Empoisonner la nourriture des poux rouges
Une méthode de lutte indirecte agit sur les acariens via le sang des poules. Elle est proposée par la société Naturelis.
Une méthode de lutte indirecte agit sur les acariens via le sang des poules. Elle est proposée par la société Naturelis.
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À base d’extraits de plantes (1), le produit Répoulsif est distribué dans l’eau de boisson. Les molécules végétales (ou leurs dérivés) présentes dans le sang des poules sont absorbées par les acariens lors du repas nocturne. « Ces substances bloquent le système digestif du pou à la manière d’un emplâtre, résume le technico-commercial. Le pou ne fait qu’un repas ; le sang coagule dans son estomac ; le pou devient noirâtre et de consistance grasse. Ne pouvant plus se nourrir et se reproduire, il finit par mourir. »
Le protocole d’application est simple. Trois cures sont réalisées par l’eau de boisson (0,5 litre de produit pour 1 000 litres) à l’âge de 20 semaines, 23 et 27 semaines durant quatre jours la première fois, puis durant deux jours. Un rappel est réalisé toutes les 20 semaines. « Il faut compter un coût annuel d’environ 2,5 centimes par poule », précise Goulven Berthou de la société Naturelis. L’efficacité est validée par l’apparition de résidus grisâtres correspondant à des amas de poux desséchés. « Cette approche a intéressé beaucoup d’éleveurs », affirme encore Goulven Berthou. Il annonce que huit millions de poules sont traitées en France. Les poules en cage représentent 60 à 70 % de sa clientèle, conformément à la part de ce mode d’élevage. Les avantages sont l’application (simplicité, rapidité, sécurité du personnel), la composition naturelle et la bonne efficacité, même si le pou n’est pas éradiqué à court terme. « L’objectif est quand même de s’en débarrasser », souligne Goulven Berthou.
Naturelle, simple et efficace
Gérard Le Menn préfère anticiper que subir. Il a fait le choix de traiter systématiquement tous les lots de poules blanches en cage qu’il suit. « Je fais traiter dès que la consommation d’eau des jeunes poules atteint 130 ml par jour, en appliquant le protocole. Ensuite le deuxième traitement a lieu vers 45 semaines, avec un troisième au-delà de 90 semaines de ponte », indique le directeur technique. La semaine suivant un traitement, le personnel est parfois dérangé par des poux plus agressifs, comme si le manque de repas de sang les rendait temporairement plus agressifs. D’année en année, la pression s’atténue, au point qu’un traitement chimique acaricide est inutile lors du vide sanitaire. Au final, Gérard Le Menn continuera d’utiliser le répulsif par souci de sécurité.
Quant à France Morin, éleveur dans la Vienne, « jusqu’en 2002, on a été trente et un ans sans pou. Ensuite, jusqu’en avril 2015 on a essayé tous les produits à coups d’euros et de pulvé. » Avec le répulsif végétal, il a voulu travailler différemment. « Depuis, j’ai rangé le pulvé au placard, car le résultat est très positif. » Lors du coup de froid de janvier, après avoir fait monter la température il a observé une éclosion de poux dans un des trois poulaillers. Goulven Berthou l’a rassuré. « Il ne sert à rien de traiter des poules déjà protégées. Il faut s’armer de patience, le temps que la nouvelle génération de poux s’intoxique. Parfois, il faut avoir recours à une pulvérisation localisée d’acaricide, concède le technico-commercial. C’est du cas par cas… »
(1) Fabriqué par la société Alphatech, il contient notamment de l’origan, de l’échinacée pourpre, du ginseng et du cynorrhodon.