Les buses d’épandage bientôt interdites ?
Le plan d’action ministériel adopté en janvier 2021 vise à réduire les émissions de polluants atmosphériques issues des pratiques d’épandage. Il prévoit notamment la suppression des matériels les plus émissifs à l’horizon 2025.
Le plan d’action ministériel adopté en janvier 2021 vise à réduire les émissions de polluants atmosphériques issues des pratiques d’épandage. Il prévoit notamment la suppression des matériels les plus émissifs à l’horizon 2025.
Dans un récent communiqué, le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation rappelle qu’en 2017, les activités agricoles ont contribué à 94 % du total des émissions nationales d’ammoniac (NH3). Comme ces rejets dans l’atmosphère sont importants au moment de l’épandage des effluents d’élevage, un plan d’action ministériel a été adopté en janvier 2021 dans le but de supprimer l’utilisation des matériels les plus émissifs à l’horizon 2025. Il répond à des obligations réglementaires européenne et nationale, dont l’objectif est de réduire de 13 % les émissions de NH3 en 2030 par rapport au niveau de 2005. Ce plan relatif aux matériels souligne le manque de performances environnementales des simples buses d’épandage ou des rampes à buses utilisées seules. Il leur préfère les rampes à pendillards ou les injecteurs.
Baisse de 30 à 80 % des émissions d’ammoniac avec les rampes à pendillards
L’état des lieux dressé avec l’aide d’experts agricoles met, en effet, en exergue que la tonne à lisier pourvue d’une simple buse ou d’une rampe à buses reste la plus couramment utilisée. Ce matériel présente le grand avantage d’être économique, mais son utilisation seule ne procure aucune réduction des émissions d’ammoniac. L’idéal est d’enfouir rapidement après l’épandage (réduction de 50 % si enfouissement dans les 12 heures).
La tonne à lisier avec rampe à pendillards réduit de 30 à 80 % les pertes d’ammoniac par volatilisation. Elle constitue la solution la moins émissive la plus courante en France. Cet équipement montre toutefois des limites, car il n’est pas adapté à tous les parcellaires, notamment dans les terrains accidentés et dans les reliefs vallonnés. La tonne à lisier avec injecteur est, elle, annoncée pour une réduction des émissions d’ammoniac estimée à 70 %, tandis qu’un modèle doté d’une rampe à patins ou à sabots limite de 30 à 60 % les rejets dans l’atmosphère, selon les conditions pédoclimatiques.
Lire aussi : Les équipements de la tonne à lisier pour stopper les pertes d’azote ammoniacal à l’épandage
Les équipements d’épandage coûtent chers
Selon les observations des experts, les équipements d’épandage les moins émissifs se développent dans l’Hexagone, notamment dans le Grand Ouest et le centre de la France (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie, Poitou-Charentes, Centre…). Le diagnostic confirme que les matériels spécifiques coûtent chers et présentent une complexité supplémentaire en termes d’organisation des chantiers et de temps de travail. Il précise que les investissements collectifs ou la mutualisation des équipements constituent des pistes pour limiter l’augmentation des charges de mécanisation. D’après les données de la fédération nationale des Cuma, le surcoût d’une rampe à pendillards (par rapport à une buse palette) est d’environ 2 500 à 3 000 € par mètre de largeur de travail. La différence est encore plus importante avec un injecteur, car il est estimé à 6 000 € par mètre.
Développement du label éco-épandage
Pour répondre aux enjeux relatifs à la qualité de l’air, la promotion des matériels d’épandage moins émissifs va passer par quatre axes d’action qui restent à mettre en œuvre. Le premier prévoit notamment une accélération de la recherche et de l’innovation autour de ces équipements. Le deuxième a pour but d’accompagner l’utilisation et les investissements dans des matériels moins émissifs, en s’appuyant sur le plan de relance, pour lequel les 135 millions d’euros alloués à la conversion des agroéquipements ont déjà été consommés. Il espère aussi mobiliser les régions pour décliner la priorité « qualité de l’air » dans la programmation PAC post 2020. Ce deuxième axe met également en avant le label éco-épandage, qui qualifierait les matériels les plus performants, en intégrant dans son obtention leur action vis-à-vis de la qualité de l’air. Il souhaite aussi favoriser la mutualisation des équipements d’épandage moins émissifs.
Lire aussi : Plan de relance agricole - 205 millions d'euros de prime à la conversion des agroéquipements consommés en trois semaines
Interdiction totale des buses palettes en 2025
Le troisième axe pour promouvoir les matériels d’épandage moins émissifs prévoit de renforcer les aspects réglementaires. Il projette l’interdiction progressive des buses palettes avec interdiction totale à l’horizon 2025 pour l’épandage des effluents liquides et que l’incorporation des effluents solides devra être effectuée dans un délai post-épandage inférieur à 12 heures, dans les contextes économiques, agronomiques et organisationnels qui le permettent. Le quatrième axe d’action vise à améliorer la précision de l’évaluation des émissions agricoles et la mise à jour plus régulière des données relatives aux matériels d’épandage dans l’inventaire national des émissions de polluants atmosphériques.