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"L'installation progressive en volailles est une bonne formule"

Après quinze ans de salariat, Jonas Dibou s’est installé en reprenant l’élevage de poules reproductrices de Joël Caro. Il s’est formé et a réalisé un stage de parrainage pour démarrer dans les meilleures conditions.

Jonas Dibou s'est installé hors cadre familial et a repris un élevage de poules reproductrices dans les Côtes d'Armor.
Jonas Dibou s'est installé hors cadre familial et a repris un élevage de poules reproductrices dans les Côtes d'Armor.
© A. Puybasset

Jonas Dibou fait partie des jeunes installés Nima – Non issus du milieu agricole –, qui représentent une part grandissante des installations en agriculture. Au premier janvier 2023, il a repris à 37 ans les rênes d’un élevage de quelque 16 000 poules reproductrices à Ploeuc-L’hermitage dans les Côtes d’Armor. Titulaire d’un BTS en maintenance industrielle, Jonas a auparavant travaillé quinze ans en usine. C’est lors de son dernier poste de cinq ans en tant que technicien monteur et SAV chez l’équipementier avicole Ets Michard, qu’il a mûri son projet d’installation en volaille, son dirigeant lui ayant transmis sa passion pour cette production très technique.

Une transparence sur la rentabilité de l’élevage

Lors de ses premières recherches et visites d’élevage, Jonas a vite su quel type d’exploitation il recherchait. « L’élevage de poules m’intéressait davantage, du fait du suivi technique sur une bande longue. Je souhaitais une production rémunératrice, me permettant de maintenir mon niveau de vie, avec un élevage à moins de 20 km de mon habitation et de préférence une installation en individuel, tenant à être autonome et décideur. »

 

 
Mis à part les heures d’astreinte du matin pour le ramassage des OAC, l'éleveur apprécie de pouvoir s'organiser assez librement le reste du temps.
Mis à part les heures d’astreinte du matin pour le ramassage des OAC, l'éleveur apprécie de pouvoir s'organiser assez librement le reste du temps. © J. Dibou
L’annonce de mise en vente de l’exploitation de Joël Caro, découverte sur le site internet du Répertoire départ installation de la chambre d’agriculture de Bretagne, cochait toutes les cases. Mis en relation au printemps 2021 par Valérie Lavorel, conseillère transmission, les deux hommes se sont très vite mis d’accord sur les conditions et la date de la reprise. « Une relation de confiance s’est tout de suite mise en place. Joël a été transparent sur la rentabilité de la structure. Mon étude prévisionnelle a été réalisée à partir de ses bilans. Le couvoir Galina-Perrot avec qui travaillait le cédant m’a aussi soutenu dès le départ. Tout cela a contribué à rassurer les banques et à obtenir rapidement leur accord. »

Une prise en main progressive de l’outil

Début 2022, Jonas a quitté son emploi et a suivi une formation d’un an en lycée agricole pour obtenir un BPREA, financée par Pôle emploi et la région Bretagne. « Retourner sur les bancs de l’école à 36 ans n’est pas évident, mais je tenais à avoir un niveau agricole, permettant par ailleurs d’accéder aux aides à l’installation. » Durant cette période, il a réalisé plusieurs stages en exploitation, dont l’un chez l’éleveur cédant. Il a ensuite eu recours au dispositif du stage de parrainage proposé par la chambre d’agriculture. Le stage rémunéré a couru sur les deux mois précédant la reprise de l’élevage de Joël Caro. « Cela a permis une prise en main progressive de l’outil de production et une transmission en douceur. C’est un filet de sécurité rassurant. »

 

 
Les deux bâtiments seront transformés cet été en ventilation dynamique et équipés de fenêtres.
Les deux bâtiments seront transformés cet été en ventilation dynamique et équipés de fenêtres. © J. Dibou

Un accompagnement financier à la reprise

Le projet d’installation de Jonas comprenait la reprise du site de deux bâtiments de 1 200 m2 ainsi que les travaux de rénovation prévus cet été. Les poulaillers de type Louisiane vont être équipés d’une ventilation dynamique, d’une brumisation et d’un éclairage à leds modulable, complété par des fenêtres sur 3 % de la surface au sol. « Les coûts de la reprise et de la rénovation reviennent à la moitié du prix d’un élevage neuf. Je ne voulais pas m’installer avec des charges financières trop lourdes. J’ai investi au bon moment avant que les taux d’emprunt ne remontent, précise-t-il. De même, les devis ont été signés avant l’inflation. » L’éleveur a reçu une dotation Jeune installé de 24 000 euros et a déposé une demande d’aide PCAEA. Il bénéficie d’un accompagnement financier du couvoir pour la reprise et la rénovation de l’élevage, avec un contrat de reprise des œufs à couver sur quinze ans.

