Aller au contenu principal

En Argentine, Ovobrand, un géant de l'oeuf créé pour exporter

La plus grande usine d'ovoproduits d'Argentine exporte ses poudres vers de nombreux pays, mais sa rentabilité a fondu du fait de l'hyperinflation et d'un taux de change défavorable.

Démarré en 2010, le complexe Ovobrand prévoit d'atteindre 4,9 millions de poules pour exporter dans le monde entier, notamment l'Europe.
Démarré en 2010, le complexe Ovobrand prévoit d'atteindre 4,9 millions de poules pour exporter dans le monde entier, notamment l'Europe.
© C. Coulon

Située à Brandsen, à 65 kilomètres au sud de Buenos Aires, Ovobrand est l'usine d'ovoproduits la plus grande d'Argentine. Créée en 2010 avec un cheptel de 1,5 million de poules attenantes, c'est aussi la plus récente et la mieux équipée. Le site où travaillent 165 salariés, produit 350 tonnes par mois, dont 85 % sous forme de poudre et 15 % en liquide. Il fournit déjà près de 60 % du total des exportations argentines de poudres d'oeuf (3 570 t). Les poudres partent vers une quinzaine de destinations ; tandis que les produits liquides (630 t) sont destinés au marché intérieur sous la marque Ovobrand. Le PDG fondateur, Gustavo von Bassenheim, vend le gros de sa production par l'entremise de courtiers, au Japon, au Vietnam, en Russie, en Allemagne, au Danemark, en Suède, en Italie, en Jordanie, d'où ses ovoproduits sont redistribués vers d'autres marchés (Moyen-Orient, Colombie, Cuba, Chili, Brésil).
La gamme comprend douze produits, avec des spécificités technologiques qualifiées « haut de gamme ». « Nous faisons du sur-mesure quand les volumes commandés sont importants », précise-t-il. Les marchés à plus forte croissance se trouvent en Asie et au Moyen-Orient. « Les prix mondiaux des ovoproduits sont étroitement liés à ceux du maïs, mais restent moins volatils. »


Résister et laisser passer la tempête


Gustavo von Bassenheim annonce des prix entre 12,5 et 13 dollars par kilo pour le blanc en poudre, 6,20 dollars pour le jaune en poudre, 6,35 dollars pour l'oeuf entier en poudre, frais de transport et de taxe export compris (5 %). Ces prix sont compétitifs, mais s'y ajoutent des taxes à l'entrée des pays destinataires, par exemple de 1,40 EUR/kg dans l'UE pour la poudre d'entier.
Depuis son lancement en 2010, Ovobrand a gagné de l'argent, mais l'entreprise est arrivée à son point d'équilibre en 2 013. Le problème est lié au contexte monétaire, pas à la demande. « Si la municipalité me laissait m'agrandir et que le contexte argentin était meilleur, j'exporterais immédiatement 50 % de plus », jure Gustavo. En effet, le taux de change officiel du peso argentin avec le dollar et l'euro est fixé par le gouvernement en dessous du taux « réel » du marché. Concrètement, Gustavo encaisse 5 pesos pour chaque dollar facturé, alors que ce même dollar s'échange 10 pesos dans les rues de Buenos Aires ! Un vrai problème lorsque les salaires de ses ouvriers tournent autour de 12 000 pesos (1 000 euros en valeur internationale). Autrement dit, l'inflation dépasse l'évolution plus lente du taux de change : les salaires augmentent plus vite que la valeur de sa production vendue à l'étranger.


Mise aux normes européennes à long terme

 


Gustavo von Bassenheim a-t-il eu la folie des grandeurs en montant aussi rapidement une affaire aussi importante ? S'en mord-t-il les doigts aujourd'hui que l'inflation en Argentine rogne ses marges à grandes dents et que le déphasage du taux de change officiel euro-peso par rapport au taux du marché sape la rentabilité de son affaire ? « L'Argentine est un pays à cycle... », commente-t-il. Traduction pour les non-argentins : l'économie locale s'écroule en moyenne tous les dix ans depuis un siècle, puis repart sur les chapeaux de roue.
À plus long terme, même s'il exporte ailleurs, le PDG sait aussi qu'il devra mettre ses poules aux normes de l'Union européenne qui font référence. Pour l'instant, elles disposent chacune de 437 cm2, au-dessus des 380 cm2 courants en Argentine. Il est d'ailleurs allé aux États-Unis puis en Allemagne en octobre dernier pour rencontrer des équipementiers. Cette étape obligatoire est toutefois secondaire par rapport au contexte macro-financier argentin.

Le poids de la filière argentine


o Production : 11 milliards d'oeufs avec 38,2 millions de pondeuses.
930 entreprises (21 000 salariés), dont 330 exclusivement dédiées à la production d'oeufs. Les 20 premières représentent un tiers de la production


o Consommation : 240 oeufs par habitant et par an


o Exportation : De janvier à juin 2013, 3059 tonnes d'oeufs entiers et 2247 tonnes d'ovoproduits fournies par six entreprises.


Source : chambre argentine des industriels de l'oeuf

Les plus lus

<em class="placeholder">Pauline Van Maele et Aurélien Lerat : « La viabilité de notre projet d&#039;installation à deux reposait sur le maintien de l’élevage sur l’exploitation avec deux ...</em>
« Le poulet a rendu viable notre projet d’installation »

Dans l’Aisne, Pauline et son frère Aurélien Lerat ont repris l’exploitation familiale de grandes cultures en réinvestissant…

<em class="placeholder">Accessible par un unique chemin, l’entrée du site d’élevage de Nicolas Verdier est délimitée par une clôture grillagée avec un portail électrique et un grand sas ...</em>
Une biosécurité renforcée pour un site de deux poulaillers de chair neufs

Nicolas Verdier s'est installé à Mansigné dans la Sarthe avec un site de deux poulaillers neufs de 1 800 m2 équipé d'un…

<em class="placeholder">GŽraldine Mazerolle et ses poulets Label rouge de 15 jours</em>
« Nous avons renforcé l'exploitation bovine et de poules pondeuses avec deux bâtiments label »

Pour générer un revenu complémentaire et vivre à deux sur l’exploitation dans l'Allier, Géraldine et Julien Mazerolle se sont…

<em class="placeholder">Nicolas Verdier lors de la porte ouverte : « Mon site de deux bâtiments de 1 800 m2 répond à mes attentes en termes de revenu et de temps de travail.»</em>
« Je vis bien avec mon site de volailles de chair neuf de 3 600 m2 »

Nicolas Verdier s’est installé seul avec deux poulaillers de chair neufs. Grâce à des performances technico-économiques…

<em class="placeholder">Bruno Mousset travaille depuis vingt-cinq ans dans le groupe LDC et pilote le pôle Amont depuis 2020. Auparavant, il a dirigé la société Lœuf (2011-2019), a été ...</em>
« Il nous faut des éleveurs de volailles pour nos sites LDC »

La consommation de volaille a le vent en poupe et particulièrement le poulet. Pour rester dans l’assiette des consommateurs…

<em class="placeholder">Simple ou sophistiquée, la chaudière à biomasse est une bonne solution technique pour réduire la consommation de gaz, mais attention à sa rentabilité.</em>
Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre en volailles

Bien que peu émettrices de gaz à effet de serre (GES), les filières avicoles vont participer à l’effort collectif de réduction…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)