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En poulet, le rouleau compresseur ukrainien MHP

Leader incontesté du poulet, le groupe Mironivsky Hliboproduct (MHP) de Youri Kossiouk poursuit son développement axé sur les marchés export, notamment l’Union européenne.

Les quatre premiers producteurs de poulet ukrainiens réalisent entre les trois quarts et les neuf dixièmes de la production industrielle. À lui seul, Mironivsky Hliboproduct (ou MHP) annonce qu’il capte 60 % du marché intérieur. L’entreprise a été fondée en 1998 par l’homme d’affaires Youri Kossiouk. En 1999, celui-ci acquiert la « ferme » avicole de Peremoga dans l’Est du pays. Le terme « ferme » regroupe plusieurs sous-unités, comptant elles-mêmes de nombreux bâtiments, avec leur environnement technique (couvoir, usine d’aliment, abattoir). Depuis lors, la croissance annuelle de MHP a été à deux chiffres. En 2002, la marque « Nasha Riaba » est lancée. Grâce à des financements internationaux, Youri Kossiouk diversifie ses activités dans les productions végétales (mais, soja, tournesol, blé…) et animales (viande de bœuf Angus, viande et foie gras d’oie, saucisses et produits transformés…). Il commence l’intégration verticale, partant de la trituration du tournesol et descendant la chaîne jusqu’aux magasins franchisés Nasha Riaba (un millier actuellement).

Des installations récentes et ultramodernes

En 2007, MHP débute la construction de deux nouvelles « fermes avicoles » avec de la technologie importée. Celle de Myronivka produit 220 000 tonnes par an. La première tranche de la seconde méga ferme (14 secteurs de 38 poulaillers et la suite) a commencé à Vinnytsia en 2010. Elle a atteint les 220 000 tonnes annuelles courant 2014. La deuxième tranche a débuté récemment. Avec 10 secteurs supplémentaires de 38 bâtiments, elle apportera 130 000 tonnes supplémentaires de poulet. En 2014, MPH a été l’une des deux entreprises (avec Agromars) à obtenir l’agrément sanitaire pour exporter vers l’Union européenne, sous sa marque Qualiko.

Aujourd’hui, avec 30 000 salariés MHP gère 370 000 ha, valorisés par la trituration des graines, le commerce international et la transformation animale. Dans cinq ans, MHP vise les 550 000 ha. En 2015, MHP a produit 570 000 tonnes de poulets issus de quatre fermes, dont 132 000 tonnes ont été exportés (27 000 t en Europe). S’ajoutent 63 tonnes de foie gras d’oie vendu sous les marques « Foie gras » et « Château Galicia ». Son chiffre d’affaires a été de 600 millions de dollars au premier semestre 2016.

Première acquisition en Europe

Les ambitions de Youri Kossiouk débordent l’espace ukrainien. Depuis 2013, Mironivsky expose sur les grands salons agroalimentaires internationaux. En 2012 des rumeurs avaient circulé sur son intérêt pour des actifs du groupe Doux, alors en redressement judiciaire. Depuis quelques mois, MHP a réellement mis un pied en Europe à travers une coentreprise fondée avec la société d’importation de viandes Jan Zanbergen. Situé à Veenendaal aux Pays-Bas, l’atelier de 6000 m2 est en test depuis le mois de mai. Il sera à pleine capacité à la fin de l’année (7000 à 8000 tonnes par an). MHP envoie des coffres frais de poulet précise Vasyl Bézhynets, responsable de la production amont en Ukraine. Est-ce pour remplir le quota de poulet entier à droit zéro qui intéresse beaucoup moins les importateurs européens que le filet ? Traitée aux Pays-Bas, cette viande deviendra un produit « made in Netherlands », plus facile à exporter. Se sentant menacés, les éleveurs néerlandais se posent aussi des questions sur les méthodes de production. Certes les installations sont aux normes européennes, mais qu’en est-il du bien-être animal et des pratiques sanitaires (antibiotiques notamment) ou environnementales ? MHP répond qu’un organisme de certification néerlandais vérifie les conditions d’élevage. Vasyl Béhzinets précise que les poulets abattus à 40 jours sont desserrés jusqu’à trois fois pour ne pas dépasser les 38-39 kg/m2 (à 30, 34 et 38 jours).

Battre les Brésiliens au Moyen-Orient

La faiblesse du quota européen ne satisfait pas MHP. D’autres pays où s’implanter d’ici trois ans seraient dans son collimateur dit-on en Ukraine, comme l’Allemagne et l’Espagne. Interviewé en novembre 2015 par le media ukrainien Latifundist, l’homme d’affaires espérait exporter 100 000 tonnes par an dans l’UE d’ici cinq ans. MHP serait compétitif, même en s’acquittant des droits de douane. L’économiste Peter Van Horne estime que les coûts de production ukrainiens sont inférieurs de 40 % à ceux des Pays-Bas.

Depuis que la Russie et ses satellites ont cessé leurs importations en 2014, MHP cherche à renforcer d’autres destinations : Asie, Moyen-Orient, Europe, Afrique du sud. Le groupe est très intéressé par le Moyen-Orient, notamment l’Arabie Saoudite. Malgré la notoriété des marques brésiliennes et françaises, MHP compte bien bousculer le jeu. Au final, Kossiouk avance le chiffre de 400 à 450 000 tonnes exportées dans cinq ans. Toutes les nouvelles installations seront dédiées à l’exportation. La moitié du chiffre d’affaires et 85 % de la valeur ajoutée devraient provenir de l’exportation. Interrogé sur une éventuelle diversification, Vasyl Bézhynets indique : « à part le foie gras, nous resterons 100 % poulet. Nous sommes déjà très diversifiés et nous avons tellement de métiers à maîtriser dans le végétal et l’animal. Nous allons jusqu’à remplir un rôle social sur les territoires repris en location (production annexe de lait, de porc). » Dans un pays secoué par une crise économique et une guerre intérieure, la segmentation du marché n’est vraiment pas d’actualité. Cependant Mironivsky passera sans état d’âme à des productions de type fermier ou bio quand le niveau de vie des Ukrainiens s’améliorera vraiment. D’ici là, il laisse ces miettes à de petits producteurs encore mal structurés.

MHP s’adapte au conflit russe

Enregistré au Luxembourg et coté à Londres, le groupe Mironivsky s’est mis à l’abri des incertitudes politiques et des raids inamicaux, mais il subit la crise politique et économique intérieure. L’indépendance de la Crimée en 2014 lui a fait perdre des activités, tout comme la guerre civile à l’Est. Dans le Donbass, deux fermes de reproduction pesant un tiers de l’accouvage ont été perdues et une ferme de poulet évacuée (Nova Peremoga, le premier site racheté). Ce qui a obligé le groupe à reconvertir une de ses cinq fermes en reproduction. Ses activités restent profitables au plan opérationnel, mais pour cette société financée par des capitaux internationaux la dévaluation de la grivna accroît l’endettement et pèse négativement sur le résultat. Ébranlé, MHP semble néanmoins s’adapter mieux que d’autres (notamment Ukrlandfarming). Sergueï Karpenko, directeur de l’Association des entreprises avicoles, estime que cette crise va encore plus concentrer le secteur, au détriment des entreprises n’ayant pas assez d’efficacité économique et au bénéfice des entreprises exportatrices qui valorisent mieux leurs produits.

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