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Piqûre de rappel devant la Préfecture

La semaine dernière, les agriculteurs puydômois se sont rassemblés devant la préfecture pour dénoncer l’inefficacité des mesures d’urgence de soutien à l’agriculture.

© M. Comte

Les agriculteurs manifestent dans toute la France depuis plus d’une semaine pour dénoncer une situation qui va de mal en pis. Les crises économiques, sanitaires et climatiques de 2015 affectent considérablement les exploitations. Les aides du plan de soutien à l’élevage, en cours de versement, concernent peu d’exploitant et oublient surtout les producteurs céréaliers, eux aussi en difficulté.

Dans le Puy-de-Dôme, l’exclusion du fonds de calamités sécheresse et l’infestation des rats taupiers ont fait déborder le vase.

 

Sentiment d’abandon

A l’occasion de la tenue de la cellule d’urgence départementale, la FNSEA 63 et JA 63 ont appelé au rassemblement le 28 janvier dernier. Plus de soixante-dix agriculteurs ont fait le déplacement.

Sur le parvis de la Préfecture à Clermont-Ferrand, ils ont déposé, non pas du fumier, mais des bottes en caoutchouc symbolisant le désarroi de la profession. D’après David Chauve, secrétaire général à FNSEA 63, il est grand temps que l’État prenne conscience du ras-le-bol des agriculteurs. «Aujourd’hui, nous sommes déçus. Beaucoup d’agriculteurs n’ont pas pu entrer dans les dispositifs d’aides promis. Le gouvernement cajole toujours les industries agro-alimentaires, leur permettant d’acheter nos produits en dessous de leur valeur. Cette situation n’est plus supportable pour les agriculteurs et cela ne semble choquer personne. Nos politiques doivent désormais se préoccuper davantage de leurs citoyens que de leur carrière.»

Dans les rangs des manifestants cette même colère : celle d’avoir crier «dans l’oreille d’un sourd», l’été dernier. Mais le combat est loin d’être terminé. Les agriculteurs demandent des prix rémunérateurs mais aussi le moyen de faire leur «révolution». «Nous avons, certes, de notre côté des ajustements à faire pour être compétitifs mais encore faut-il que l’on nous en donne les moyens ! »

 

 

Toujours les mêmes attentes

Et les moyens pas besoin d’aller les chercher bien loin. « Moins de normes administratives et écologiques handicapantes» développe Christian Peyronny, président de la FNSEA 63. Le syndicat regrette la «non assistance» du gouvernement face aux différentes crises sanitaires qui touchent le Puy-de-Dôme. «Jusqu’à quand allons-nous, nous laisser dévorer par les rats ? C’est intolérable qu’on ne puisse pas agir et défendre notre outil de travail».

Pourtant selon les syndicats, ce n’est pas faute d’avoir alerté les différentes instances. Les réunions avec le préfet, les sous-préfets ou encore la DRAAF ont été nombreuses mais rien ne semble bouger réellement.

Après avoir occupé durant plusieurs heures les marches de la Préfecture, les agriculteurs se sont dirigés sur la place de Jaude. En convoi serré et d’une même voix, ils ont montré ainsi aux clermontois qu’ils étaient obligés de descendre dans la rue pour être écoutés.

ils ont dit...

Christelle Fabre, éleveuse de brebis laitières et productrice de fromage à Thiers depuis 8 ans

« Je suis en vente directe, je décide donc du prix de mes produits. Cependant, tout le monde ne peux pas s’engager dans cette voie. C’est pour cette raison que je suis ici. Je viens soutenir mes collègues qui subissent les cours du marché. Je me sens concernée. Pour moi, le gouvernement essaie de tuer l’agriculture. Les agriculteurs doivent reprendre leur pouvoir de décision sur les prix. On ne peut pas continuer ainsi. Leur travail doit être rémunéré à juste titre.»

 

Romain Pireyre, éleveur Charolais à Dorat depuis 2014

« Je n’ai pas manifesté le 28 juillet dernier parce qu’à ce moment là, je ne pensais pas que la situation était si dramatique. Aujourd’hui, après la sécheresse et la FCO, je m’aperçois que nous sommes nombreux à être en difficulté. Je suis surtout en colère. J’ai le sentiment que les politiques ne font rien pour les agriculteurs. Leurs décisions sont prises à la louche, sans connaissance du terrain. C’est à se demander s’ils veulent encore de nous. A mes yeux, ils agissent sans prendre en compte les recommandations des professionnels. Certaines de leurs actions divisent plus les agriculteurs qu’elles ne nous rassemblent.»

 

Serge Bionnier, producteur céréalier à Riom depuis 1990

«Nous étions déjà là le 23 juillet. Nous revenons parce qu’en plus des prix bas, nous avons eu la canicule et la sécheresse. Les récoltes ont été médiocres et ne rémunèreront pas notre travail. Il y en a assez. Le fonds d’allègement des charges ne suffira pas. Le gouvernement doit comprendre une bonne fois pour toute que, pour sécuriser nos exploitations de Limagnes, il faut l’irrigation. Sans eau, nous ne pouvons pas garantir une production de qualité et répondre aux marchés. Les politiques doivent nous donner les moyens de produire. Mais la prochaine qualification des cours d’eau ne semble pas aller dans ce sens.»

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