Au coeur de la saline royale d'Arc-et-Senans
Ancienne manufacture de sel du xviiie siècle, la Saline royale d'Arc-et-Senans dans le Doubs est le chef-d'oeuvre de Claude Nicolas Ledoux.
Il est des bâtiments dont la localisation interroge. La saline royale d'Arc-et-Senans, cette « usine » à sel en plein coeur du Doubs exploitée dès le xviiie siècle, est de ceux-là. Pour comprendre le choix de cette implantation, un détour par l'est s'impose. La production de sel se fait principalement de deux façons : soit à partir du sel marin dans des marais salants ; soit à partir de sel de gemme (des cristaux). En Franche-Comté, c'est cette deuxième forme de sel que l'on trouve, cristallisé dans une mer qui s'est retirée il y a des millions d'années. Ces cristaux, remontés à la surface suite à des mouvements géologiques, viennent charger de sel l'eau douce qui ruisselle à son contact : c'est la saumure. Le sel peut alors s'extraire par évaporation en chauffant la saumure. Ces zones salifères se répartissent en trois ensembles géographiques : de Lons-le-Saunier à Salins ; en bordure des Vosges méridionales autour des sources de Saulnot, Couthenans, etc. ; au nord de Besançon, avec le gisement de Miserey. L'exploitation de sel en Franche-Comté s'étend du début de notre ère, selon des témoignages archéologiques à Grozon, à 1966, date de fermeture de Montmorot. Outre Grozon, seules les salines de Salins et de Lons-le-Saunier sont attestées avant l'an mil. À Arc-et-Senans, l'exploitation débute en 1779. Sur recommandation de Madame du Barry, Claude Nicolas Ledoux est nommé « commissaire aux salines de Lorraine et de Franche-Comté » en 1771. Il est chargé de composer un projet de saline moderne, assez inédit pour l'époque.