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Effets de l’amélioration génétique des poules pondeuses
Comment produire plus longtemps des œufs calibrables

Moyennant un itinéraire technique adapté, un cheptel de pondeuses peut désormais produire plus de 500 œufs calibrables à l’âge de 100 semaines.

L’obtention de poules génétiquement préparées à « assurer » une longue durée de ponte est relativement récente. Jusqu’aux années 90, l’Institut de sélection animale ISA (1) sélectionnait ses lignées pures en gardant les candidates à la sélection jusqu’à l’âge de 60 semaines. Tout a changé au début des années 2000, lorsque ce schéma n’a plus permis d’améliorer la qualité des coquilles, alors que continuait l’amélioration de la persistance de ponte. Pour retrouver des poules productives et à coquille solide, il fallait recréer de la variabilité génétique. ISA a repoussé la durée de sélection à 80 semaines, puis à 100 semaines à partir des lots de 2008. En sélection, les premiers résultats ont été obtenus en 2010 et la première génération de poulettes associant productivité, persistance et qualité de coquille est née en 2015. Le standard ISA est de 386 œufs à 85 semaines et 409 à 90 semaines, mais il va être bientôt réactualisé. Désormais les poules commerciales peuvent dépasser 100 semaines d’âge en souches blanches et 90 semaines en souches brunes. « Pas toutes, tempère Fabien Galéa, nutritionniste et responsable en France de la production du sélectionneur (lignées commerciales et parentales). En termes de persistance, il existe des différences entre les génétiques. »

Apport calcique et foie protégé

Mais la génétique ne suffit pas. « Pour prolonger dans de bonnes conditions, certains paramètres techniques doivent être respectés », souligne Fabien Galéa, qui énumère les points clés.

D’abord, avoir reçu un lot homogène et en bonne condition. La poulette doit avoir eu un développement osseux suffisant avec un bon stock de calcium, même si l’apport de calcium alimentaire reste essentiel. « Il est primordial de maintenir le capital osseux le plus longtemps possible », commente le nutritionniste. Habituellement fixé à 4,2 % en fin de ponte, le calcium alimentaire n’est pas à augmenter. Il faut surtout veiller à ce qu’il soit disponible quand se forme l’œuf, c’est-à-dire le soir, en travaillant sur les horaires de distribution (60 % de la ration l’après-midi) avec du calcium particulaire. Le transfert du calcium de l’intestin vers les ovaires est lié au métabolisme de la vitamine D, donc au foie. Un foie qui dysfonctionne impacte le nombre d’œufs et la qualité de la coquille. Il ne faut donc pas hésiter à incorporer de la choline dans l’aliment en quantité (au minimum 500 ppm).

Ne pas pénaliser les meilleures poules

En fin de ponte, il ne faut pas abaisser les autres nutriments (protéines et acides aminés notamment) sous prétexte que le taux de ponte diminue. « Sinon, on pénalise les meilleures poules qui continuent de pondre à un haut niveau. La baisse globale est liée aux poules qui s’effondrent en fin de cycle et qui font chuter la moyenne. »

Par contre, le niveau énergétique peut être réduit de 30 à 50 kcal/kg (entre 1 et 2 %), afin de prévenir l’engraissement de la poule et du foie. Un « diluant énergétique » riche en fibres (tourteau, luzerne) aura un impact positif sur l’emplumement et la viabilité.

En termes de conduite, Fabien Galéa souligne l’intérêt d’une pesée au moins une fois par mois, et deux fois par mois à l’entrée en ponte. Enfin, l’élevage en cage aménagée augmente l’hétérogénéité des poids en fin de lot. Pour diminuer les écarts, il faut parfois distribuer un aliment plus fin qui réduit le tri.

(1) Société du groupe Hendrix Genetics depuis 2005.

« Plus de 500 œufs commercialisables à 99 semaines »

Yann Étienne détient quatre sites en Bretagne dont trois produisent des œufs destinés à l’industrie agroalimentaire. Son contrat de rachat stipule une réforme à 90 semaines au plus tard, mais l’éleveur a voulu aller plus loin avec ses poules blanches Dekalb. L’allongement a été testé avec succès lors des deux lots précédents. « Nous avons réformé 150 000 poules à 99 semaines, détaille Gérard Le Menn, son directeur technique. À 90 semaines, la masse vendue a atteint 27,95 kg (pour un standard à 26 kg). À 99 semaines, on a dépassé les 500 œufs vendus par poule. »

Pour y parvenir, Yann Étienne et Gérard Le Menn se sont appuyés sur l’expérience de collègues européens (Espagne, Italie, Pays-Bas). Leur ligne de conduite est de prendre de l’avance dès que possible. « Nous avons testé une mise en place à 16 semaines. Paradoxalement, c’est ce lot qui a le mieux performé et qui avait la meilleure qualité d’œuf à 90 semaines, détaille Gérard Le Menn. Nous avons largement dépassé les 28 kg de masse exportée. C’est ce qui nous fait croire qu’on pourrait atteindre 110 semaines avec de bonnes conditions d’élevage. »

Poulettes plus jeunes et plus lourdes

La préparation de la poulette est prépondérante, sachant qu’elle est transférée plus jeune (17 semaines ou moins) et alourdie (1,35 kg à 17 semaines, environ 100 g de plus). Les deux managers préfèrent des oiseaux élevés en cage et transférés plus jeunes. « On atténue les stress et on leur laisse plus de temps pour s’adapter aux changements (bâtiment, lumière, aliment), tout en continuant à prendre du poids. » S’ajoute une attention apportée aux supplémentations en vitamines dans l’eau de boisson, aux apports de calcium particulaire (après 40 semaines d’âge) et aux cures régulières d’hépato protecteur. L’objectif est de se passer au maximum du recours aux antibiotiques, et même de les supprimer. La génétique joue aussi. Selon ISA, la Dekalb est une poule rustique qui supporte les variations d’environnement et d’alimentation, sans effet majeur sur ses performances. La viabilité du lot précité a été de 94,9 % à 90 semaines. La consommation moyenne par poule a atteint 112 g/jour entre 17 et 90 semaines.

Un intérêt économique variable

« L’allongement de la durée de la ponte permis par la sélection génétique est inégalement appliqué dans le monde », constate Fabien Galéa, nutritionniste. Les champions se trouvent en Asie et en Amérique du Sud, avec des lots pouvant atteindre 105-108 semaines en souches blanches. En Europe, les Pays-Bas appliquent depuis très longtemps des réformes au-dessus de 80 semaines, parce que les éleveurs sont très connectés au marché et très focalisés sur l’optimisation économique (revenu par place de poule). Si la France tarde à allonger la durée de ponte, c’est lié aux cahiers des charges des enseignes de la distribution qui n’acceptent plus d’œufs de poules de plus de 68 ou 72 semaines. Pour contourner cet obstacle, certains avancent l’entrée en ponte. D’autres fournissent uniquement l’industrie de transformation et pratiquent le cycle long souvent avec des poules blanches. La stratégie « hybride » consiste à vendre aux GMS, puis à produire pour l’industrie (ou vendre à la distribution hard-discount) en fonction des cours du moment.

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