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Un mur en grès rebâti à Banassac

Vendredi 24 et samedi 25 janvier, le PNR Aubrac a organisé un chantier-école de la pierre sèche, à Banassac, pour restaurer un mur en mauvais état.

Un groupe de personne travaille sur un mur en pierre sèche
Le chantier de restauration du mur en pierre sèche bat son plein
© Marion Ghibaudo

Très présents sur le territoire du parc, les murs en pierre sèche sont des marqueurs forts et emblématiques des paysages de l’Aubrac. Dans la charte du parc, les élus ont clairement inscrit leur préservation et leur mise en valeur comme étant essentielles. Les raisons sont multiples : patrimoniale et paysagère évidemment, mais aussi pour préserver les savoir-faire et développer la filière économique de la pierre locale, voire le développement de productions agricoles.
Depuis plusieurs siècles, les drailles et les estives de l’Aubrac sont délimitées par ce type de murs fabriqués très sommairement avec les pierres présentes au milieu des prairies. Sous leur apparente simplicité, se cachent de vrais savoir-faire et de multiples fonctions que le parc de l’Aubrac a pour mission de préserver et de mettre en valeur. Ces murs dits « paysans » rassemblent de multiples qualités et fonctions. La ressource et la main-d’œuvre sont locales, le matériau est naturel. Les ouvrages sont drainants et participent à lutter contre l’érosion. Ils constituent enfin des abris pour la biodiversité animale et végétale.
Dans les secteurs en pente, ailleurs sur le territoire du parc, ces ouvrages en pierre sèche deviennent aussi des murs de soutènement pour des terrasses qui peuvent accueillir des activités agricoles : élevage, arboriculture, viticulture, maraîchage, châtaigneraies… Les murs en pierre sèche contribuent ainsi à l’attractivité du territoire.

« Un chantier d’initiation »

Après des chantiers similaires à Saint-Chély-d’Aubrac, Nasbinals et Peyre-en-Aubrac en 2024, le parc poursuit l’une de ses missions de valoriser et développer l’usage de ce savoir-faire à la fois local, durable et patrimonial. À Banassac-Canilhac, c’est le grès qui est travaillé, beaucoup plus facile à tailler. Sur le chemin de Saint-Guilhem, un mur de 20 mètres de long comporte de nombreuses brèches qui seront remontées avec des pierres déjà présentes sur place, pour assurer la stabilité de l’ensemble. Pierrot Leclercq, artisan-formateur de l’association des artisans bâtisseurs en pierres sèches, a encadré le chantier qui a accueilli une vingtaine de bénévoles sur les deux jours. Installé comme artisan bâtisseur en pierres sèches depuis janvier 2022, après avoir passé avec succès son diplôme à l’école professionnelle de la pierre sèche à l’Espinas, le jeune entrepreneur a déjà une belle expérience derrière lui. « Il y a énormément de demandes, ici en Lozère, mais c’est un métier qui permet aussi de se balader dans tout l’hexagone ». Pour Pierrot Leclercq, « améliorer le patrimoine, faire des choses propres et réparer l’existant » l’ont attiré vers un métier somme toute physique mais très valorisant. « J’ai attrapé le virus de la pierre sèche adolescent, quand je travaillais avec mon père à monter des murs selon ce savoir-faire » sourit le jeune artisan, ravi de transmettre sa passion et ses connaissances au petit groupe réuni ce matin-là dans le froid, pour apprendre à tailler des pierres et monter un mur. Pour Nicolas Leblois, chargé de mission paysage et patrimoine bâti au PNR Aubrac, ce chantier est une réussite, puisque la session est à son maximum d’étudiants. « L’idée, c’est pour les bénévoles d’apprendre, et ensuite de réutiliser les connaissances acquises chez eux ». Des connaissances qui peuvent autant servir pour une terrasse personnelle que, du côté agricole, pour restaurer des murets, par exemple. « La Région Occitanie s’intéresse aussi beaucoup à cette filière, qui a un véritable intérêt économique ». L’utilisation des matériaux bio et géosourcés en construction et rénovation est particulièrement encouragée par les pouvoirs publics depuis quelques années, notamment au travers de la loi pour la transition énergétique et la croissance verte (dite LTECV, 2015) et de la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (dite Élan, 2018). En région, les Dreal soutiennent ces filières en appuyant leur structuration et leur développement local, en diffusant de la connaissance, favorisant l’échange et le partage d’informations et en soutenant les projets locaux, véritables leviers de valorisation des ressources locales, et de revitalisation des territoires par la création de valeur et d’emplois non délocalisables. Au niveau national et régional, la filière pierre sèche s’appuie sur deux structures principales : l’association des bâtisseurs en pierre sèche et la fédération française des professionnels de la pierre sèche.
Depuis que le projet des chantiers-école a été lancé, près d’une dizaine de chantiers ont ainsi été menés. Et l’enthousiasme des bénévoles est toujours aussi présent. Pour Nicole Chabannes-Confolent, déléguée départementale des maisons paysannes de France, une association nationale de sauvegarde du patrimoine rural bâti et paysager, reconnue d’utilité publique et créée en 1965, ce type de journée est aussi l’occasion de démontrer qu’il est « possible de réhabiliter, en le faisant bien, avec les matériaux déjà présents sur place ». « La technique de la pierre sèche est notamment utilisée partout, mais adaptée à chaque territoire et ses spécificités ». Maisons paysannes de France est aujourd’hui considérée comme un des acteurs majeurs dans le secteur de la connaissance et la protection du patrimoine rural, et se retrouve souvent en interlocuteur incontournable dans les débats impliquant les intervenants publics et parapublics. L’association est souvent amenée à réaliser pour le compte des autorités publiques des rapports, des avis ou des synthèses, en s’entourant de partenaires qualifiés. Son approche pluridisciplinaire et polyvalente lui permet de faire le lien entre différents domaines a priori sans rapport entre eux et de créer des liens entre le bâti ancien, les débats actuels et les perspectives à venir.
En Lozère, alors que le chantier va bon train, les curieux sont nombreux à venir voir les bénévoles entasser des pierres selon une technique bien précise, pour que tout soit calé et dure dans le temps. Pour Denis Valentin, élu en charge des travaux à Banassac, « c’est un véritable plaisir de voir les gens se mobiliser pour le patrimoine local ». Déjà, d’autres chantiers sont en cours de gestation sur la commune.
 

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