International : « Le travail engagé avec les mini-laiteries du Burkina Fasso doit se poursuivre »
Ibrahim Dialo, président de l’Union des mini laiteries des producteurs du Burkina Faso était récemment en Auvergne pour déterminer comment maintenir les échanges avec l’AFDI Auvergne-Rhône-Alpes alors que le Gouvernement français a suspendu toutes aides au développement au Burkina.
Ibrahim Dialo, président de l’Union des mini laiteries des producteurs du Burkina Faso était récemment en Auvergne pour déterminer comment maintenir les échanges avec l’AFDI Auvergne-Rhône-Alpes alors que le Gouvernement français a suspendu toutes aides au développement au Burkina.
C’est un coup dur pour les relations tissées entre les agriculteurs français et burkinabés. Le Burkina-Faso ayant soutenu le récent coup d’état au Niger, la France a suspendu tous les financements publics au développement au Burkina-Faso. Tout le pays a été classé en zone rouge par le ministère des Affaires Etrangères. Même si cela ne concerne pas l’aide humanitaire, cela reste très handicapant pour les partenariats noués de longue date, à l’instar de celui conduit par l’AFDI (Agriculteurs Français et Développement International).
Depuis plus de dix ans, en effet, l’AFDI Auvergne-Rhône-Alpes, a bâti bien plus que des ponts entre l’Occident et l’Afrique sur le volet agricole. En témoigne : la structuration de 102 mini-laiteries au sein de l’Union nationale des mini-laiteries et producteurs de lait local du Burkina (UMPLB) faisant vivre plus de 4 000 producteurs et leurs familles. La collecte atteint aujourd’hui un million de litres de lait. « Les vaches laitières ont d’emblée été imaginées comme une source d’insertion pour la population, leur permettant de vendre leur lait, de le transformer et de le valoriser », témoigne François Anglade, responsable de l’AFDI Auvergne-Rhône-Alpes.
Une formation profitable
Un vecteur structurant en somme pour sortir un maximum de personnes de l’aide humanitaire. Accompagnement à la production et à la transformation laitière ont été menés de concert avec des actions de gain d’autonomie fourragère. Ces soutiens sont rendus cruciaux alors que la transhumance est devenue quasiment impossible. L’an dernier, un groupe d’une dizaine de femmes a passé plus d’une semaine en Auvergne pour se former aux techniques de fabrication de yaourts, fromages, et autres spécialités garantes de conservation et valorisation du lait. Avec succès, puisque de ce stage en version accélérée, sont nés de nouveaux produits qui ont pu être commercialisés. Une des laiteries a d’ailleurs obtenu une certification.
« Des troupeaux décimés »
Si Ibrahim Dialo, président de l’UMPLB, ne conçoit pas que tout le travail engagé avec les agriculteurs français puisse être stoppé, il décrit une situation préoccupante dans son pays : « Les éleveurs et les laiteries sont fortement impactés par l’insécurité grandissante. Certains troupeaux sont décimés, et la collecte du lait et sa commercialisation sont perturbées ». La région des grands bassins, où vivent les producteurs de l’UMPLB, a beau être moins touchée par ce phénomène, le climat est inquiétant.
Comment maintenir les liens ?
Pour 2024, le flou demeure sur la continuité du partenariat alors qu’un accord était en route.
« Nous allons tenter de mobiliser d’autres fonds que les fonds publics. Notre objectif est de répondre aux demandes et aux attentes de notre partenaire en travaillant sur deux axes : voir ce qu’il est possible de faire à travers la cellule AFDI présente en permanence au Burkina, et maintenir nos échanges en visio ou arriver à se retrouver dans un des pays tiers qui n’est pas classé en zone rouge », explique François Anglade.