Le chanvre, bien plus qu’un écran de fumée
La culture du chanvre est en plein essor grâce à ses applications dans de multiples domaines : bâtiment, plasturgie, cosmétique, alimentation… et à l’avenir possiblement thérapeutique.
Leader européen de la production de chanvre avec plus de 17 000 hectares cultivés par 1 500 producteurs sur l’ensemble du territoire, la France ne compte pas en rester là. La multiplication d’usage de cette ressource créée en effet un boulevard pour la filière, comme l’expliquait récemment Julien Bouffartigue, secrétaire des sections « lin et chanvre » au GNIS à l’occasion d’une conférence de presse : « Des domaines aussi variés que la plasturgie, l’automobile, l’horticulture, le textile, la cosmétique, l’énergie… utilisent le chanvre. 3,5 millions de véhicules sont par exemple équipés de tableaux de bords en fibre de chanvre, tandis que le futur village olympique parisien de 2024 sera construit en partie en béton de chanvre ». Dernièrement, c’est une nouvelle voie qui s’est ouverte pour cette plante aux multiples vertus avec l’accord fin octobre de l’Assemblée nationale pour le lancement d’une expérimentation en France de cannabis thérapeutique.
La Creuse, sillon du cannabis thérapeutique
« Des essais devraient démarrer au deuxième semestre 2020 sur 3 000 patients durant deux ans. Si cette expérimentation s’avère positive et qu’elle est suivie d’une autorisation de mise sur le marché, elle permettra de traiter des patients atteints de maladies graves comme la sclérose en plaques, certains cancers, des douleurs neurologiques ou encore certaines épilepsies », a détaillé Nathalie Fichaux, directrice de l’interprofession InterChanvre. Pour Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse et rapporteur général de la mission parlementaire sur les usages du cannabis, « il faut absolument qu’on soit en capacité au niveau français de mettre en place cette nouvelle filière thérapeutique ». Une filière regardée de près par la Creuse, qui entend devenir pôle d’excellence en fourniture de cannabis thérapeutique. Du côté de l’union de coopératives InVivo aussi, l’appétit pour ce nouveau débouché est aiguisé. « Il va nous falloir 18 mois pour s’assurer que la plante a une composition standardisée et qu’on a un médicament au sens pharmaceutique du terme », a assuré Yves Christol, directeur général d’InVivo Food & Tech. Le groupe qui est prêt à investir 10 millions d’euros, souhaite « prendre le relais des importations dans deux ans », lorsque l’expérimentation du cannabis thérapeutique prendra fin, puis conquérir le marché mondial grâce au développement génétique de variétés à usage médical. Un consortium qui va « de la graine au patient », rassemblant divers acteurs publics et privés pourrait ainsi voir le jour. La coopérative française HEMPT it entend bien figurer en bonne place dans ce consortium. Basée dans le Maine-et-Loire, elle est leader sur le marché mondial de la production de semences de chanvre avec 1 400 tonnes commercialisées issues des 1 750 ha cultivés par 154 producteurs multiplicateurs.