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La sécurité des exploitations au programme

Le 76e congrès de la FDSEA de la Creuse a eu lieu ce 29 avril à Jarnages.

© HC

Le grand débat du 76e congrès de la FDSEA de la Creuse a été cette année consacré aux vols et intrusions dans les exploitations. En effet, si le congrès syndical est généralement propice aux thématiques d'actualité, le syndicat majoritaire a fait le choix de ne pas escamoter ce sujet de vie quotidienne, d'autant que les sujets d'actualité comme la PAC ou Egalim 2 ont déjà été traités plus tôt dans l'année.
Après un rapide point statutaire, les congressistes ont donc écouté attentivement l'adjudant Lachérade, référent sécurité de la Gendarmerie pour le département, qui est revenu sur les grandes lignes directrices de la lutte contre les vols sur les exploitations.

Ne pas faire envie
Pour éviter de se faire voler, il vaut mieux éviter d'attirer les convoitises. L'adjudant a pointé du doigt les exploitations ouvertes à tous vents, avec des intérieurs de bâtiment visibles depuis la route. « Il suffit de passer en voiture en ralentissant un peu pour faire un inventaire rapide de ce qui se trouve à l'intérieur. C'est comme passer devant une vitrine, il n'y a plus qu'à choisir la marchandise ». Pour éviter ces regards, une solution simple : fermer les portes des hangars et planter une haie le long de la route. On est moins tenté de venir se servir quand on ne sait pas ce qu'il y a à voler.

Dissuader l'accès
L'adjudant Lachérade a pu constater sur de nombreuses exploitations creusoises une facilité d'accès déconcertante : les entrées sont souvent nombreuses, rarement fermées et encore plus rarement protégées ; on entre sur les exploitations comme dans des moulins. « J'ai fait l'expérience chez plusieurs d'entre vous : je suis entré, le chien était attaché, j'ai pu rester 20 minutes, faire ce que je voulais et repartir sans que personne ne s'en rende compte. » Un portail, fermé à clé, est pourtant déjà un premier moyen de dissuasion si le voleur ne peut pas entrer avec son véhicule ou s'il doit faire de l'escalade. « Certes, il faut descendre du tracteur pour fermer le portail, mais que sont ces 2 minutes perdues à côté des milliers d'euros de perte potentielle ? ». Il existe beaucoup de moyens peu coûteux pour créer un effet dissuasif, comme des panneaux signalétiques « chien méchant » ou « site sous vidéo-surveillance ». Une sonnette à détecteur de présence (comme dans les magasins) indiquera au visiteur que sa présence est connue et l'incitera à déguerpir.
Si la méthode est plus coûteuse, la vidéo-protection est un outil très utile car il permet d'obtenir des informations sur le voleur. Elle doit cependant être utilisée dans le respect de la loi : il est interdit de filmer la voie publique ou chez le voisin. « En revanche, il n'est pas nécessaire de déclarer que vous avez des caméras sur votre site, il faut cependant en informer vos salariés, via un avenant à leur contrat de travail ». Les alarmes également sont utiles ; l'adjudant a une préférence pour les alarmes « passives » qui préviennent d'une présence, plutôt que pour les « actives » qui font fuir le visiteur.

Ralentir le forfait
Une fois dans la place, le voleur doit être empêché et ralenti au maximum. Il doit faire face à un maximum de serrures et de verrous. Les clés ne doivent pas être sur les véhicules et les marchandises les plus coûteuses doivent être les moins accessibles. Atteler des outils aux tracteurs compliquera leur déplacement. Il faut également activer les dispositifs antivol ou anti-démarrage à votre disposition. Concernant les carburants, évitez de faire le plein des matériels le soir et équipez les cuves et réservoirs de crépines anti-siphonnage. Il convient aussi de stationner les véhicules de façon à rendre difficile l'accès au réservoir (le long d'un mur ou d'un autre matériel). Il est également utile de disjoncter la pompe à carburant, le voleur ne voudra pas perdre de temps à chercher le disjoncteur pour la réenclencher.
Cette démonstration a mis en lumière les très nombreuses vulnérabilités des exploitations agricoles, mais aussi beaucoup de méthodes peu coûteuses au regard du risque encouru.

