Performance, optimisation, Sodiaal prend un virage
Avec 395 ML de lait en 2018, la région Massif central de Sodiaal maintient sa production malgré une perte de près de 5% du nombre d’exploitations adhérentes.
La région Massif central de Sodiaal suit la tendance nationale. Comme dans les sept autres régions de la coopérative lai- tière, le nombre d’exploitations adhérentes a diminué en 2018. La région Massif central a perdu près de 5% de ses exploitations passant ainsi à 1 521. Malgré tout, et contrairement aux autres, elle parvient à maintenir sa production de 395 M litres de lait.
Ce sont les chiffres qui ont été présentés le 15 mai dernier lors de l’assemblée générale de la section Nord-Massif central (l’une des trois sections composant la région de collecte Massif central) à Bromont-Lamothe. Une réunion durant laquelle Jérôme Aubert, le président de la région de collecte Massif central et de la section Nord-Massif central est revenu sur l’année écoulée au sein de la coopérative. Entre impacts collatéraux des crises sanitaires des concurrents, une baisse globale de la consommation de produits laitiers et une problématique de valorisation de la matière, l’activité nationale de Sodiaal a été chargée.
Un prix national moyen de 346€
La consommation nationale des produits laitiers a diminué en 2018. Le lait de consommation enregistre une baisse de 3,5%, le beurre 2,7% tandis que le fromage augmente de près de 1%. Conséquence directe des différentes crises sanitaires des concurrents ? de l’agribashing ? de l’arrêt des promotions à outrance ? Les causes sont, sans aucun doute, multifa-ctorielles. Malheureusement, la conséquence assurée est un prix du lait loin de satisfaire les coopérateurs et la coopérative elle-même. Sodiaal a pourtant réussi à payer le lait 3€ de plus la tonne par rapport à 2017. Ainsi en 2018, le prix moyen national de la tonne de lait (tous laits confondus A et B, lait entier, lait Bio, laits segmentés…) chez Sodiaal était de 346 €. Jérôme Aubert, le président de la section précise, « le prix du lait découle de la valorisation, il n’est donc pas le même suivant les filières ». Il rajoute également que « 91% du lait collecté dans notre région a été payé en A ». Néanmoins, l’éleveur puydômois avoue « les éleveurs progressent sans cesse et ils ne voient pas leurs efforts récompensés ». En effet, le prix du lait chez Sodiaal fait encore et toujours débat auprès des éleveurs, demandant un exercice d’explications compliqué pour le président.
S’immiscer dans les nouveaux marchés
Sodiaal est une coopérative et aussi une entreprise à la toile nationale étendue qui doit faire face à un marché concurrentiel. « Si nous voulons un prix du lait élevé pour les éleveurs, il faut aller chercher de la valorisation sur le produit final » explique Jérôme Aubert aux producteurs laitiers présents. La coopérative s’active donc à trouver de nouveaux débouchés porteurs. Le rachat de l’usine chinoise de Synutra France à Carhaix (29) est l’une de ces orientations. « Avec cette nouvelle usine, nous espérons développer le marché des laits infantiles permettant d’aller chercher de fortes valeurs ajoutées. »
L’autre angle d’attaque de Sodiaal dans sa recherche de valeur ajoutée, est de renforcer les produits dits « éthiques ». Laura Garrot, responsable marketing du développement durable pour Candia expli- que : « Il y a auprès des consommateurs comme une transition alimentaire. Ils veulent de plus en plus de garanties sanitaires mais aussi éthiques (rémunération des éleveurs, bien-être animal…). » Le challenge de la coopérative est de développer des produits dans lesquels l’identité « coopérative » est renforcée et clairement identifiable. Elle a ainsi mis sur le marché « Les laitiers responsables », un lait de consommation avec un cahier des charges imposant une durée minimale de 150 jours de pâturages, un retour garanti de 0,40 centimes/ litre aux éleveurs et des vaches nourries sans OGM. « Nous avons commencé par la bouteille. Nous allons étendre la marque à la brique, le beurre et le fromage. » Sodiaal espère ainsi enrayer la déconsommation de lait passant de 51 L/an/ personne en 2015 à 45,5 L/an/personne en 2018.
En recherche de performances
Enfin, la coopérative s’oriente à optimiser la performance de ses outils. “Value”, un plan de trans- formation stratégique lancé fin 2017, se veut ambitieux et porteur à la fois d’économies et d’opportunités. A travers lui, Sodiaal vise l’objectif de « générer 150 M d’euros d’économies d’ici 2025 ». En 2018, plus de 280 projets ont été initiés et ont d’ores et déjà générés à eux seuls « 20 M d’euros de gain de performance grâce à l’engagement de 11 usines » (dont celle de Clermont-Ferrand).
Ces transformations prévoient également de réorganiser les bassins laitiers opérationnels. Au nombre de huit aujourd’hui, ils ne seront plus que trois demain. L’enjeu ici est de maîtriser les coûts de collecte et améliorer l’efficacité des services aux producteurs. La région Sodiaal Massif central a intégré le « Bassin laitier Grand Sud » regroupant 37 départements.
Elle a dit...
Sabine Tholoniat, productrice Sodiaal et membre du bureau de la FDPL
« Le prix du lait payé aux producteurs ne permet pas de couvrir les charges sans cesse en augmentation. Dans ce contexte nous ne pouvons pas nous projeter dans l’avenir ou simplement investir dans du matériel plus performant. Malgré les annonces régulières de Sodiaal, promettant une amélioration de la situation, nous ne voyons toujours rien venir. Nous sommes conscients des difficultés de la filière laitière française mais il est évident que Sodiaal est à la traîne dans la valorisation de nos produits. Sa nouvelle initiative « Les Laitiers Responsables » arrive sur le marché alors que d’autres produits semblables sont en place dans les rayons depuis plusieurs années déjà ! La plus grande incompréhension reste ce plan stratégique Value. L’optimisation et la réduction des charges dans les usines est un travail de fond qui aurait dû être mené il y a bien 10 ou 15 ans. Nous ne pouvons que constater que Sodiaal, malgré son ampleur nationale, n’est pas performant dans sa gestion d’entreprise. Les producteurs paient désormais ce retard. »