La betterave sucrière signe une année historiquement basse
La campagne betteravière se termine et enregistre son plus bas niveau depuis 10 ans avec moins de 70 tonnes/ha à 16% de sucre.
Noël marquera la fin de la campagne betteravière. Avec plus de 5 500 ha, cette campagne aurait dû s’étaler jusqu’à début janvier. L’été caniculaire et la sécheresse automnale sont bien sûr la cause principale de cette fin précoce. « Les rendements sont catastrophiques avec une moyenne inférieure à 70 tonnes/ha à 16% de sucre. Ramené au rendement racine, nous enregistrons -20% de volume/ha » explique Vincent Tabary, responsable du service betteravier de la Sucrerie de Bourdon. Moins de racines c’est également moins de pulpe ; « Nous avons été contraints de restreindre fortement nos clients, mais également nos coopérateurs éleveurs dans une moindre mesure ».
La météo, principale cause
Les betteraves sucrières de Limagne n’ont apprécié ni l’été, ni l’automne de cette année 2018. Juillet et août ont été marqués par des températures élevées dépassant régulièrement les 28°C. « Dès qu’il fait trop chaud, la betterave se met en « mode survie » cessant tout développement végétatif. Elle ne profite pas et ne fait pas de réserve durant cette période. Même les agriculteurs ayant irrigué ont eu d’importantes baisses de rendements. La cercosporiose a également impacté le rendement. »
Septembre et octobre ont apporté peu de réconfort aux producteurs. La sécheresse exceptionnelle, selon Vincent Tabary, « n’a pas permis aux betteraves de profiter des températures douces de l’automne ». Elle a, de plus, été un facteur limitant au moment de la récolte. Dans les terres séchantes, devenues dures comme de la pierre, l’arrachage s’est transformé en l’un des douze travaux d’Hercule. « Certaines parcelles n’ont pas été récoltées en temps et en heure parce qu’il était impossible d’arracher les betteraves sans les casser ou sans abîmer les machines. Ces difficultés ont occasionné du retard. Au 10 décembre, il restait encore une centaine d’hectares à récolter. »
Double peine
Ces faibles rendements font l’effet d’un coup de massue pour la filière sucrière auvergnate. Les producteurs d’abord, doivent supporter « une double peine avec des rendements et un prix du sucre bas ». La Sucrerie de Bourdon également n’en sortira pas indemne : moins de volumes, c’est moins de sucre à vendre et un outil moins rentable. « Le but de la Sucrerie était d’augmenter la surface cultivée, et donc les tonnages travaillés pour rallonger la campagne de transformation et mieux amortir l’outil. »
La Sucrerie est désormais bien décidée à faire oublier cette triste année à ses producteurs. La prochaine campagne est déjà en préparation avec notamment « un choix de variétés mieux adaptées à notre terroir et à nos contraintes ».
Mélodie Comte