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Bien vivre avec des Noires du Velay en zone de montagne

Pascal Crespy éleveur au Monastier a ouvert les portes de sa bergerie, dans le cadre de la journée Innov’Action.

Des ateliers très suivis par les éleveurs et les jeunes en formation.
Des ateliers très suivis par les éleveurs et les jeunes en formation.
© ©HLP

«Tu fais partie des éleveurs qui ont beaucoup à apporter aux autres. Tes idées, les innovations que tu as mis en place sont très intéressantes…» souligne Philippe Chatain un éleveur de moutons venu de Riotord, à Pascal Crespy chez qui est organisée la journée Innov’Action ce jeudi 19 octobre. Et c’est bien le but de ces portes ouvertes lancées par le réseau Chambres d’Agricultures : «des agriculteurs présentent leurs pratiques innovantes à d’autres agriculteurs directement sur leur exploitation. Ces rendez-vous favorisent le transfert de pratiques et de connaissances entre agriculteurs». L’éleveur accompagné des techniciens de la Chambre d’Agriculture, Didier Cathalan et Fabrice Vassort notamment, a reçu les nombreux visiteurs, éleveurs ou étudiants en agriculture, venus sur son élevage. Plusieurs ateliers étaient proposés pour aborder la génétique, l’alimentation, l’organisation du travail et des bâtiments, les outils de gestion, la commercialisation et la valorisation…
«Bien vivre avec des brebis rustiques en montagne volcanique», tel était l’intitulé de ce rendez-vous Innov’Action chez Pascal Crespy installé au lieu-dit La Queille sur la commune du Monastier/Gazeille à 900 m d’altitude. «Une exploitation à taille humaine où une bonne organisation facilite le travail et laisse le temps à l’éleveur de se consacrer à son cheptel pour améliorer ses performances», voilà résumé cet élevage de 370 brebis Noires du Velay conduites en 3 agnelages en 2 ans, sur une surface totale de 43 ha tout en prairies naturelles, par 1,1 unité de main d’oeuvre, Pascal étant secondé ponctuellement par son oncle qu’il a remplacé en 1994.
Si cette exploitation a été choisie par la Chambre d’Agriculture pour être support de cette journée, c’est parce que Pascal Crespy a fait de l’organisation de son travail son cheval de bataille. «Je m’organise à tous les niveaux» dit-il. Il a partagé un salarié dans le cadre d’un groupement d’employeurs pour la construction des bâtiments, il gère son troupeau avec le logiciel Ovitel, il compte sur l’appui de la Chambre d’Agriculture et de l’O.S. ROM section Noire du Velay, il a mécanisé la distribution des fourrages dans ses deux bergeries… et par ailleurs il bénéficie de «l’aide de (son) oncle retraité et des conseils de (son) cousin technicien».
Installé depuis plus de 20 ans, avec un troupeau qui déjà était suivi sur le plan génétique, l’éleveur est aujourd’hui en rythme de croisière mais il continue cependant à faire évoluer son troupeau et optimiser son travail et ses résultats. Et c’est la somme de toutes ces améliorations ou innovations qui était mise en avant ce jour.

Race pure Noire du Velay
Au hasard des ateliers et des discussions entre éleveurs, nous avons relevé des points forts de cet élevage. En terme de génétique, le troupeau est conduit en race pure Noire du Velay, pour ses qualités maternelles, ses aptitudes laitières, son déssaisonnement et son adaptation à ce type d’élevage. Ainsi, les 2/3 des brebis sont classées mères à béliers ou mères à agnelles. L’éleveur sélectionne ses animaux sur leur prolificité, un critère qui atteint 186 % pour un taux de mise bas de 116 % et un taux de mortalité chez les agneaux de 15 %. Les agnelles sont vendues avec une plus-value génétique non  négligeable de 20 € supplémentaires par rapport à une vente pour la boucherie. Ce choix de race pure a conduit Pascal Crespy à adhérer à l’association des producteurs «Agneau Noir du Velay» qui a lancé sa marque, dont elle est propriétaire. Les agneaux sont donc abattus localement et vendus dans les GMS et boucheries de Haute-Loire à 20 kg environ et avec un prix garanti à l’année.
Avec un haut taux de productivité et une très bonne valorisation des produits, l’exploitation affiche de bons résultats économiques avec un coût de production du kilo de carcasse inférieur à 10 €, et une marge brute de 170 €/brebis ou 1 100 €/UGB ovine.
Mécanisation de la distribution des fourrages
De bons résultats technico-économiques et une valorisation intéressante, c’est bien. Mais Pascal Crespy veut aussi de bonnes conditions de travail. C’est pourquoi, il s’est penché avec attention sur l’aménagement de ses bâtiments. Ainsi la bergerie principale qui abrite les brebis est équipée d’un tapis pour le fourrage distribué sous forme de grosses bottes carrées approchées sur un plateau-chariot, et le concentré lui aussi amené avec une trémie sur roue en tête de tapis. Le bâtiment d’engraissement que les agneaux rejoignent au sevrage, est divisé en deux dans le sens de la longueur avec un côté pour les femelles et l’autre pour les mâles, ceci afin de faciliter le tri. Pour la pesée, l’éleveur a installé un treuil qui coulisse sur un rail sur la charpente permettant d’y accrocher la cage de pesée qui est facilement descendue et installée où et quand il le veut. Gain de place, facilité de déplacement et de rangement… une astuce à reproduire.
Et pour le nettoyage des bergeries, quelques barrières à ouvrir et le tracteur peut passer.

Gérer son troupeau avec Ovitel
Pour la gestion de son cheptel, Pascal Crespy utilise le logiciel dédié, Ovitel, avec un lecteur de puce. C’est à la fois un gain de temps pour l’éleveur notamment dans la lecture des boucles et le suivi de chaque brebis, et une facilité de gestion de l’ensemble du troupeau. Ce logiciel, nous explique Maurice Mourgues technicien Chambre, permet de gérer en temps réel l’inventaire, les bonnes pratiques, les performances, la planification des étapes de l’élevage, mais aussi le calcul des aides ovines et la tenue du tableau de bord réglementaire. Un outil très utile qui est actuellement testé dans une version un peu plus «light» pour des éleveurs non sélectionneurs qui souhaitent néanmoins avoir un bon suivi de leur troupeau. Pascal Crespy souligne notamment : «Avec Ovitel, je gagne du temps pour les notifications de mouvement».
Sur cet élevage, nous n’avons pas repris toutes les innovations que l’éleveur a mises en place ou développées pour optimiser son travail sur le plan quantitatif comme qualitatif, parce qu’elles sont nombreuses, parfois toutes simples, mais elles contribuent à faire de lui «un éleveur heureux et souriant», parole du technicien Fabrice Vassort. Et en moutonnier passionné et curieux, nul doute que Pascal Crespy continuera au fil des ans à apporter çà et là dans son exploitation nombre de petits ou grands trucs et astuces.
Cette année Innov’Action a choisi de mettre en avant l’élevage ovin avec son panel d’innovations au service de l’ensemble des éleveurs, et les trucs en plus chez Pascal Crespy. Et les nombreux visiteurs qui se sont déplacés à La Queille sont repartis avec des idées à transposer chez eux. Philippe Chatain était content d’être là pour discuter technique entre éleveurs et montrer qu’«on peut vivre du mouton, qu’on en vit…».

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