Faire le 17
L'adjudant a enfin déploré que trop souvent aucune plainte n'est déposée. « Le simple fait de savoir qu'une visite a eu lieu permet de réorganiser les patrouilles, d'obtenir un indice supplémentaire, de faire des liens entre les affaires. Ne pas porter plainte, c'est se garantir la certitude que le voleur continuera de courir. Lorsque que vous constatez un vol, faites le 17 immédiatement et résistez à la tentation de tout fouiller pour faire l'inventaire, vous risqueriez de dégrader des indices, d'effacer des empreintes ».
Dans la salle, les congressistes ont beaucoup réagi à cette intervention et les échanges ont été nombreux. L'adjudant Lachérade a admis que toutes les solutions proposées ne pouvaient pas être appliquées dans toutes les exploitations. Il convient de les choisir et de les adapter en fonction de sa situation. Il est pour cela à la disposition¹ de chacun afin de diagnostiquer les exploitations et de conseiller les méthodes les plus appropriées. Il a également rappelé que la violence n'en fait pas partie : « la solution du 12 » a évidemment été évoquée, mais elle ne doit pas aller plus loin que la boutade : ses conséquences sont lourdes en retournant la situation contre l'agriculteur, il ne faut jamais tenter de se faire justice soi-même.
Pour Christian Arvis, président la FDSEA, « cette intervention, ponctuée de nombreux échanges avec les congressistes présents, a permis de faire le point sur les aspects légaux peu connus et ainsi démontrer aux agriculteurs la volonté de l'État à les accompagner lorsqu'ils sont confrontés à de tels actes qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur leurs exploitations ». Madame la préfète a confirmé cette volonté par la mise en place dans les prochains mois de nouveaux outils auprès des forces de l'ordre afin de faciliter et accélérer les procédures, particulièrement dans les zones les plus éloignées des postes.

Retour sur les sujets d'actualité
Pour finir le congrès, parole a été donnée aux invités présents. Daniel Couderc, secrétaire général de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine, est revenu sur la contractualisation : « c'est une véritable révolution culturelle et de nos habitudes », mais il faut profiter que les abatteurs sont à flux tendu en ce moment. Jean-Baptiste Moreau a confirmé que la contractualisation devenait même une demande de leur part, afin de palier la baisse de l'offre par de la visibilité sur les apports d'animaux.
Sur le loup, Pascal Lerousseau, président de la Chambre d'Agriculture, estime que les effectifs sont désormais bien suffisants et qu'il va « être temps de revoir la convention de Berne ». Le président de la FDO Michel Bataille avait par ailleurs indiqué plus tôt dans la journée que les méthodes de protection utilisées dans les Alpes, même si elles fonctionnent, ne sont pas applicables sur le territoire limousin.
Thomas Saby, président de Jeunes Agriculteurs de Creuse, a regretté que l'agriculture n'ait pas été un sujet des élections présidentielles. La promesse d'installer 10 000 agriculteurs est honorable, mais à condition que ces installations soient viables et durables. Pour lui, il faut encourager les jeunes à sortir de l'exploitation familiale pour voir ce qui se pratique ailleurs, et à pousser leurs études « au moins jusqu'au BTS » afin de gagner en connaissances et en compétences car l'agriculture a besoin de personnes motivées et bien formées. Il a plaidé pour une DJA rénovée versée en fonction du montant des investissements et un accès au foncier facilité.
Madame la préfète enfin, s'est félicitée du choix du thème de la sécurité sur les exploitations par l'organisation du congrès : « c'est un domaine sur lequel mes services peuvent avoir des actions rapides et efficaces au niveau local », un point de vue appuyé par la présidente du Conseil départemental Valérie Simonet qui a renouvelé son soutien total à ce pan essentiel de l'économie locale. Sur le loup, la préfète a tenu à indiquer que le département avait « battu des records de vitesse » dans la mise en place du plan loup entre les premières constatations et les différents classements en cercles.
Satisfait de ce 76e congrès très riche en échanges, le président de la FDSEA Christian Arvis est revenu sur la sécurité des exploitations en abordant les attaques contre l'élevage « par des écolos-terroristes qui n'hésitent pas à venir placer des caméras chez nous à notre insu ». Sur la PAC, la situation générale de l'agriculture et les réformes à venir, il a prévenu : « on ne peut plus continuer de subir ce côté particulièrement français qu'on appelle la suradministration et qui fait crever tout un métier ».

1. Le référent sécurité de la gendarmerie de la Creuse est à la disposition des agriculteurs au 06 71 54 82 11.

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