 

 
Ses compétences en maintenance sont un plus pour l’entretien des installations.
Ses compétences en maintenance sont un plus pour l’entretien des installations. © J. Dibou

Intégrer dès le départ les charges de main-d’œuvre

Après quelques mois dans son nouveau métier, Jonas Dibou est satisfait et rassuré, autant sur les aspects techniques, organisationnels que financiers. « Le côté animalier est venu naturellement, avec l’aide de l’encadrement technique. » Ses compétences en maintenance sont un plus pour l’entretien des installations. « Mis à part les heures d’astreinte du matin pour le ramassage des OAC, je peux m’organiser assez librement », apprécie-t-il. Son prochain challenge sera de gérer le démarrage d’un nouveau lot à la rentrée, la reprise s’étant faite sur une bande de poules en milieu de ponte. Malgré la période chargée du vide sanitaire et des travaux de rénovation, l’éleveur compte bien continuer à prendre des congés d’été. « C’est un métier avec des contraintes horaires 7 jours sur 7. Il faut savoir se ménager. » Ainsi, le nettoyage et la désinfection des bâtiments seront sous traités. Jonas Dibou l’a intégré dès le départ dans son projet d’installation.

Un accord gagnant-gagnant entre jeune installé et cédant

Un stage de parrainage pour réussir son installation

Ce dispositif de la chambre d’agriculture, dédié aux installations hors cadre familial, vise à professionnaliser le futur jeune agriculteur en réalisant un stage sur l’exploitation à reprendre ou au sein de la société dans laquelle il souhaite s’installer. La rémunération est prise en charge par l’État, sans coût supplémentaire pour le cédant. La demande de stage est réalisée auprès du service Installation-transmission de chaque département.

Une transmission bien anticipée

Joël Caro, l’éleveur cédant, a veillé à maintenir un outil de production performant et bien entretenu, plus facile à revendre.

 

 
Joël Caro aux côtés de Jonas Dibou  :« C’est important de dire que le métier de multiplicateur en volailles reproductrices est rémunérateur si l’on veut motiver ...
Joël Caro aux côtés de Jonas Dibou :« C’est important de dire que le métier de multiplicateur en volailles reproductrices est rémunérateur si l’on veut motiver des jeunes à s’installer. » © A. Puybasset
Le fait d’anticiper bien en amont sa transmission a permis à Joël Caro de vendre son exploitation au bon moment, quitte à la céder plus tôt que prévu. Le premier candidat à la reprise, Jonas Dibou, a été le bon. « C’est une fierté d’installer un jeune, qui soit motivé et qui perpétuera l’outil de production dans un même état d’esprit », explique l’ancien éleveur de 57 ans qui est aujourd’hui redevenu salarié et termine sa carrière comme technicien animalier au sein de l’Anses. Joël a commencé à réfléchir à la transmission en 2019, bien avant la retraite agricole qu’il envisageait à 62 ans. Il a déposé une annonce de vente sur le site du RDI fin 2020. La proposition de reprise n’a pas tardé et la date de transmission a été fixée à janvier 2023. « Jonas souhaitait s’installer rapidement. J’ai saisi cette opportunité pour vendre, anticipant la pénibilité croissante du travail avec l’âge. Je préférais vendre un outil en fonctionnement plutôt qu’à l’arrêt, d’autant plus qu’il comporte beaucoup d’automatisations. De plus, il aurait fallu que j’investisse pour rénover mes bâtiments, sans avoir la garantie de valoriser l’investissement lors de la revente. Mieux valait que la rénovation soit faite par le repreneur, à son image. »

Une opportunité de reprise à saisir

Au fil des ans, Joël s’était donné les moyens pour que son site soit plus facilement transmissible. Il a régulièrement investi pour garder un outil performant, mais a également veillé à maintenir des abords propres et bien entretenus (accès bitumés, aménagement paysager…). « Le site est isolé, loin d’habitations et d’élevages, ce qui est un atout au niveau sanitaire. » Dès les premiers échanges, Joël a accepté de donner son revenu. « C’est important de dire que le métier de multiplicateur en volailles reproductrices est rémunérateur si l’on veut motiver des jeunes à s’installer. On gagne bien sa vie, dès lors que les performances techniques sont là », insiste-t-il.

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