« J’aborde les périodes chaudes plus sereinement dans mes poulaillers »
David Labbé a investi dans des brasseurs pour augmenter les vitesses d’air et dans une citerne pour sécuriser l’approvisionnement en eau lors des coups de chaleur.
David Labbé a investi dans des brasseurs pour augmenter les vitesses d’air et dans une citerne pour sécuriser l’approvisionnement en eau lors des coups de chaleur.
Au printemps 2021, David Labbé a équipé ses poulaillers de poulet lourd de grands brasseurs pour augmenter les vitesses d’air au niveau des animaux et a ajouté une citerne pour sécuriser l’approvisionnement en eau pour l’abreuvement et la brumisation. Deux investissements qui, associés à une conduite d’élevage adaptée, lui permettent d’aborder avec plus de tranquillité la période à risques de coup de chaleur de mai à septembre.
« Je n’ai pas eu de problèmes d’étouffements sur les lots de poulets lourds élevés durant les deux derniers étés. Je suis moins stressé lorsque le thermomètre grimpe », confirme l’éleveur.
Installé à Plourivo, dans les Côtes d’Armor, il exploite deux bâtiments à ventilation transversale de 1 350 m², larges de 15 mètres, rénovés en 2009. C’est d’abord une problématique d’hygrométrie trop élevée lors des fortes températures qui l’a incité à investir pour augmenter les vitesses d’air.
« J’ai parfois été obligé d’attendre midi pour mettre la brumisation en route, car l’hygrométrie était trop élevée. Au-delà de 90 %, l’air est saturé en eau, on risque d’asphyxier les animaux. Il faut alors privilégier la vitesse d’air pour baisser la température ressentie par les volailles. »
Installer des trappes basses et une turbine supplémentaire n’était pas envisageable, du fait du manque de place du côté des entrées d’air récemment équipé de fenêtres.
Une meilleure répartition des volailles
L’éleveur a opté pour six brasseurs Mixtherm de 20 000 m3/h de Tuffigo-Rapidex, placés au milieu du poulailler et alignés tous les 15 mètres. Cette alternative, plus coûteuse en termes d’investissement (1) et de fonctionnement, offre en revanche de meilleures vitesses d’air (1,1 à 1,5 m/s sur 95 % de la surface, contre 0,9 à 1,2 m/s avec les trappes basses, selon Tuffigo-Rapidex). Équipés d’un déflecteur conique en sortie de ventilation, les brasseurs diffusent en rayon jusqu’à sept mètres et créent une induction sous la trappe d’entrée d’air.
« Les volailles supportent mieux les températures élevées. Elles sont plus actives et mieux réparties dans le poulailler », a-t-il observé. À l’annonce d’une journée chaude, David enclenche les brasseurs à partir de 10 heures et augmente la vitesse d’air à l’aide d’un variateur.
Fixés au faîtage, les brasseurs sont abaissés entre 0,80 et 1 m du sol avec un seul treuil électrique. « L’idéal aurait été d’avoir un treuil par zone mâle et femelle. » À défaut, David se sert d’un serre-câble pour bloquer en hauteur les brasseurs du côté femelle durant leur départ, laissant fonctionnant ceux des mâles. Les brasseurs d’air sont aussi utilisés durant les sept premiers jours du démarrage, en permanence à 1 % de capacité. L’objectif est d’homogénéiser l’air en déstratifiant le matelas d’air chaud au faîtage, avec à la clé une économie sur les consommations de gaz.
La citerne de 20 m3 sécurise l’apport d’eau
Désormais, il n’a plus cette inquiétude. La capacité de la réserve correspond à la consommation maximale quotidienne. La citerne est posée sur une dalle près d’un local neuf abritant un surpresseur pour l’eau et un réchauffeur électrique. Ce dernier sert uniquement l’hiver pour obtenir 12 °C en sortie de pipettes. « Il s’agit d’éviter les troubles digestifs d’eau trop froide (4 °C). » La citerne d’eau est également bien utile lors du lavage des bâtiments, réalisé simultanément avec deux pompes haute pression. Elle évite de brider le débit de travail des laveurs, soit un gain de temps et d’efficacité. L’ensemble de l’installation a coûté 21 500 euros.
Une conduite d’élevage adaptée durant le coup de chaleur
Lors d’un coup de chaleur, la priorité de David Labbé est de limiter la montée en température du bâtiment.
La brumisation est mise en route dès 9 h si l’hygrométrie le permet. « Je baisse la dépression de 40 à 30 pascals pour éviter que la brume ressorte directement par les turbines. J’augmente progressivement le temps de brumisation, jusqu’à 9 secondes par période de 18 secondes. Il ne faut pas non plus que les volailles soient 'trempées'. »
Les consignes de température sont baissées de 0,3 °C sur l’automate de régulation, pour atteindre plus rapidement les sauts de paliers de ventilation. Les caches turbines sont retirés. « Cela permet de gagner 15 à 20 % de puissance de ventilation pour atteindre la capacité d’extraction maximale du bâtiment (200 ou 215 m3/heure). »
Un objectif de 28 °C à ne pas dépasser
Les volets des fenêtres sont fermés pour éviter le rayonnement solaire.
La lumière est coupée entre 14 et 16 heures pour limiter les déplacements au plus fort de la journée.
La mise à jeun aide aussi les volailles à passer le cap du coup de chaleur (4 heures au maximum l’après-midi). « Il faut les habituer 4 à 5 jours auparavant et éviter de faire tourner la chaîne d’aliment à vide lorsque la lumière est allumée car cela peut créer un stress important, avec un risque d’étouffement. »
Des compléments alimentaires sont distribués dans l’eau de boisson au-delà de 28 °C dans le poulailler, pour compenser les effets du coup de chaleur et limiter la déshydratation : électrolytes et vitamine C le matin et ajout de dextrose l’après-midi. Les jours précédents, l’éleveur distribue un complément à base d’extraits végétaux à visée respiratoire.
Mise en garde
Contrôler les installations électriques
Il est important de faire régulièrement contrôler ses installations électriques, notamment pour s’assurer que les sections de câbles sont adaptées. Les boîtiers électriques doivent être installés dans des endroits aérés pour éviter qu’ils surchauffent et disjonctent. Lors du coup de chaleur, ouvrir les portes des armoires contribuera à dissiper la chaleur.