en Auvergne-Rhône-Alpes en lien avec les organisations de massifs (Sidam, Suaci…), mais aussi avec le Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes et Chambre d'agriculture de France, les positions s'affinent. D'abord, en faveur d'un budget de la PAC à hauteur de l'enjeu de souveraineté alimentaire.
« Nous savons que le contexte budgétaire sera à nouveau particulier, avec des velléités de muscler le budget de défense de l'Union européenne, tandis que le remboursement de la dette Covid va peser aussi. Ce que nous disons aujourd'hui c'est que cela ne doit pas se faire au détriment de la PAC, qui demeure le premier budget de l'Union. La première des armes, elle est alimentaire », a expliqué David Chauve, président de la Chambre départementale d'agriculture du Puy-de-Dôme et de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
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L'Ukraine, un géant agricole qui veut rallier l'Union européenne
La guerre en Ukraine, et l'envie de ce pays de rejoindre les Etats membres de l'Union européenne, pourrait aussi changer la donne.
« La surface de la plus grosse exploitation ukrainienne est équivalente à la SAU du Puy-de-Dôme. Cela interroge sur la compétitivité. L'éventuelle entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne ne doit pas se faire pas au détriment de l'agriculture française », a indiqué Yannick Fialip, président de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire.
Une politique agricole commune ciblée sur la production
Si l'esprit de la réforme post 2027 a été dévoilé en février dernier, de nombreuses incertitudes demeurent… Sur le budget donc, sur la survie du second pilier de la PAC, sur l'assurantiel, sur l'agriculture biologique… Selon Jean-Luc Perrin, vice-président de la Chambre d'agriculture de la Loire et secrétaire général de la FRSEA Aura, il est impératif que « la PAC demeure une politique économique et de production et pas une PAC de rente car dans nos régions, cela fait beaucoup de dégâts. »
Quelle feuille de route pour la PAC post 2027 ?
De grands principes avaient été actés, il y a quelques mois par la commission agricole de l'Union européenne, « dont certains vont dans le bon sens », a estimé Michel Joux. En effet, difficile de trouver des opposants au préambule de la réforme :
- « Une agriculture et une production alimentaire prospères, compétitives, résilientes et équitables et qui attirent les générations futures ».
- La volonté de simplification de l'architecture verte et de la conditionnalité des aides de la PAC,
- Une politique incitative plutôt que punitive avec toujours plus de contraintes,
- La déclinaison d'une loi Ega européenne pour un meilleur partage de la valeur,
- Le fléchage des aides de la PAC vers ceux qui en ont le plus besoin,
- Une meilleure gestion des risques…
Les intentions sont là, mais, pour les élus « c'est leur déclinaison dans des mesures concrètes qui importe », a résumé Pascal Girin, président de la Chambre d'agriculture du Rhône. En attendant, la remise de la copie du commissaire européen à l'Agriculture, les organisations professionnelles entendent bien poursuivre leur lobbying à Paris comme à Bruxelles.
Combien pèsent les aides de la Politique agricole commune en Auvergne-Rhône-Alpes ?
En 2023, 35 500 exploitations d'Auvergne-Rhône-Alpes ont bénéficié des aides de la Pac :
- 746 millions d’euros d’aides du 1er pilier de la PAC (11 % du total national, 3e rang régional)
- 365 millions d'euros d'aides totales du 2e pilier de la PAC (20 % du total national, dont 315 millions d'euros consacrés à l'Indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) (1er rang des régions).
Pour aller plus loin : Découvrez le panorama de l'agriculture d'Auvergne-Rhône-Alpes
Proposition de loi Contraintes, reliquat aides bio, sanitaire : Trois motions ont été adoptées par les élus lors de la session de la Chambre régionale d'agriculture d'Auvergne-Rhône-Alpes
Présenté par Jordan Magnet, agriculteur dans la Drôme, au titre de la FRSEA et des JA Auvergne-Rhône-Alpes, la motion relative à la réaffectation des crédits de la PAC non consommés sur la conversion à l'agriculture biologique (250 millions d'euros non utilisés sur deux ans) a été adoptée à l'unanimité. Concrètement, les élus demandent à l'association des Régions de France « d'affecter les reliquats de crédits du 2d Pilier de la PAC dont elle dispose en priorité vers les régions où la dynamique investissement est la plus forte et qui disposent des crédits de cofinancement nécessaires ». La région Auvergne-Rhône-Alpes est dans ce cas-là avec des projets d'investissements nombreux et une dynamique AB porteuse malgré la crise historique du marché. Sur la proposition de loi Entraves, en débat le jour même à l'Assemblée nationale, les élus ont adopté à l'unanimité la motion présentée par la FRSEA et JA Auvergne-Rhône-Alpes en faveur d'une adoption de ce texte dans son intégralité parce qu'« elle répond aux revendications de simplification portées depuis de longue date par les agriculteurs ». Enfin, les élus ont adopté une motion sur le volet sanitaire visant à mettre en place et financer une politique de souveraineté sanitaire française dans un contexte de recrudescence des épizooties. Recherche et productions de vaccins, approvisionnement suffisant et rapide en vaccins et financement de la vaccination notamment pour les maladies émergentes sont ici visés. Lors d'une prochaine session, d'autres sujets devraient faire l'objet de motions, portant notamment sur la ligne à grande vitesse Lyon-Turin dont l'emprise foncière est estimée à 1 500 ha de terres agricoles, et sur la production photovoltaïque et agrivoltaïque.