Une réserve agricole pas encore débloquée mais déjà dépassée
Alors que le second paquet de cent millions d’euros issu de la réserve agricole destiné aux pays d’Europe de l’Est reste bloqué, plusieurs organisations agricoles de ces pays ont manifesté devant la Commission européenne pour demander plus d’aides, le rétablissement des droits de douane et l’élargissement de la clause de sauvegarde exceptionnelle. Elles demandent aussi d’améliorer les Voies de solidarité pour assurer le transit des céréales et oléagineux ukrainiens. Un point partagé par les eurodéputés de la commission de l’Agriculture.

Annoncé comme une contrepartie de la levée des mesures unilatérales prises par les États membres limitrophes de l’Ukraine envers les importations de grains de ce pays, le second paquet de cent millions d’euros issu de la réserve agricole destiné à la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie est toujours bloqué. Le Conseil devait initialement procéder au vote le 12 mai. Lors de la réunion des experts nationaux du comité spécial Agriculture, la Commission européenne a rappelé le 22 mai que tant que la Hongrie ne lèverait pas ses mesures unilatérales le deuxième paquet de soutien ne pourrait pas être mis en œuvre. Aucune date n’est donc actuellement prévue pour un vote. Douze États membres (dont la France, l’Allemagne ou encore l’Espagne) continuent de bloquer. Ils avaient déjà protesté contre les mesures unilatérales prises par les pays limitrophes de l’Ukraine et la façon dont la Commission européenne les avait légitimées. Le sujet était à l’ordre du jour du conseil agriculture du 30 mai.
Une aide insuffisante
Mais ce paquet restera de toute façon insuffisant pour les organisations agricoles des cinq États membres d’Europe de l’est voisins de l’Ukraine (Pologne, Hongrie, Roumanie, Slovaquie et République tchèque) qui ont manifesté le 23 mai, avec le soutien du Copa-Cogeca, devant la Commission européenne pour demander plus d’aides et le rétablissement de droits de douane et de quotas sur les importations de produits agricoles en provenance d’Ukraine. Cela permettrait à chaque État membre de recevoir et utiliser un contingent de produits agricoles en provenance d’Ukraine, directement proportionnel à la taille du pays et de sa population. À défaut, elles demandent que la clause de sauvegarde exceptionnelle autorisant uniquement le transit de céréales et d’oléagineux sur le territoire soit reconduite jusqu’au 14 juin 2024 au moins, afin que la capacité de stockage restante dans leur pays soit utilisée pour les céréales de l’UE après la nouvelle récolte. Pour l’instant, cette mesure expire le 5 juin, date à laquelle la Commission a proposé de renouveler pour un an la suspension des droits de douane sur toutes les importations ukrainiennes. Le Conseil de l’UE l’a d’ailleurs approuvé officiellement le 25 mai.