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GNR: on a dépassé les 2 euros le litre !

Impossible pour les agriculteurs et entreprises de travaux agricoles d’absorber un tarif qui a doublé depuis janvier.

Le prix du GNR a plus que doublé depuis décembre.
Le prix du GNR a plus que doublé depuis décembre.
© PO

Si le prix de l’essence a dépassé les 2 euros le litre cette semaine dans les
stations service, c’est un autre record qui vient d’être franchi : le GNR, utilisé dans les engins agricoles, a lui aussi franchi la barre des 2 €. Du jamais vu et plus du double de la moyenne observée sur l’année 2021. "Ma dernière livraison date de début janvier, il était à 1,08 € le litre TTC et déjà à l’époque, je le trouvais cher...," commente Frédéric Dufour, à la tête d’un troupeau de 80 mères salers à Jussac et dont la consommation annuelle de carburant sur la ferme oscille entre 6 000 et 7 000 litres. Lui redoute la facture de sa prochaine livraison, prévue en avril, tant la spirale à la hausse semble immaîtrisable. Avec des tarifs qui évoluent une à deux fois par jour et des livraisons qui deviennent plus incertaines sans que les distributeurs se risquent désormais à avancer un prix. Un autre éleveur qui devait être livré ce jeudi a vu sa livraison reportée à lundi, sans assurance.

Des espoirs douchés
Cette inflation inédite sur le GNR vient s’ajouter à celle, tout aussi galopante depuis 15 jours, de l’aliment, des engrais azotés, des films d’enrubannage... "Le Covid, ça posait beaucoup questions, mais là c’est pire, soupire Frédéric Dufour qui, comme ses collègues éleveurs, avaient repris confiance en ce début d’année avec la mise en application de la loi Égalim 2, le redressement des cours du broutard... "Les derniers mâles croisés que j’ai vendus sont partis la semaine dernière à 19 F, contre 16,5 voire 17 au mieux l’an dernier. Le problème, c’est qu’avec la hausse des charges, la situation est au final pire qu’avant", déplore
l’éleveur de Cautrunes.
L’inquiétude est toute aussi vive à quelques encablures de là, au siège de la SA-TPA (travaux publics, agricoles et forestiers) qui utilise du GNR pour tous les travaux requérant pelles et tracteurs et du gasoil pour sa flotte de camions et véhicules. "On passe en moyenne entre 250 000 et
300 000 litres dans l’année, indique Manuel Esteves, directeur de la Cadac et SA-TPA. Le carburant est le troisième poste de charges derrière la main d’œuvre et le matériel. On a déjà pris 80 centimes de hausse du litre, si ça continue comme ça, la facture globale de carburant va gonfler d’un tiers."
Et impossible de répercuter cette hausse à ses clients pour les contrats déjà signés, les devis étant valables six mois. "Notre planning est calé sur les six-huit prochains mois, on ne peut pas différer les chantiers, ni revoir nos tarifs, on va donc devoir absorber ce surcoût... Si on reste sur ces niveaux ou si ça augmente encore, ça ne sera pas tenable", craint le directeur, qui sait qu’il va devoir travailler à perte sur une période à la durée inconnue. Et quand bien même ses futurs devis intégreront cette inflation, quelle sera la capacité de ses clients agriculteurs à y faire face... ? Suivant de près l’évolution de la situation sur les marchés, Manuel Esteves a entrepris d’appeler des clients auxquels il loue régulièrement des engins avec chauffeur (comme des coopératives forestières) pour les prévenir d’une augmentation des tarifs de ces futures prestations facturées à l’heure. Tout en redoutant redoute par ailleurs des pénuries potentielles dans les livraisons de GNR.
Appel à limiter
le remplissage des stocks
Dans un communiqué diffusé mercredi, la fédération des distributeurs de carburants (FF3C, Fédération française Combustibles, carburants, chauffage) admet que ses adhérents "rencontrent des difficultés croissantes pour l’approvisionnement du marché des gazoles vrac", principalement des transporteurs et des agriculteurs, tout en écartant tout risque de pénurie. Concernant le gazole non routier (GNR), "les besoins ne pouvant être restreints", les distributeurs recommandent "de limiter le remplissage des stocks utilisateurs pour passer le cap des délais de réapprovisionnement en substitution de la ressource russe".
Par ailleurs, compte tenu des "hausses de prix exorbitantes" qui "amplifient le risque financier des fournisseurs de produits pétroliers", les distributeurs de la FF3C annoncent qu’ils "peuvent être contraints d’exiger des paiements comptant de leurs clients professionnels s’ils ne sont pas convenablement couverts par une assurance-crédit". Enfin, ils annoncent que "les délais de livraison, considérablement rallongés du fait de la conjoncture, peuvent rendre impossible la garantie des prix à la livraison". Et d’expliquer que "les entreprises de distribution ne valident définitivement une commande et son prix de vente qu’à réception de leur approvisionnement (et non à la réservation initiale de commande)".
S’agissant du fioul de chauffage, la fin de l’hiver étant proche, la FF3C recommande de limiter les commandes au nécessaire.
P. Olivieri

Appel à limiter le remplissage des stocks
Dans un communiqué diffusé mercredi, la fédération des distributeurs de carburants (FF3C, Fédération française Combustibles, carburants, chauffage) admet que ses adhérents "rencontrent des difficultés croissantes pour l’approvisionnement du marché des gazoles vrac", principalement des transporteurs et des agriculteurs, tout en écartant tout risque de pénurie. Concernant le gazole non routier (GNR), "les besoins ne pouvant être restreints", les distributeurs recommandent "de limiter le remplissage des stocks utilisateurs pour passer le cap des délais de réapprovisionnement en substitution de la ressource russe".
Par ailleurs, compte tenu des "hausses de prix exorbitantes" qui "amplifient le risque financier des fournisseurs de produits pétroliers", les distributeurs de la FF3C annoncent qu’ils "peuvent être contraints d’exiger des paiements comptant de leurs clients professionnels s’ils ne sont pas convenablement couverts par une assurance-crédit". Enfin, ils annoncent que "les délais de livraison, considérablement rallongés du fait de la conjoncture, peuvent rendre impossible la garantie des prix à la livraison". Et d’expliquer que "les entreprises de distribution ne valident définitivement une commande et son prix de vente qu’à réception de leur approvisionnement (et non à la réservation initiale de commande)".
S’agissant du fioul de chauffage, la fin de l’hiver étant proche, la FF3C recommande de limiter les commandes au nécessaire.

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