« Nous avons transformé notre canardier en poulailler avec jardin d’hiver »
Touché par la grippe aviaire en 2022, le Gaec de l’Harmonie a choisi d’arrêter le canard de chair et de transformer son bâtiment en poulailler avec jardin d’hiver, selon le concept Terre Neuve du Groupe Michel.
Touché par la grippe aviaire en 2022, le Gaec de l’Harmonie a choisi d’arrêter le canard de chair et de transformer son bâtiment en poulailler avec jardin d’hiver, selon le concept Terre Neuve du Groupe Michel.
« Nous nous posions déjà la question de continuer ou non le canard de Barbarie, explique Adrien Petit-Grégoire, 36 ans, associé du Gaec de l’Harmonie avec son père Rémy Petit, 62 ans, et sa femme Brune, 33 ans. Le bâtiment, de 1982, aurait dû être rénové. De plus, nous avons des pondeuses et avions toujours la crainte de salmonelles passant des canards aux poules. » L’exploitation, à Loireauxence, en Loire-Atlantique, comptait alors 1 000 m² en canard avec les Ets Braud/Groupe Michel, 1 000 m² en poulet-dinde avec Terrena, 18 000 poules plein air et 70 vaches laitières, sur 120 hectares.
« En avril 2022, nous avons eu la grippe aviaire, indique Adrien. L’exploitation a été vide pendant huit mois. Cela nous a laissé le temps de poser les chiffres. Le bâtiment poulet-dinde, passé en lumière naturelle en 2019, fonctionne bien. Nos résultats n’étaient pas mauvais en canard, mais avec le problème de la main-d’œuvre, une qualité de canetons en baisse et beaucoup de flou sur les perspectives en Barbarie. »
Après avoir rencontré Baptiste Combréas, chargé du développement volailles chez Braud, le Gaec décide donc de transformer son canardier en poulailler avec jardin d’hiver selon le modèle Terre Neuve.
« Le Terre Neuve est un bâtiment avec jardin d’hiver sur un ou deux côtés, qui vise à répondre à l’European Chicken Commitment (ECC), précise Baptiste Combréas. Les volailles sont élevées en bâtiment pendant la moitié de leur vie, jusqu’à vingt-un jours en poulet et six semaines en dinde. Puis les trappes sont ouvertes pour qu’elles aient accès au jardin, jour et nuit, hiver comme été. L’idée est de réduire la densité tout en gardant le même nombre d’animaux et avec un investissement limité par rapport à un bâtiment. »
Un « jardin » de 500 mètres carrés sur un côté
Le permis de construire a été obtenu sans difficulté. Le choix a été fait de créer un préau semi-ouvert de 500 m² (7,50 m x 67 m) sur le côté ouest du bâtiment de 1 000 m² (15 m x 67 m). « L’ECC prévoit au moins 40 % de la surface en jardin, précise Baptiste Combréas. En avoir 50 % permet d’amortir les travaux sur un plus grand nombre d’animaux élevés, tout en gardant la même densité. »
Les travaux de terrassement, assainissement, maçonnerie du jardin, en grande partie réalisés par les éleveurs, ont débuté en août 2022. Les éleveurs ont ensuite démonté les caillebotis et les racleurs, détruit les couloirs et percé le long pan pour y installer les trappes. « Nous avons démonté les panneaux en fibrociment du milieu et du bas du mur, explique Adrien. Comme ils contiennent de l’amiante, nous avions auparavant contacté notre assureur pour nous couvrir sur ce point. »
Le reste des travaux du jardin a été réalisé par la société Dugué. Le bâtiment ne mesurant que 2,10 m de haut sur les côtés, la toiture du jardin a été construite en contre-pente, pour conserver une certaine hauteur dans le jardin. La charpente a été fixée sur celle du bâtiment et recouverte de panneaux sandwichs et de tôle. Enfin, un rideau en bâche, relevable sur treuil automatisé, a été installé, surmonté d’un bandeau en translucide. Le jardin sera équipé de perchoirs, les anciens caillebotis pour les dindes et des perchoirs label pour les poulets.
Adaptation de la ventilation
L’intérieur a été adapté à la production de dinde et poulet, avec l’installation de godets récupérateurs sur les lignes d’eau, de deux lignes de godets pour les dindes (Super Easy Finish) et de deux lignes d’assiettes Multibeck. Les radiants, récents, ont été ramenés au centre du bâtiment. « Les animaux se déplacent ainsi plus librement » estime Adrien. Deux rampes de brumisation haute pression ont été installées.
Toute l’électricité, sauf les néons, également récents, a été refaite. Et la ventilation, auparavant statique, a été modifiée, avec l’installation de quatre turbines d’extraction en pignon, de 40 000 m3/h, et le réglage du lanterneau. « Comme les trappes restent ouvertes jour et nuit et que le jardin ajoute de la largeur, nous avons travaillé sur la ventilation pour garantir un bon renouvellement de l’air dans le bâtiment, sans créer de vitesse d’air au niveau des trappes, précise Baptiste Combréas. Les consignes sont bien au point et nous accompagnons les éleveurs à l’ouverture des trappes. »
Retour sur investissement en six à huit ans
« Nous espérons un retour sur investissement en six à huit ans », indique Adrien Petit-Grégoire associé du Gaec de l’Harmonie.
Le coût des travaux s’est élevé à 160 euros par mètre carré de bâtiment, dont 87 400 euros pour le jardin d’hiver, financé avec un prêt amorti sur dix ans. Les éleveurs ont aussi assuré plus de 250 heures de travail. Avec 1 000 m² de bâtiment et 500 m² de jardin, le Gaec pourra mettre en place 5,5 lots par an de 22 000 poulets ECC, sans antibiotique, non-OGM, ou 2,5 lots de dindes en démarche certifiée ou Bleu-Blanc-Cœur, sans antibiotique, non-OGM. La densité sera de 5 par mètre carré en dinde et 15 par mètre carré en poulet.
« L’expérience sur plus de 80 bâtiments Terre Neuve montre que les volailles y ont moins de problèmes sanitaires et articulaires, un indice de consommation maîtrisé, moins de mortalité et de saisies à l’abattoir… », assure Baptiste Combréas. En plus des gains techniques et d’une garantie sur les rotations pendant la durée d’amortissement, le groupe apporte une plus-value « jardin » à la tonne de volailles (non communiquée), ainsi qu’une prime « inflation » compensant l’écart des coûts de construction entre le coût réel et les études préliminaires.
100 bâtiments engagés en démarche Terre Neuve
La société Braud est une des filiales du Groupe Michel, qui commercialise 800 000 tonnes d’aliment dans le Grand Ouest, à 40 % en volaille, et met en place chaque semaine 600 000 poulets, dont 200 000 certifiés, 60 000 dindes, dont 45 000 certifiées, 80 000 canards et 20 000 pintades.
Depuis 2019, le groupe ne contractualise plus en neuf qu’avec des éleveurs choisissant des poulaillers Terre Neuve. « L’idée est de se différencier par la production de poulets et dindes alternatives, positionnés entre standard et label », précise Miguel Lardeux, responsable commercial de Braud. Fin 2023, le groupe aura accompagné la réalisation de 100 bâtiments poulet-dinde Terre Neuve, dont 40 % en rénovation. Deux projets de canardier neuf en Terre Neuve ont aussi été réalisés et 4 à 5 projets de création sont à l’étude.