Le Mercosur bien sûr... pas si sûr
Les négociations entre la Commission européenne et les pays du Mercosur ont repris de plus belle depuis quelques semaines… Les syndicats agricoles français s'opposent fermement à tout accord.
Les négociations entre la Commission européenne et les pays du Mercosur ont repris de plus belle depuis quelques semaines… Les syndicats agricoles français s'opposent fermement à tout accord.
La rumeur enfle, de plus en plus. Le prochain sommet du G20 qui doit se tenir les 18 et 19 novembre à Brasilia (Brésil) pourrait aboutir à la signature de l'accord commercial entre l'UE et le Mercosur. Le Mercosur c'est l'agrégation de cinq pays, Argentine, Brésil, Uruguay, Bolivie et Paraguay avec lesquels l’Europe négocie depuis vingt-cinq ans, un accord commercial que la France bloque depuis plus de dix ans.
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Le Mercosur, en chiffres
La perspective d’une déferlante de viande brésilienne et argentine a en effet de quoi effrayer :
- un quota de 99 000 tonnes de bœuf taxé à 7,5 % ;
- 60 000 autres tonnes exemptées de droits de douane ;
- 180 000 tonnes de volailles ;
- l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs ;
- 180 000 tonnes de sucre ;
- 8,2 Mhl de biocarburants (soit la moitié de la production française)…
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Les syndicats agricoles réclament des mesures de réciprocité
Dans un communiqué de presse conjoint, FNSEA, JA, FNB, FNPL, CFA, AGPM et CGB dénoncent « le contenu de l'accord qui offre des concessions majeures en termes de volumes de contingents, alors même qu’aucune mesure de réciprocité concernant les conditions de production n’est incluse, au détriment de notre souveraineté alimentaire, de nos économies et de la santé du consommateur ! ».
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L'Europe schizophrène
Très clairement, la signature de l'accord aurait des conséquences dramatiques sur l'agriculture européenne, et française en particulier.
Qui plus est avec une incohérence manifeste entre les ambitions de l'Europe pour son agriculture et son positionnement à l'international.
En reprenant les négociations avec des pays qui utilisent des antibiotiques activateurs de croissance ou encore des substances actives phytosanitaires interdites en France (objectivées à 77,5 %) dont certaines depuis plus de 20 ans, qui n'ont aucune règle de traçabilité, déforestent massivement et méprisent les droits sociaux… La Commission européenne balaie d’un revers de main les attentes de la société civile concernant les enjeux économiques, environnementaux, climatiques et de bien-être animal » - communiqué de presse (FNSEA, JA, FNB, FNPL, CFA, AGPM et CGB)
Fonds d'indémnisation des agriculteurs : "une aberration"
Comble du cynisme, d'après nos confrères du site Politico, la Commission envisagerait de créer « un fonds d’indemnisation des agriculteurs » pour compenser les conséquences de cet accord. Une aberration pour les responsables professionnels français qui demandent au Chef de l'État et au Gouvernement de mettre fin définitivement aux discussions, s'appuyant notamment sur la récente déclaration d'Emmanuel Macron en marge du Sommet européen « Le Mercosur, en l'état, n'est pas un traité qui est acceptable. Nous demandons le respect substantiel des Accords de Paris, des clauses miroirs et la protection des intérêts des industries et des agriculteurs européens ».
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La France peut faire valoir son droit de véto
Selon une décision présentée par la Commission au Conseil le 22 mai 2018, il appartient au Conseil de décider, au cas par cas, du découpage des accords commerciaux. Et aucun vote au Conseil n’a été organisé pour décider du découpage de l’accord UE-Mercosur. Cet accord est défini comme « mixte » et doit donc, dans sa globalité, faire l’objet d’un vote à l’unanimité des États. Autrement dit, la France peut faire valoir son droit de véto, et bloquer seule la conclusion de cet accord.