L’interprofession de la volaille de chair lance un plan sociétal de cinq ans
L’interprofession de la volaille de chair lance Ambition 2025, un plan en six objectifs pour répondre aux demandes de tous les consommateurs
L’interprofession de la volaille de chair lance Ambition 2025, un plan en six objectifs pour répondre aux demandes de tous les consommateurs
Le plan Ambition 2025 que vient de lancer l’interprofession des volailles de chair (Anvol) avant le Salon de l’agriculture est-il le frère jumeau du Contrat sociétal d’avenir lancé en octobre 2016 par l’interprofession de l’œuf (CNPO) ? Pas dans son contenu, mais l’intention de rassurer la société civile est la même. Il s’agit aussi d’être proactif et d’arrêter de se laisser critiquer sans réagir. Car en 2019, le secteur a connu de nombreuses attaques matérialisées par les vidéos chocs de L214 et DXE sur les réseaux sociaux. Beaucoup de projets de bâtiments neufs sont contestés. Le déficit de communication est évident et l’Anvol s’est donné comme mission d’y remédier. Pour Jean-Michel Schaeffer, le président d’Anvol, il s’agit de « répondre aux attentes sociétales tout en luttant contre les importations ». Les filières françaises font face à deux injonctions paradoxales : rester compétitif et fournir de la viande d’animaux élevés de manière moins intensive. « La France peut déjà y répondre, estime Anne Richard, directrice d’Anvol, puisque c’est le pays qui offre la plus large palette de modes d’élevage, allant du bio au standard. »
Six objectifs à remplir d’ici 2025
Le plan va porter sur six thèmes jugés importants pour les filières :
- Couvrir toutes les attentes du marché, allant de la volaille standard au haut de gamme. « La filière doit pouvoir répondre aux demandes de viande d’entrée de gamme par la RHD et l’industrie de transformation. Être aussi compétitif que nos voisins sera sans doute l’objectif le plus difficile à atteindre », estime Anne Richard. Anvol s’engage aussi sur le cahier des charges Better Chicken Commitment, avec un poulet à croissance ralentie élevé en claustration à des densités réduites (30 kg/m2 au maximum). Mais ce nouveau segment à créer implique un surcoût du vif estimé entre 22 et 28 % par rapport au standard (et 40 à 44 % sur le filet) ;
- Élever 50 % des volumes en lumière naturelle, dont 30 % en bâtiment fermé. Aujourd’hui, 15 % de ces bâtiments sont équipés de fenêtres. Les 20 % restant proviendront des élevages en plein air ;
- Engager 100 % des élevages dans les bonnes pratiques, grâce au déploiement de deux applications, Eva permettant d’auditer un élevage sur tous les points réglementaires et Ebene mesurant objectivement et quantifiant le bien-être animal ;
- Utiliser des aliments "zéro déforestation". Les fabricants emploient déjà 80 % de matières françaises, le solde étant surtout des protéagineux importés (soja) à relocaliser ou à certifier sans impact sur la déforestation ;
- Réduire l’utilisation des antibiotiques de 60 % par rapport à 2011. Leur usage ayant diminué de 55 % jusqu’en 2019, l’objectif est atteignable tout en sachant que plus on réduit plus le gain supplémentaire est difficile à obtenir ;
- Conserver des élevages à taille humaine. « Les consommateurs imaginent à tort que les élevages avicoles sont des « fermes usines ». Il faut leur expliquer qu’un éleveur détient en moyenne 40 000 volailles pour 2 300 m2 de poulaillers, et qu’il en est propriétaire et exploitant. Nos concurrents sont bien au-delà, ce qui explique une partie de l’écart de compétitivité sur le poulet standard. »
Élevages « maillon faible » de la reconquête
Ce plan Ambition 2025 s’inscrit dans la continuité du contrat de filière établi fin 2017 juste après les États généraux de l’alimentation à la demande du gouvernement. Il prévoyait la reconquête des importations grâce à des investissements massifs (3 milliards d’euros d’ici 2023) et au soutien des pouvoirs publics. Selon Anvol, 630 M€ ont pour l’instant été injectés, principalement dans les outils aval (400 M€ contre 300 prévus) mais pas assez dans les élevages (200 M€ sur 2,3 milliards nécessaires). « L’amont est le maillon faible", admet Jean-Michel Schaeffer, demandant un renforcement des aides publiques. « Le PCAE n’est pas à la hauteur des ambitions et les projets sont freinés par des procédures longues et des oppositions quasi systématiques », précise Anne Richard. L’enjeu est de taille. La France peut-elle accepter de perdre sa souveraineté alimentaire alors que les tonnages de poulet importés ont encore augmenté de 2,6 % en 2019 ?
Les demandes d’Anvol
Affichant un volontarisme certain, l’interprofession demande des contreparties.
L’étiquetage obligatoire du pays producteur sur tous les produits contenant de la viande de volaille ;
L’arrêt de nouvelles négociations d’accords commerciaux internationaux (avec les États-Unis notamment) ;
La révision de la limitation à 25 % des volumes vendus en promotion dans le cadre de la loi Alimentation.
Le saviez-vous ?
Le surcoût de production par rapport à un poulet standard de 36 jours est de :