Prévenir la coccidiose par le nettoyage et la désinfection des poulaillers
En éliminant au maximum les oocystes de l’environnement, un nettoyage et une désinfection efficaces du bâtiment limitent le risque de contamination des poussins au démarrage.
En éliminant au maximum les oocystes de l’environnement, un nettoyage et une désinfection efficaces du bâtiment limitent le risque de contamination des poussins au démarrage.
Saviez-vous qu’un oocyste peut survivre jusqu’à un an en conditions favorables ? Cette forme sporulée et infectante de la coccidie, responsable de la coccidiose, est très résistante dans l’environnement. « S’il est utopique de viser le 'zéro coccidie', il est essentiel de maintenir un faible niveau d’infestation dans le poulailler pour éviter de contaminer les jeunes oiseaux d’un lot à l’autre », a souligné Bruno Sand, de l’entreprise Théséo lors d’un webinaire organisé avec le laboratoire MSD Santé animale.
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Cela passe par un renforcement de la biosécurité extérieure pour contrôler l’introduction des oocystes dans le bâtiment et par un protocole complet de nettoyage et désinfection au vide sanitaire, que le responsable technique biosécurité préconise en huit étapes.
Un balayage soigneux avant lavage
L’étape préliminaire, qui permettra de gagner en temps et en efficacité, est de bien préparer le bâtiment au nettoyage. Une fois le petit matériel et le fumier évacués, les parties hautes sont dépoussiérées et les grosses salissures sont raclées. « Il est important de réaliser un balayage soigneux du sol, idéalement avec une balayeuse, pour évacuer les restes de litière et de fientes dans lesquels se logent les oocystes sporulés. »
Laver aussi les trottoirs bétonnés
Le trempage, manuel ou via les rampes de brumisation haute pression, va saturer l’atmosphère en humidité et ramollir les salissures, plus faciles à décoller. « Il est réalisé le plus tôt possible après le départ des animaux, trois heures au plus avant le décapage », précise Bruno Sand. « Ce dernier vise à obtenir une propreté visuelle en utilisant une pompe à haute pression de 120-140 bars et en privilégiant un bon débit (20-25 l/min). Il est réalisé si possible avec la lance à jet plat, en opérant du fond vers l’entrée du bâtiment et du haut vers le bas. »
Vient ensuite l’étape de la détergence, pour laquelle Bruno Sand conseille une application sous forme de mousse. « Visuelle et pratique, elle permet de gagner du temps et un nettoyage efficace via son action chimique et un temps de contact de 10 à 30 minutes. » Il est aussi préconisé de déterger les dalles et les pourtours bétonnés à l’extérieur du poulailler, pour éviter la réintroduction des oocystes à l’intérieur.
Un désinfectant qui agit sur les coccidies
Le rinçage qui suit la détergence a un effet chasse d’eau et évacue tout ce qui a été décroché des surfaces par le détergent (la matière organique ainsi que les oocystes). La désinfection est réalisée une à quatre heures après, « sur des surfaces humides mais pas détrempées ». Bruno Sand conseille un désinfectant sous forme de mousse avec un large spectre. « Il faut bien vérifier son efficacité sur les oocystes, car les désinfectants classiques ne le sont pas toujours. » Il est possible d’augmenter la concentration de la solution désinfectante sur les surfaces en terre battue afin de bien imprégner le sol. La bonne désinfection des sols est d’autant plus primordiale dans le cas d’une dalle bétonnée. Les éventuelles fissures peuvent constituer des zones de réservoir d’oocystes. « De plus, les litières étant souvent moins épaisses qu’en terre battue, le poussin risque d’entrer en contact plus rapidement avec les oocystes, d’où l’importance d’utiliser un produit homologué », confirme Nadine Cariou, de MSD Santé animale. La vétérinaire a insisté sur l’importance du nettoyage et de la désinfection des surfaces et équipements avec lesquels le poussin est rapidement en contact : le sol mais également le petit matériel (mangeoires, becquées…). « Ces équipements souvent en plastique deviennent plus poreux avec le temps. »
Un séchage très rapide
Après l’étape de la désinfection, le poulailler doit être rapidement séché en 12-24 h par aérotherme. « Il faut éviter les flaques et zones d’humidité résiduelles, dans lesquelles pourraient se développer des micro-organismes. » Après le vide sanitaire, bâtiment fermé, la désinfection terminale réalisée 24 à 48 heures avant l’arrivée des poussins, une fois la litière et les petits équipements installés, va assainir l’air et les surfaces (thermonébulisation ou fumigation).
Une course de vitesse entre les coccidies vaccinales et sauvages
Un poulailler bien désinfecté est un préalable nécessaire à une bonne mise en place de l’immunité locale de poussins vaccinés contre les coccidies.
La lutte contre la coccidiose se fait principalement par deux moyens : l’utilisation d’anticoccidiens dans l’aliment ou la vaccination. « Il est essentiel que le démarrage des poussins vaccinés se fasse dans un environnement peu chargé en coccidies sauvages », a rappelé Nadine Cariou. Pour bien comprendre, la vétérinaire s’est appuyée sur le cycle de reproduction des coccidies, dont la phase de multiplication asexuée est très efficace.
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« Un poussin qui ingère 100 oocystes d’Eimeria acervulina va excréter jusqu’à 100 millions d’oocystes à la fin d’un cycle de multiplication, dont la durée de quelques jours est spécifique à chaque type de coccidies. » Les souches vaccinales sont des souches atténuées et précoces. Elles ont un cycle de reproduction plus court d’un jour mais aussi un nombre d’oocystes excrétés réduit par rapport aux coccidies sauvages. « Dans le cas d’E. acervulina, l’excrétion est réduite de 93 % pour un cycle réduit de 23 heures. » Les souches vaccinales vont se multiplier à la même vitesse, mais avec un bon nettoyage et une bonne désinfection du bâtiment, elles seront moins en compétition avec les populations sauvages, plus prolifiques et plus pathogènes pour les poussins.