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Les circuits courts, une mutation de la distribution et des comportements d’achats ?

La troisième conférence proposée par la Région et l’Agence de l’Alimentation Nouvelle-Aquitaine dans le cadre des Rencontres de l’Alimentation a eu lieu le 29 avril sur le thème des circuits courts.

Intervenante de cette conférence, Claire Mathé a développé la vente directe jusqu’à atteindre 85 % de viande commercialisée par cette voie.
Intervenante de cette conférence, Claire Mathé a développé la vente directe jusqu’à atteindre 85 % de viande commercialisée par cette voie.
© HC

« Aujourd’hui, il existe une forte demande autour des circuits courts, souligne Luc Servant, président de la Chambre Régionale d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Nous devons accompagner les agriculteurs dans cette direction. C’est une vraie opportunité en termes de valeur ajoutée et d’image. Actuellement, environ 20 % des agriculteurs de la région s’orientent dans cette voie ». Pour confirmer cette demande, chiffres et études sont apportés par Olivier Beucherie, consultant en marketing stratégique agro-alimentaire et professeur à l’ESA d’Angers. On y apprend qu’en 2020, 20 % des consommateurs disent privilégier les produits locaux. Deux fois plus qu’il y a 10 ans. Une étude du Credoc montre également l’évolution de la société. « On a demandé à des consommateurs ce qu’était un produit de qualité, rapporte l’expert. Les adjectifs « bio », « naturel », « français », « fraîcheur » et « local », ont été cités. En 2000, sur les cinq, seul « fraîcheur » apparaissait ». En outre, depuis 2018, la loi EGAlim impose pour les collectivités à l’horizon 2022, 50 % de produits de qualité dont 20 % de bio, les 50 % restants pouvant être consacrés à des produits Label Rouge, sous signe officiel de qualité,... Quelles sont les origines et les moteurs de cette demande de local. Pour Olivier Beucherie, la proximité fonctionne toujours lors de crises. « Clairement, cette tendance est née avec la vache folle, poursuit Jacques Mathé, économiste rural, et professeur à la faculté de sciences économiques de Poitiers. Les gens ont besoin d’être rassurés, informés sur l’origine de ce que l’ils mangent. Et, plus le producteur est près de nous géographiquement, plus on est rassuré ». Pour illustrer ces propos, une éleveuse de limousines installée en Creuse témoigne. Après une reconversion professionnelle, Claire Mathé s’installe aux côtés de son conjoint et développe la vente directe jusqu’à atteindre 85 % de viande commercialisée par cette voie. Elle embauche un boucher salarié et passe du traditionnel colis en caissette à l’individuel sous-vide. Elle vient aussi de lancer sa marque de pâtes Cœur de Creuse. « Les consommateurs posent beaucoup de questions, confirme-t-elle. Ils recherchent de la transparence. Il faut que les producteurs communiquent plus et mieux ». Les experts acquiescent. « Claire répond à la demande », résume Jacques Mathé. Au niveau des collectivités, on s’organise aussi comme l’explique Thierry Pousson, président de l’ACENA, association regroupant les acheteurs des cantines des lycées agricoles. « Nous nous efforçons de trouver les produits de qualité dans la zone la plus proche possible et de mutualiser nos achats, relate-t-il. Nous impliquons les chefs cuisiniers, les gestionnaires. Nous divisons les marchés par lot géographique pour permettre aux groupements de producteurs de répondre. Il n’y a pas de solution miracle mais on se structure. Et le prix n’est plus le seul critère. » Pour le grand témoin du débat, Erick Orsenna, deux points importants. « Il y a trop d’appellations différentes, on ne sait pas vraiment de quoi on parle et cela ajoute au soupçon, dit-il. D’autre part, pour que le local fonctionne, il ne faut pas oublier que le produit doit être bon ! Le prix doit être justifié par l’enchantement ». Il semble qu’ailleurs en Europe, d’autres aient fait la même constatation. « Les Italiens ont une grande capacité à mettre en valeur le produit, témoigne Jacques Mathé. L’Italie, c’est le Gucci des circuits courts ! » Pour Olivier Beucherie « un rayon de GMS, cela ne fait pas rêver. Avec la vente directe on peut théâtraliser le produit et c’est aussi plus facile de fidéliser une clientèle parce qu’un rapport humain s’instaure. » Pour les participants, il est aussi nécessaire de sensibiliser notamment les jeunes générations. Au final, les circuits courts ont semble-t-il de beaux jours devant eux, la demande étant beaucoup plus forte que l’offre.

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