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« La restructuration a trouvé ses limites »

Jérémy Decerle, président national des JA, et Jonathan Lalondrelle, président de JA Nouvelle-Aquitaine, étaient réunis lors de la journée régionale du 18 novembre au Crédit Agricole Charente-Périgord à Soyaux pour parler des priorités du syndicat afin de favoriser l’installation des jeunes.

Jérémy Decerle et Jonathan Lalondrelle.
Jérémy Decerle et Jonathan Lalondrelle.
© AM

Quel est l’objet de cette réunion régionale de JA Nouvelle-Aquitaine en Charente ?Jonathan Lalondrelle : On a voulu recevoir au centre de la région les JA nationaux pour faire un échange dans le réseau, un moment privilégié entre nos adhérents et la structure nationale pour faire un point sur les priorités de la mandature nationale.Jérémy Decerle : Cette journée entre dans le cadre de la tournée nationale que les JA ont lancée. Les membres du bureau et les administrateurs vont dans toute la France pour présenter la nouvelle équipe, notre projet et échanger sur les problématiques plus régionales. Ces visites durent près d’un mois.

Quels ont été les sujets abordés ?J.D. : On a évoqué nos priorités qui reposent sur deux grands axes : le renouvellement des générations. Il faut travailler sur l’accompagnement financier et humain des jeunes afin qu’il soit adapté à la situation des porteurs de projets. L’autre axe est la structuration de filières pour apporter de la valeur ajoutée, de la rentabilité et donc de l’attractivité auprès des jeunes On arrive à un tournant périlleux pour l’agriculture. On a perdu 50 % des paysans en moins de 30 ans. Toutes les productions sont en crise et même les exploitations qui s’en sortent mieux n’ont pas forcément des perspectives idéales. On ne sait pas trop où l’on va.

Dans ce contexte, les jeunes installés souffrent davantage ?J.D. : Pas forcément. Ils ont plus d’investissement mais les projets accompagnés leur permettent d’anticiper mieux les crises. Il faut se poser la question du modèle agricole. Il faut se donner le moyen de ne plus perdre de paysans. Il reste 450 000 exploitations en France. Il faut maintenir les hommes et les femmes qui vivent dessus. Aux JA, on défend un modèle de type familial où l’actif garde la maîtrise de son outil.

Les exploitations qui s’agrandissent rendent plus difficile l’installation…J.D. : La restructuration a trouvé ses limites. Économiquement, on se rend compte que ce ne sont pas forcément les plus grandes exploitations qui vont le mieux.J.L. : Je suis éleveur de volaille label rouge dans les Landes. Plus de 50 % des éleveurs ont plus de 50 ans. Comment renouveler cette génération ? Demain, si on continue d’agrandir les exploitations, elles vont devenir intransmissibles et puis le jour où on a une faille sur une filière, c’est la catastrophe. On le voit en canards. Beaucoup de fermes s’étaient spécialisées. Avec les problèmes d’influenza, certains ne se relèveront pas en dépit des aides publiques. Les plus âgés ne veulent plus investir et n’ont pas confiance en l’avenir. Du coup, on n’attire plus de jeunes pour reprendre des exploitations obsolètes. On se bat pour remettre la sphère politique et économique sur le bon chemin et que demain des agriculteurs puissent s’installer.

Les échéances présidentielles se profilent, la PAC va être réformée en 2020, que faire pour changer les choses ?J.D. : Il faut déjà arrêter de perdre des agriculteurs et apporter de la résilience sur les exploitations en mettant en place des systèmes assurantiels plus adaptés. Au niveau de la PAC, il faut redéfinir un cap. D’abord, revoir ce qu’est un actif agricole sur des critères de revenu, de temps de travail sur l’exploitation ou de formation. Cela paraît logique qu’un retraité ne touche pas d’aides PAC. Pareil pour le prince Charles ou le Prince de Monaco. On sait que ces deux-là, ça fait un moment qu’ils ne sont pas montés sur un tracteur pour aller labourer ! La PAC devra aussi apporter, en complément de ce qu’aura choisi la France, un système assurantiel sur le climat ou la volatilité des prix. On peut imaginer une adaptation en Europe des contrats cycliques américains. Quant à la question de l’environnement et de l’alimentation, il faut retrouver de la logique. On ne peut pas nous demander d’être plus performants tout en signant des accords de libre-échange avec des pays pour qui tout est permis.

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