Aller au contenu principal

L’éleveur de dindes a tout à gagner avec la vaccination contre Ornithobacterium rhinotracheale

Vacciner toutes ses dindes contre Ornithobacterium rhinotracheale (ORT) avec un autovaccin réduit l’usage des antibiotiques et ne fait pas perdre d’argent confirme une enquête du réseau vétérinaire Cristal.

Beaucoup d’éleveurs de dindes de chair ne vaccinent pas contre la bactérie Ornithobacterium rhinotracheale (ORT) et parmi ceux qui le font beaucoup ne vaccinent que les mâles. Les raisons invoquées sont multiples, selon Mokrane Mellal, vétérinaire dans le Morbihan. « Cette démarche préventive implique de manipuler les animaux entre l’âge de trois et quatre semaines pour injecter l’autovaccin. Les vrais freins sont la méconnaissance de cette vaccination et le fait d’organiser le chantier, auxquels s’ajoute le coût. D’où le choix d’injecter uniquement les mâles, plus souvent sujets aux boiteries provoquées par ORT que les femelles. » Il rappelle que cette bactérie est le premier germe impliqué dans 57 % des troubles locomoteurs de la dinde (E. Coli pour 30 %) et dans 61 % des troubles respiratoires (33 % pour E. Coli) avec une plus grande fréquence entre 6 et 10 semaines d’âge. Escherichia Coli est le premier germe responsable de septicémie dans 80 % des cas (1). Le vétérinaire conseille donc de vacciner les deux sexes contre ORT, en association éventuelle avec le vaccin contre la colibacillose (commercial ou autovaccin). « L’éleveur est gagnant sur la performance technique et l’économie globale. De plus, cela contribue à réduire l’usage des antibiotiques. » Pour appuyer cette conviction partagée avec des confrères, une enquête rétrospective a été réalisée dans cinq cabinets du groupe Cristal (2) afin de chiffrer les intérêts de la vaccination contre ORT.

Dix élevages à problèmes ciblés

Dix élevages, qui avaient rencontré des soucis récurrents d’ORT et qui avaient vacciné, ont été étudiés a posteriori sur analyse documentaire. Pour chacun, deux lots consécutifs sans vaccination et les deux lots suivants avec ont été analysés vis-à-vis de leur exposition à l’antibiothérapie (nombre de jours de traitement par animal, indice alea…), des performances (indice de consommation et de performance, poids, mortalités) et des coûts sanitaires. Les données ont été examinées dans un double objectif. Pour les vétérinaires, il s’agissait de mieux comprendre et d’évaluer leurs pratiques de prescription, sachant qu’un traitement diffère parfois de celui préconisé par l’autorisation de mise en marché pour cette pathologie et pour certaines spécialités antibiotiques. Pour les éleveurs, il s’agissait de comparer les coûts et performances moyennes sans ou avec vaccination.

Le nombre de traitements antibiotiques contre l’ORT passe de 1,3 à 0,15 par lot, ce qui réduit le nombre total de traitements toutes pathologies confondues et divise par deux le nombre moyen de jours avec traitement par animal (3,13 jours au lieu de 6,43). La mortalité après le départ des femelles diminue de 25 %, tout comme la mortalité globale après 10 jours. Le GMQ s’améliore de 3 % et l’indice de consommation recule de 3 %. Avec un coût vétérinaire de 4,55 €/m2 sans et 4,57 €/m2 avec vaccination, le bilan économique des 10 élevages est identique. Le surcoût de vaccination de tous les animaux (1,6 €/m2) est compensé par une réduction des médicaments (-0,98 €/m2) et des saisies à l’abattoir (-0,6 €/m2). N’ont pas été inclus l’impact positif pour la filière (moins d’antibiotiques utilisés, qualité des carcasses…) et la tranquillité pour l’éleveur (moins de stress, moins de travail).

 

 

 

Une stratégie assurantielle

Cette analyse de dix élevages a été complétée par une étude comparative sur 278 lots réalisés par 37 éleveurs entre 2016 et 2019 chez qui 27 % des lots avaient été vaccinés. La marge dindonneau-aliment (MPA) de ces lots est plus homogène et supérieure de 10,3 % (2,43 €/m2). Leurs mauvais résultats sont moins fréquents : 12 % des lots vaccinés et 30 % des non vaccinés obtiennent une MPA inférieure à 22 €/m2. Sur le long terme, la prévention est donc plus payante que d’attendre que les boiteries arrivent pour les traiter.

