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Hélène O’Donnell, de CIWF France
« Le bien-être ne doit pas être perçu comme une contrainte »

Association welfariste modérée, l’ONG CIWF milite pour améliorer le bien-être des animaux d’élevage et conseille les entreprises dans leur démarche de progrès. Elle souhaite l’abandon des cages en pondeuses.

Hélène O’Donnell, chargée des affaires agroalimentaires de CIWF France : "On a bien conscience que les changements seront progressifs. L’important est d’être dans une démarche d’amélioration continue."
© CIWF
Quelles sont les missions de CIWF ?
Hélène O’Donnell -

Nous ne sommes pas du tout une association végétarienne militant pour la fin de l’élevage mais prônons une démarche d’amélioration visant à éliminer les pratiques d’élevage les plus extrêmes des productions industrielles. Ce qui nous importe, c’est d’assurer de meilleures conditions de vie aux animaux, c’est-à-dire leur bien-être physique et mental et de favoriser leur comportement naturel.

Trois types de démarches sont menées : des campagnes d’information auprès du grand public et des médias ; du lobbying politique pour faire évoluer la législation et des partenariats avec l’agroalimentaire.

En quoi consistent ces partenariats ?
H. O’D. -

Nous aidons les entreprises et les producteurs à développer leur politique de bien-être animal. Il ne s’agit pas seulement de développer des alternatives au modèle industriel mais aussi de l’améliorer. Nous ne nous positionnons pas uniquement sur les marchés de niches. Nous poussons les entreprises à progresser mais ce n’est pas une démarche de confrontation. Elle se veut constructive et progressive. Par exemple, nous avons apporté notre appui technique à Terrena qui a développé une appli pour évaluer le bien-être animal en poulet (Tibena). Des partenariats existent avec de nombreux leaders de l’agro-alimentaire, y compris les distributeurs et la restauration. Chaque année nous décernons des trophées pour récompenser les initiatives en faveur du bien-être. Nous avons aussi un outil de classement vis-à-vis du bien-être de 80 000 entreprises mondiales, destiné aux investisseurs (Business Benchmark).

Quelles sont vos attentes en termes d’amélioration du bien-être en élevage avicole ?
H. O’D. -

En poules pondeuses, nous souhaitons l’abandon des cages et la transition vers le plein air idéalement mais aussi l’élevage au sol. C’est notre priorité numéro 1. La cage aménagée a apporté une petite amélioration mais elle est encore loin de répondre aux besoins naturels des poules pondeuses. Nous travaillons sur les alternatives à l’épointage et à la destruction des poussins mâles. Nous préférons que toute vie engendrée puisse être valorisée via le développement de souches à « double fin » comme le fait le distributeur Coop Suisse (souche Lohman Dual). Mais s’il y a mise à mort, celle-ci doit se faire dans les meilleures conditions. Nous approuvons l’annonce du gouvernement sur le financement des recherches sur le sexage dans l’œuf.

Les problématiques en poulet industriel portent sur les densités et les vitesses de croissances élevées, sur l’absence d’enrichissement du milieu (lumière naturelle, ballots de paille, objets à piquer, perchoirs) et l’absence d’accès à l’extérieur. Notre trophée « poulet d’or » a été décerné sur la base d’une densité maximale de 30 kg/m2.

Nous travaillons moins sur la dinde mais les constats sont similaires.

Baisser les densités ne vous paraît-il pas anti-économique pour l’éleveur comme pour le consommateur ?
H. O’D. -

On a bien conscience que les changements seront progressifs. L’important est d’être dans une démarche d’amélioration continue. Elle doit pouvoir être valorisée et devenir une opportunité commerciale de différentiation. On peut difficilement demander un progrès s’il n’y a pas d’intérêt économique à la clé. Les exigences en matière de bien-être animal sont souvent perçues comme une contrainte au départ. Mais la rentabilité n’est pas toujours liée au fait de produire plus et plus vite.

L’annonce de Monoprix d’interdir les œufs en cage pourrait-elle s’étendre à d’autres distributeurs ?
H. O’D. -

Il est certain que le vent tourne en faveur du bien-être animal. Monoprix est le troisième distributeur à faire cette annonce après Schiever et Colroyt dans l’Est. Comme cela s’est passé en Allemagne ou au Royaume-Uni, on peut imaginer un effet de ricochet sur les autres enseignes. Cela a déjà eu lieu dans le secteur de la mayonnaise produite à partir d’œufs plein air, suite au tournant pris par Unilever.

La France vous paraît-elle plus ou moins en avance sur la problématique bien-être ?
H. O’D. -

Tout dépend dans quel domaine. L’industrie de l’oeuf française a mis plus de temps à abandonner la cage conventionnelle que d’autres pays européens. L’Allemagne prévoit d’interdire l’élevage en cage d’ici 2 028. Ses distributeurs ont déjà instauré une interdiction volontaire. On constate les mêmes tendances aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, au Danemark… En poulet de chair, la densité maximale autorisée en France (42 kg/m2) est plus élevée qu’au Royaume-Uni (39 kg/m2). En revanche, la production de poulet label est bien reconnue et fait la part belle au plein air.

 

 

En savoir plus

Compassion In World Farming a été fondée à la fin des années soixante’s par un éleveur laitier britannique qui s’inquiétait de l’industrialisation excessive au détriment du bien-être animal. Basée en Grande-Bretagne, elle compte 90 salariés avec des bureaux dans plusieurs pays d’Europe (dont la France avec 6 salariés) et des représentants jusqu’aux USA et en Chine. Elle regroupe 700 000 membres dans le monde.

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