Une prairie multi-espèces dans une céréale d’hiver
Sur le versant nord du mont Lozère, à 1250 mètres d’altitude, les agriculteurs développent des itinéraires techniques et implantent des légumineuses pour améliorer l’autonomie fourragère. Ce printemps, les résultats ont confirmé l’intérêt des semis sous couvert qui limitent le travail du sol.
Au cours de discussions avec le parc national des Cévennes, les agriculteurs du hameau des Sagnes, sur la commune de Saint-Julien-du-Tournel, ont fait état de leur souhait d’atteindre une meilleure autonomie fourragère. Situés sur le versant nord du mont Lozère, à 1 250 m d’altitude et sur des sols granitiques, acides et séchants, l’enjeu pour eux était de réussir à implanter des légumineuses afin de disposer de fourrages de bonne valeur azotée. Le parc national des Cévennes et la chambre d’agriculture de Lozère les ont accompagnés dans le choix d’itinéraires techniques visant ce double objectif. Les deux structures et les agriculteurs ont suivi plusieurs parcelles expérimentales.
Dans une céréale implantée à l’automne 2018, deux agriculteurs ont réalisé un désherbage mécanique à la herse étrille, suivi au printemps 2019 d’un semis de différents types de prairies (mélanges suisses, mélanges légumineuses-graminées). Les récoltes sont réalisées fin juin, début juillet, soit en enrubannage, soit en foin, puis les parcelles sont généralement pâturées par les vaches à l’automne.
L’un des principaux avantages de cet itinéraire technique est d’enchaîner les cultures sans avoir à travailler le sol pour l’implantation de la prairie. La couverture du sol, la première année avec la céréale déjà implantée, limite le développement des adventices. Elle protège les plantules de légumineuses des gelées de printemps. Au printemps 2021, les différents mélanges donnent des résultats intéressants.
Les semis sous couvert permettent d’adapter les techniques culturales au changement climatique en limitant le travail du sol, et en profitant de la céréale qui protège les graines semées.
Sur certaines parcelles, le brôme, le ray-grass, le trèfle violet, le trèfle blanc et le dactyle se sont bien développés. Les légumineuses sont bien implantées et pourront apporter de l’azote dans le sol grâce à la fixation symbiotique. Sur d’autres parcelles, l’implantation des graminées cibles et des légumineuses est moins bonne. Certaines « adventices » ont fait leur apparition comme la véronique, le brôme mou et la capselle bourse à pasteur qui renseignent notamment des problèmes d’asphyxie dans le sol.
Des analyses intéressantes
Sur l’ensemble des parcelles suivies, l’analyse de la végétation met en évidence une certaine asphyxie (manque de structure) des sols qui peut limiter leur vie microbienne. Ce critère peut être lié aux travaux du sol mais aussi aux pâturages répétés tout au long de l’année, notamment lorsque les sols sont mouillés.
Globalement, il est intéressant d’éviter les pâturages répétés sur ces parcelles et de les destiner préférentiellement pour la fauche, notamment lorsque l’exploitation possède des parcours valorisables par le pâturage. Un regain non fauché et faiblement pâturé n’est pas perdu, il permet à la prairie de créer des réserves qui favoriseront une meilleure productivité au printemps suivant.
Les prairies multi-espèces composées de légumineuses et de graminées permettent de produire un fourrage de bonne qualité. Les graminées vont plutôt avoir tendance à enrichir le fourrage en énergie alors que les légumineuses vont apporter des protéines. La diversité floristique apporte d’autres éléments utiles pour les animaux d’élevage comme des minéraux, et des molécules aux propriétés médicinales. Elle est également favorable aux abeilles et à la faune sauvage (pollens, nectars). Il est important, pour ces exploitations, de récolter un fourrage de qualité afin d’avoir des animaux en bonne santé et des productions de qualité en lait ou viande.
Une vidéo sera publiée, sur le suivi de ces parcelles, sur la chaîne YouTube de la chambre d’agriculture de Lozère.
En pratique
Pour plus d’informations, contactez Pierre Gueniot au parc national des Cévennes (04 66 49 53 00) ou Gabin Sézille à la chambre d’agriculture de Lozère (04 66 65 62 00).