(1) Résultats des laboratoires d’analyses du Réseau Cristal pour l’année 2018.
(2) Vétérinaires impliqués dans l’étude : Charley Babin, Arnaud Ballot, Pauline Bernard, Christophe Delanghe, Jérôme Durand, Clélia Matéo, Mokrane Mellal.

Le saviez-vous ?

- L’autovaccin peut-être composé de plusieurs souches aux sérotypes différents prélevées dans l’élevage destinataire ;
- Cinq sérotypes de bactéries ORT sont identifiables (laboratoire Biovac), mais il est aussi possible de détecter un autre sérotype dit alors « négatif » ;
- Deux systèmes sont atteints, exclusivement ou successivement : l’appareil respiratoire (trachée, poumon) et/ou l’appareil locomoteur (articulations) ;
- Si les conditions d’élevage sont bonnes, la présence d’ORT au niveau trachéal ne conduit pas forcément à l’expression clinique.

Objectiver la vaccination avec la sérologie

Réaliser des prises de sang permet de vérifier la prise vaccinale

L’injection de l’autovaccin ORT entraîne une réponse immunitaire des dindonneaux mesurée par la sérologie exprimée en titre d’anticorps. Un titre élevé est facile à interpréter : il signe le passage de la bactérie sauvage. En revanche, on connaît mal la séroconversion post-vaccinale et le niveau zéro de base (absence de vaccin et de maladie). Un référentiel permettrait de rassurer l’éleveur sur la qualité de la vaccination et serait un outil complémentaire d’analyse pour le suivi clinique par le vétérinaire. Pour combler ce manque, le vétérinaire Jérôme Durand a réalisé le suivi sérologique dans 12 élevages de statut différent. Quinze prises de sang ont été réalisées toutes les quatre semaines dans chaque lot pour suivre l’évolution du niveau d’anticorps (1).

Les niveaux des titres en anticorps varient selon l’histoire de l’élevage avec la bactérie ORT :

- sans historique ORT et non vacciné (4 élevages) : le titre Elisa atteint 2000 environ ;
- vacciné (6 élevages) : les titres augmentent après la vaccination à des niveaux dépendant du contexte épidémiologique (voir graphique) ;
- non vacciné avec épisode ORT (2 élevages) : le titre atteint 13 000 à 14 000, trois à quatre semaines après le pic clinique.

Jérôme Durand estime que quatre à six semaines après la vaccination, un titre moyen compris entre 3000 et 8000 signe une bonne prise vaccinale.

(1) Les 450 sérologies Elisa BioCheck ont été financées par le laboratoire Biovac.

Les plus lus

<em class="placeholder">Corinne Gombert et son mari Samuel, entourés de Yann Michel et de Nicolas Leduc, du groupe Michel : « Avec son jardin d’hiver, sa densité réduite et ses ...</em>
« Je me suis installée avec un poulailler Terre-Neuve »

Corinne Gombert est passée du métier de coiffeuse à éleveuse de volailles. Elle a investi dans un poulailler avec jardin d’…

<em class="placeholder">La nouvelle volière Pro 11 pour poules installée aux Pays Bas.</em>
Une nouvelle génération de volières Hellmann pour les poules

Le fabricant allemand de logements de poules pondeuses Hellmann a revu en profondeur la conception de ses volières pour…

Carte interactive de la grippe aviaire - Un second foyer mis en évidence dans les Landes

Un second foyer de grippe aviaire a été détecté à Saint Etienne d'Orthe (Landes) dans la zone de protection du premier foyer…

<em class="placeholder">Chez Patricia Bouchet, c&#039;est le troisième lot consécutif en Novo Color, apprécié pour ses capacités d&#039;adaptation.</em>
Génétique des poules Novogen : Quatre éleveurs costarmoricains donnent leur avis

Le sélectionneur de poules pondeuses Novogen propose trois souches brunes issues d’une même lignée femelle croisée avec trois…

<em class="placeholder">Evert Van Kruistum a investi 1,2 million d’euros dans un bâtiment en volière pouvant abriter 37 000 poulettes conventionnelles </em>
Aux Pays Bas : « Mes jeunes poulettes volent dans la volière comme des pigeons »

Jeune éleveur néerlandais, Evert Van Kruistum n’a pas choisi par hasard la volière Pro Motion en 2022 pour élever des…

Grippe aviaire : Sixième foyer en Bretagne depuis le 13 août

Des virus de l’influenza aviaire hautement pathogène ont été détectés dans un élevage de poules pondeuses du Morbihan le 23…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)