Les Pouilles une histoire agricole
Explorer les Pouilles, c’est voyager dans l’espace et le temps, jusqu’aux origines de l’agriculture. Cette région d’Italie fut aussi un étonnant royaume normand.
La carte d’Italie est une botte dont les Pouilles constituent le talon, face à l’Albanie et la Grèce. Depuis l’Antiquité, cette plaine orientale vit au rythme des deux mers qui l’entourent, Adriatique et Ionienne. Les flaques d’eau salée qui s’évaporent au soleil laissent un dépôt cristallin sur les rochers, laissant imaginer les mêmes gestes en quête de l’or blanc, le même paysage depuis la Préhistoire. À Corsano, un parcours touristique suit les pas des contrebandiers nommés scarcagnati ou « pieds écorchés » fuyant à travers les sentiers. Les bergers trafiquaient aussi du sel dans leurs cannes creuses, tout en laissant paître leurs moutons.
La mer porte richesses, commerces et dangers. Le souvenir des exactions est vif : en 1480, à Otranto, des Turcs massacrent huit cents personnes dont les ossements sont vénérés dans la cathédrale et que le pape Benoît XVI canonise en 2013. Jusqu’au xviie siècle, les actes de piraterie sont redoutés. San Leonardo, représenté avec des chaînes, était prié pour protéger de l’esclavage. Bari fut un bref émirat de 847 à 871. Sur la côte, près d’une centaine de tours de guet communiquaient le jour par la fumée et des cavaliers, la nuit par le feu et le bruit du canon. Prêtes à soutenir un siège, les fermes fortifiées nommées masserie (au singulier, masseria) témoignent de ces terreurs ancestrales. Certaines possèdent des pigeonniers pour la chair, les œufs et l’envoi de messages.
Suite de l'article à lire dans le Réveil Lozère n°1421, du 3 août 2017, en page 16.