Les défis de la nouvelle branche œuf d’Eureden
Effective depuis le 1er janvier, l’union des coopératives bretonnes Triskalia et D’Aucy a donné naissance à la filière œuf complète la plus importante de France, pour laquelle les vents sont porteurs dans un contexte pourtant agité.
Effective depuis le 1er janvier, l’union des coopératives bretonnes Triskalia et D’Aucy a donné naissance à la filière œuf complète la plus importante de France, pour laquelle les vents sont porteurs dans un contexte pourtant agité.
Après l’annonce de leur rapprochement en décembre 2017, les coopératives D’Aucy et Triskalia ont dû attendre trois ans — jusqu’à leur fusion au 1er janvier 2021 — pour réunir concrètement leurs activités historiques de production et de transformation d’œufs. Désormais cette branche compte presque tous les métiers de l’œuf : fabrication d’aliment, poulettes chez 64 éleveurs et œufs chez 166, service interne de collecte des œufs, un centre de conditionnement et cinq sites de produits élaborés PEP Cocotine.
Sur la partie amont de la filière oeuf pilotée par Daniel Haener, l’organisation technique (34 personnes pour les plannings, le suivi technique et la logistique) et la commercialisation (8 personnes au bureau des ventes) ne font plus qu’un au quotidien, même si les éleveurs sont encore rattachés à trois entités juridiques.
Développer un code 2 amélioré
En juin 2021, la capacité totale de production des ateliers de ponte atteignait 5,26 millions de poules, dont 52 % sous code 3. Le cheptel a diminué de 250 000 à 300 000 poules en une année. Rien d’anormal pour Daniel Haener. « C’est conforme à la régionalisation de la production d’œufs et la transition vers l’œuf alternatif qui se traduit par des arrêts de bâtiments de poules en cages en Bretagne. » Ce n’est pas nouveau chez Eureden.
Déjà fin 2017, D’Aucy s’était engagé à répondre à la demande de ses clients demandant la fin du code 3 au plus tard en 2025. L’agenda a été reconfirmé en 2020. « Eureden sera au rendez-vous de l’œuf alternatif et nous nous adaptons au fur et à mesure de l’évolution du marché. »
Les éleveurs ayant des bâtiments en code 3 sont appelés à réinvestir pour transformer leur atelier. « Désormais, même s’ils s’impliquent en alternatif, nous leur demandons expressément de diminuer le code 3. » Pour ceux qui passent sous code 2, Eureden a choisi de différencier ses œufs par la mention « mieux-être animal » (sol MEA) qui intègre systématiquement un jardin d’hiver, la lumière naturelle, l’enrichissement du milieu, et pouvant loger les poules en volière.
Ce modèle a été élaboré en partenariat avec Welfarm, une ONG welfariste. Il s’agit de remplacer les œufs de code 3 transformés par PEP Cocotine et destinés aux débouchés de la restauration hors domicile soucieuse d’un bon rapport qualité/prix. « Pour transformer un bâtiment code 3, il faut investir en moyenne 22 euros par place », avance Daniel Haener. Le contrat proposé couvre sept lots, la coopérative octroyant une prime de 30 euros par tonne d’œufs jusqu’à fin 2024.
S’adapter à des débouchés mouvants
Quant aux élevages bio ou label rouge — respectivement 10 % et 3,6 % du cheptel — les effectifs stagnent. « Le bio est en surproduction et le label rouge a du mal à trouver son marché. Depuis septembre 2018, nous avons très fortement réduit le développement du bio, avec un seul atelier en plus. »
À moyen terme, la répartition des cheptels entre les quatre codes dépendra de l’évolution des deux débouchés. En œufs coquille, c’est en partie lié à l’avenir des relations commerciales avec le futur repreneur de Matines, car il y a peu de raisons qu’Eureden revienne à la vente d’œufs conditionnés.
Le groupe préfère investir sur la transformation via PEP et sa marque Cocotine, en misant sur la différenciation (origine, traçabilité, fraîcheur) et la création de valeur. Sur le débouché transformation, PEP met en avant le plein air et le sol MEA. « Nous sensibilisons nos clients pour qu’ils anticipent suffisamment leurs demandes et se positionnent 12 à 18 mois à l’avance, souligne Nicolas Gérald, le directeur commercial Food service œufs et légumes d’Eureden. Mais ils hésitent… L’ajustement est compliqué pour l’élevage, mais aussi pour la transformation. Nous sommes en permanence à la recherche d’un équilibre. »
Lancée en 2017, la marque Cocotine était spontanément citée par 67 % des cuisiniers interrogés fin 2020
Créer de la valeur avec Cocotine
Avec ses cinq sites, PEP produit 34 000 tonnes d’ovoproduits, à 80 % destinés à la restauration collective hors domicile (RHD).
Revendiquant 40 % de part de marché en RHD, l’opérateur propose une gamme complète, avec plus de 200 références d’œufs liquides, durs, jusqu’aux préparations cuites déclinées en une multitude de recettes comprenant de plus en plus l’origine sol MEA.
Fourniture d’œufs certifiés CEE
Le fort ancrage en RHD a été pénalisant pendant la Covid. « Nous avons perdu 30 % de nos activités, reconnaît Nicolas Gérald. Nous redémarrons sans savoir quel sera l’impact durable du télétravail. Nous sommes néanmoins optimistes pour le développement, avec l’obligation du repas végétarien hebdomadaire et l’achat d’au moins 50 % de produits dits de qualité dans les cantines scolaires. »
C’est pour cette raison que la démarche de certification environnementale des exploitations (HVE) va progressivement se mettre en place en élevages pour augmenter les ventes en cantines scolaires.
Deux statuts de producteur
Un éleveur fournisseur de poulettes ou d’œufs à Eureden est :
- adhérent de la structure juridique « Eureden activité ponte », s’il était déjà coopérateur Triskalia ;
- adhérent de « Cecabroons ponte », s’il était coopérateur D’Aucy ;
- client de « Nutréa ponte », pour l’achat d’aliment et la vente de ses œufs.