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Le volailler le Gars Daudet veut valoriser les poussins mâles de souche ponte

Accompagné par le programme Food Heroes, le volailler Le Gars Daudet lance le Coquet de Mayenne, une petite volaille issue de l’élevage de poussins mâle de souche ponte.

Les premiers coquets ont été vendus pendant la période festive dans le magasin Le Gars de Daudet de Laval. © A. Puybasset
Les premiers coquets ont été vendus pendant la période festive dans le magasin Le Gars de Daudet de Laval.
© A. Puybasset

La fin de l’année 2021 va signer l’interdiction d’éliminer les poussins mâles issus de souches ponte. Si le sexage dans l’œuf est aujourd’hui la solution alternative la plus avancée, il existe toutefois deux autres possibilités. Il s’agit de l’élevage de souches à double fin (utilisées pour la production de chair et d’œuf) ainsi que l’élevage des frères de pondeuse, une solution coûteuse difficilement imaginable en filière longue mais qui pourrait être exploitée à petite échelle, à l’image de l’initiative engagée par l’entreprise mayennaise Le Gars Daudet.

 

 
Baptiste Daudet, dirigeant de l’entreprise familiale : « Notre objectif est de créer une filière viable et rentable autour du coquet pour que chacun puisse s’y retrouver : l’éleveur, l’abatteur et l’acheteur. » © A. Puybasset
Baptiste Daudet, dirigeant de l’entreprise familiale : « Notre objectif est de créer une filière viable et rentable autour du coquet pour que chacun puisse s’y retrouver : l’éleveur, l’abatteur et l’acheteur. » © A. Puybasset
Ce petit volailler installé à Fromentières a commencé fin 2020 à mettre sur ses étals une volaille d’environ 800 g, issue de poussins mâles élevés durant 10 semaines en élevage fermier plein air. Même si les quantités commercialisées sont pour l’instant anecdotiques, la démarche est bien lancée. « C’est un marché de niche, confirme Baptiste Daudet, l’un des dirigeants de l’entreprise familiale, mais il répond à des préoccupations montantes de consommateurs en termes d’éthique. » Pour bien différencier cette volaille, qui n’est ni un poulet ni un coquelet, une dénomination et une marque spécifique ont été créées à l’aide d’un désigner et de l’association Laval Mayenne Technopole. Baptisée Coquet de Mayenne, cette volaille est aussi accompagnée d’une communication pour mettre en avant toute sa différence.

 

Trouver un débouché rentable

 

 
Cette démarche de valorisation des frères de pondeuses a été initiée dans le cadre du projet européen Food Heroes, qui vise à promouvoir des expériences innovantes pour réduire les pertes en agriculture (en filière œuf, mais aussi pour les fruits et légumes déclassés, les chevreaux des élevages laitiers…). Deux essais d’élevage sur une centaine de poussins mâles ont d’abord été réalisés en 2019 et 2020 au lycée agricole Agri Campus Laval pour étudier la pertinence de cette production à croissance lente. Intervenant au départ comme prestataire pour l’abattage de ces volailles, le Gars Daudet a rapidement intégré le projet et en est devenu un acteur principal. « Produire pour détruire est aberrant. L’idée de montrer qu’une alternative était possible m’a plu. Notre objectif est de créer une filière viable et rentable autour de ce produit pour que chacun puisse s’y retrouver : l’éleveur, l’abatteur et l’acheteur. Le poids d’un coquet est en effet 30 à 40 % plus léger qu’un poulet fermier au même âge. »

 

Dans cette optique, il a testé avec l’un de ses éleveurs fournisseurs, l’élevage mixte de coquets et de poulets de chair fermiers, c’est-à-dire démarrés dans un même lot puis abattus en décaler. « On obtient les mêmes performances qu’avec des poussins mâles élevés seuls. » Ce test concluant a aussi confirmé qu’une durée d’élevage de 10 semaines était le meilleur compromis en termes de coût de production et de taille de carcasse. « Avec un poids vif de 1,1 kg, on obtient une volaille entière de 800 g, qui peut convenir pour deux personnes. »

Un goût et une histoire différents

 

