Un poulailler performant avec chaudière à bois
Patrick et Frédéric Riou ont équipé leur bâtiment neuf de 2100 m2 d’un chauffage par aérothermes, pour mieux maîtriser le risque de pododermatites et les coûts énergétiques.
Patrick et Frédéric Riou ont équipé leur bâtiment neuf de 2100 m2 d’un chauffage par aérothermes, pour mieux maîtriser le risque de pododermatites et les coûts énergétiques.
À Plougoulm dans le Finistère, Patrick et Frédéric Riou ont transformé leur site d’élevage qui comprenait deux anciens poulaillers parallèles de 1050 m2. Celui en contrebas a été détruit et remplacé par un bâtiment de 2100 m2. Le second a été arrêté et héberge désormais la chaudière à bois de 220 kW alimentant le poulailler neuf. Pour les deux frères associés au sein de la SARL de Kérichen, la décision d’investir dans une chaudière à biomasse et dans des aérothermes répondait d’abord à un choix technique et sanitaire. « Notre objectif est d’améliorer la maîtrise des pododermatites grâce à une litière plus sèche. Avec une source d’énergie moins chère que le gaz, on peut se permettre de chauffer davantage. Il y a moins d’humidité à évacuer qu’avec un système à combustion intérieure. Cela va dans le sens de la démédicalisation », expliquent-ils. La chaudière Heizomat de 220 kW répond à 100 % des besoins de chauffe du bâtiment. Elle est alimentée par des plaquettes de bois achetées à un producteur local. « On a souhaité avoir un système simple à gérer, sans surcharge de travail », expliquent les éleveurs, pour qui l’optimisation du temps de travail a toujours été une priorité. Avec Céline Le Maillot, compagne de Frédéric, ils gèrent en tout près de 11 000 m2 de poulaillers de poulets lourds, répartis sur deux sites, en partenariat avec Huttepain Aliment.
Lumière naturelle et sol bétonné
Au-delà du mode de chauffage, les choix d’équipement du poulailler neuf ont été guidés par des objectifs de confort de travail et de performances techniques. Conçu par le charpentier finistérien Miorcec, le bâtiment est isolé au niveau du plafond comme les parois par une couche de 60 mm de mousse de polyuréthane. Il est équipé d’une ventilation à extraction haute, sous concept Skov. Les deux groupes de trois cheminées de 25 000 m3/h (dont celle du milieu est progressive) sont complétés par une extraction en pignon (5 turbines). Intégré dans la démarche Nature d’Éleveurs initiée par LDC, le bâtiment est équipé d’une dalle bétonnée et de fenêtres (PVC à double vitrage) représentant 3 % de la surface au sol, en complément d’un éclairage par des tubes à leds. Il ne dispose néanmoins pas de pignon en bois, la couleur bleu-gris du bardage étant imposée par la loi du Littoral, le site se situant tout près de la mer.
Régulation automatique de la pression d’eau
Pour la distribution de l’aliment, les éleveurs ont opté pour trois lignes d’assiettes Demes 45 de Tuffigo-Rapidex, qui ont la particularité de déverser l’aliment sur le papier pour faciliter le démarrage (deux de leurs bâtiments en sont déjà équipés). Elles s’ajoutent aux deux lignes de mangeoires Multibeck qui ont été récupérées du bâtiment déconstruit, de même que les 4 silos extérieurs. Ces derniers sont reliés à une trémie mélangeuse, abritée dans un local, pour optimiser les transitions alimentaires. Les lignes de pipettes Lubing sont reliées à l’automate Lubing E-control qui gère automatiquement la pression d’eau, en fonction du débit instantané, ainsi que les fonctions de rinçage. Par sécurité, le bâtiment a été équipé de conduites de gaz, qui pourront être rapidement raccordées à des aérothermes mobiles, en cas de panne de la chaudière à bois.
Le bâtiment a coûté 649 000 €, soit 309 €/m2, un coût relativement maîtrisé vu son niveau d’équipement. « Ce type de chauffage innovant est grosso modo trois fois plus cher qu’un système classique, soit 114 000 € (54 €/m2) comprenant la chaudière, le réseau d’eau chaude et les aérothermes. » Les subventions atteignent 21,4 % du coût du bâtiment en comptant l’aide de l’Ademe (19 160 € dans le cadre du plan bois énergie), du PCAE (50 000 €) et d’Huttepain Bretagne/LDC : 30 €/m2 d’aide de la construction, 4 €/m2 pour le sol bétonné et 30 % de l’investissement pour les fenêtres. Le bâtiment est financé par deux prêts, avec une annuité en croisière de 14,40 €/m2. Il produira 5 à 6 lots par an de poulets lourds, avec une marge prévisionnelle de 12 €/m2/lot (densité de 19 animaux/m2, abattage à partir de 45 jours, avec un objectif de poids d’1,9 kg pour les femelles et de 3,3 kg pour les mâles). Ce nouvel investissement contribue à pérenniser l’exploitation, dont quatre des six poulaillers ont désormais moins de quatre ans.
À retenir
De 30 % en 2019, la proportion de bâtiments rentrant dans la démarche Nature d’Élevage sur la zone Bretagne atteindra 60 % d’ici la fin du premier trimestre. L’objectif d’Huttepain Bretagne est d’atteindre 100 % d’ici fin 2021.
Une combustion optimale
La chaudière à biomasse installée dans l’ancien poulailler a une puissance de 220 kW.
Les éleveurs ont opté pour le modèle industriel RHK-AK du constructeur Heizomat à simple dessileur et avec foyer et turbulateurs horizontaux. Elle est polycombustible, même si dans les faits, elle ne sera alimentée qu’avec du bois déchiqueté à 20-25 % d’humidité. « On l’a choisi pour son mode de combustion optimisée. Elle est moins capricieuse sur la qualité du bois », justifie Frédéric Riou « Entièrement automatisée, la chaudière est adaptée pour des combustibles difficiles, confirme François de l’Escale, du distributeur Saelen Énergie. « Elle accepte des plaquettes jusqu’à 10 cm. » Stocké dans un silo couvert de 100 m3 de capacité construit contre l’ancien poulailler, le bois déchiqueté est repris par un dessileur à bras articulés de 5 m. Il est amené par une première vis jusqu’à une écluse rotative permettant d’avoir un système antiretour de feu étanche et de couper les queues de broyage. Grâce à une sonde à ultrasons, elle permet un réglage précis du débit de combustible. Le corps de chauffe est maintenu à température en permanence (mode feu continu pour éviter qu’il ne rouille). Les flux d’air chaud circulent dans les échangeurs de chaleur horizontaux. Ils sont équipés de turbulateurs, des vis sans fin qui les nettoient afin de garder un rendement de combustion maximale. Par transfert de calories, l’eau chauffée transite dans un ballon de stockage de 985 l (80 °C en sortie de ballon) et parvient jusqu’aux aérothermes par un réseau souterrain. Les 4 aérothermes Multiheat (distributeur ATS) diffusent un air à 55 °C. Ils sont fixés à environ 80 cm du sol.