François Lalaurette (Météo France) : « La météo n’est pas une science exacte »
Suscitant des attentes de plus en plus fortes, la prévision météorologique reste en réalité méconnue de nombreux Français qui la voient, à tort, comme une science exacte. Mise au point avec François Lalaurette, directeur des opérations chez Météo France.
Comment fonctionne aujourd’hui la prévision météorologique ?
Les premières prévisions météorologiques, ce sont donc des hommes qui ont regardé le ciel pour y trouver des signes précurseurs. Mais le vrai développement de la météorologie est né de l’essor des télécommunications au xixe siècle et du partage d’informations entre des stations continentales. Nous nous sommes alors aperçus que lorsqu’ils se déplacent, les grands systèmes de pression atmosphérique engendrent généralement des conséquences logiques qui permettent d’effectuer des prévisions météorologiques. À cette approche physique s’est ajoutée au début du xxe siècle une approche plus mathématique. Les ordinateurs puissants qui sont apparus dans la deuxième moitié du xxe siècle ont, au fil du temps, permis d’obtenir des calculs de plus en plus précis, de faire tourner des modèles permettant de comprendre rapidement comment la situation atmosphérique va évoluer d’heure en heure.
Quel est le niveau de précision des prévisions météorologiques ?
Au début du xxe siècle, les travaux d’Edward Lorenz ont fait émerger le concept d’effet papillon : si l’on fait tourner les mêmes équations plusieurs fois [NDLR : en modifiant, même de façon infime, les données], on finit par obtenir des résultats différents. C’est exactement ce qu’il se passe au niveau de la météorologie, il suffit de très peu de choses pour basculer d’une situation à une autre. Soyons clairs : la prévision météorologique parfaite est impossible. Nous disposons d’indicateurs perfectionnés comme des radars ou des satellites mais la question est de savoir ce que l’on veut prévoir. Si l’on veut connaître la localisation et l’intensité d’un orage, une donnée qui peut intéresser les agriculteurs par exemple, l’échéance est d’une heure avant, pas plus. À l’autre bout de l’échelle en matière de prévisions saisonnières, nous ne sommes aujourd’hui capables de diffuser que des tendances car les conditions atmosphériques en Europe ne nous fournissent pas assez de signaux. Les données les plus précises sont celles à l’échelle d’une semaine. On estime que tous les dix ans, nous sommes capables de gagner un jour de prévision.