 
Avec un poids vif de 1,1 kg, on obtient une volaille entière de 800 g, qui peut convenir pour deux personnes.  © A. Puybasset
Avec un poids vif de 1,1 kg, on obtient une volaille entière de 800 g, qui peut convenir pour deux personnes. © A. Puybasset
Le coquet a été proposé à la clientèle à partir de début décembre, dans la boutique du volailler située à Laval ainsi que sur deux marchés. Il est vendu à 12 €/kg (contre 7,95 €/kg pour du poulet fermier). Un prix qui tient compte du surcoût en élevage (le coquet consomme autant qu’un poulet fermier avec un poids vif deux fois plus faible) et du surcoût pour abattre ces petites volailles. « Les retours ont été positifs. Il convient bien aux personnes qui veulent garder la tradition du poulet au four mais avec une ou deux portions. Ils apprécient la nouveauté et son goût différent, avec une chair blanche, tendre et plus juteuse. » Avec ce produit, le volailler espère aussi capter une clientèle plus jeune et plus exigeante sur les questions d’éthique et de bien-être animal, et qui est prête à y mettre le prix.

 

Carte d’identité

L’entreprise familiale le Gars Daudet fondée en 1961, dirigée par Baptiste Daudet et Alain Livernais, emploie 11 personnes. Son abattoir agréé CE et basé à Fromentières abat des volailles traditionnelles venant d’élevages partenaires situés dans un rayon proche (essentiellement des poulets, dindes, canards, pintades, lapins et volailles festives). Elle est présente sur deux activités, l’abattage à façon qui représente 40 % de ses volumes (autour de 120 000 volailles par an) et la vente de volailles auprès de bouchers, de restaurants, de commerces de gros et en direct dans son magasin à Laval ainsi que sur deux marchés. Elle a récemment développé un petit atelier de transformation.

Vers un modèle d’élevage plus rentable

Les essais réalisés en conditions expérimentales puis en élevage montrent un âge d’abattage optimal de 8 à 10 semaines.

Dans le cadre du projet Food Heroes, le lycée agricole d’Agricampus Laval a mené deux essais d’élevages de frères de poules pondeuses pour étudier leur croissance et apprécier l’intérêt économique de cette production. Chaque lot de 100 poussins mâles de génétique Lohmann Brown a été élevé dans des structures légères (niches à veaux) avec accès à un parc extérieur (2,5 m2/animal). Le premier a été abattu à 81 jours avec un poids vif de 1,577 kg et un peu plus d’un kilo de carcasse tandis que le second élevé jusqu’à 60 jours a atteint un poids d’1 kg pour 700 g de carcasse (indice de consommation de respectivement 2,78 et 3,3).

 

 
Les poussins mâles de souche Novoblack, reconnaissables par leur plumage noir et gris, ont été élevés en même temps que les poulets JA 657. © Gars Daudet
Les poussins mâles de souche Novoblack, reconnaissables par leur plumage noir et gris, ont été élevés en même temps que les poulets JA 657. © Gars Daudet
Élevés dans les mêmes conditions durant le premier essai, des poulets de chair de souche Ross avaient atteint un poids de 3,76 kg en 53 jours.

 

L’élevage mixte cohérent

Un troisième lot de poussins mâles, mis en place dans un élevage partenaire du volailler Le Gars Daudet, a montré le même niveau de performances. Il s’agissait cette fois-ci d’une autre souche de poussins mâles (Novoblack) démarrée avec un lot de 1 400 poulets cou nu JA 657, dans des bâtiments déplaçables avec accès au parcours à partir de 4 à 8 semaines. « Mélanger les deux souches est une bonne idée. Elles ont très bien démarré, il n’y a pas de compétition entre elles », explique l’éleveur. Même si l’élevage mixte permet de rationaliser les coûts, « il reste encore du chemin pour trouver une meilleure rentabilité. Les coquets consomment autant que les poulets de chair et grossissent deux fois moins », résume-t-il.

 

 
 © Gars Daudet
© Gars Daudet
Dans cette optique, les essais vont être renouvelés sur d’autres exploitations, notamment sur des parcelles de vergers pour évaluer l’intérêt de l’agroforesterie.

 

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