Sur une exploitation spécialisée de 11 000 m2
Deux bâtiments larges dédiés au poulet export
L’EARL du Manoir a investi dans deux poulaillers de 2000 m2 équipés d’une ventilation progressive bilatérale et pignon de Tuffigo-Rapidex.
L’EARL du Manoir a investi dans deux poulaillers de 2000 m2 équipés d’une ventilation progressive bilatérale et pignon de Tuffigo-Rapidex.
Implantés au cœur de la zone légumière de Saint Pol de Léon, les deux poulaillers neufs de l’EARL du Manoir se distinguent avec leur habillage gris foncé et leurs silos verts. Ils complètent les 3500 m2 du site principal, qui produit du poulet export pour Doux depuis 1972. À Plougoulm dans le Finistère, Patrick Riou a repris l’exploitation familiale en 2005 et a été rejoint deux ans plus tard par son frère Frédéric avec 3500 m2 supplémentaires sur un second site. En arrêtant la production de légumes en 2008 (trop de main-d’œuvre), ils ont fait le choix de la spécialisation. Un choix qu’ils confirment avec la construction des deux poulaillers de 2000 m2. Totalisant 11 000 m2 de surface, le Gaec de trois associés (Céline Maillot, compagne de Frédéric est arrivée en janvier) compte parmi les plus grandes exploitations de poulet export. Les poulaillers neufs sont construits à l’identique avec un magasin central. Situés en limite de propriété, leurs largeurs (20 m pour 100 m de long), et par conséquent leur mode de ventilation (longitudinale), se sont imposés. Pas question pour les éleveurs de partir sur de l’extraction haute : « plus coûteuses, les cheminées sont contraignantes à nettoyer », expliquent-ils, forts de leur expérience avec deux bâtiments déjà équipés de la sorte. Ils ont opté pour une extraction bilatérale puis pignon, progressive sur toute la durée du lot (voir ci-contre), fidèles à leurs fournisseurs (l’équipementier Tuffigo-Rapidex et l’installateur Prémel-Cabic). « On privilégie le service de proximité et nous tenions à faire travailler les entreprises bretonnes. » Le constructeur Miorcec est aussi Finistérien (????? 60 mm d’isolant en toiture et sur les côtés).
Un gain de temps au démarrage grâce au choix des accessoires
Avec ces bâtiments de grande taille, leur but était d’écraser les coûts de construction (240 euros/m2) et d’optimiser le travail. Les deux sites sont conduits en bandes décalées. Sur celui agrandi, il faudra toutefois gérer les pics liés à 7500 m2. C’est pourquoi leur choix s’est porté sur des équipements qui leur permettent de gagner du temps. C’est le cas lors du nettoyage (réalisé en 5 heures à deux personnes) et de la mise en place du lot, grâce à la dalle bétonnée (non isolée).
Pour la distribution de l’aliment, ils ont choisi les assiettes Spireline de Tuffigo-Rapidex (5 lignes), « pour son prix et sa position de démarrage », explique Frédéric. Elle permet de déverser l’aliment sur le papier de démarrage les premières 48 heures. « Grâce à son cône transparent, on visualise tout de suite le bon remplissage de la mangeoire. C’est un indicateur très visuel de la bonne consommation et répartition des volailles. » Après l’épandage de la litière en deux heures (mélange sciure et copeau), Patrick compte un quart d’heure pour étaler quatre bandes de papier de démarrage, grâce au rouleau d’un quad.
Les éleveurs ont aussi investi dans six lignes de pipettes Ziguity, des générateurs extérieurs Best et un peson automatique Tuffigo-Rapidex. Dans chaque sas, l’interface de la régulation Avitouch est posée sur un pupitre, sous lequel est regroupé l’ensemble des boîtiers de commande (pesage volaille et silos,…).
Un éclairage led homogène sur toute la surface
Quatre lignes de lampes led Pulsaled sont suspendues à environ 3,4 mètres du sol. « Réparties tous les 3,9 mètres, les 106 lampes de 10 watts fournissent une luminosité de 55 à 60 lux sur toute la surface du bâtiment, y compris sur les côtés », précise Yannick Le Corre, de Tuffigo-Rapidex. Les éleveurs ont été séduits par l’homogénéité de l’éclairage et par la variation de 1 à 100 %. « On peut simuler la pénombre. Il n’y a pas besoin de lumière bleue. »
À l’extérieur, les silos sont posés sur des jauges de contraintes. « L’aliment en stock est mesuré avec une précision de 1 % », indique Yannick Le Corre. L’intérêt est de mieux anticiper les commandes et surtout de suivre plus précisément les consommations journalières. Avec la pesée automatique des poulets, les éleveurs pourront suivre en parallèle l’IC quotidien et le GMQ. Des informations qui leur permettent d’être plus réactifs. « En poulet export plus qu’ailleurs, on récupère difficilement un jour de croissance perdu », souligne Frédéric.
Les trois jeunes trentenaires, fonceurs et confiants en l’avenir de leur production, viennent d’investir près d’un million d’euros. Dans le cadre du plan de développement du parc du groupe Doux, ils ont reçu une aide financière de 225 000 euros (soit 25 % du montant d’investissement plafonné à 225 euros/m2). « La banque avait déjà donné son feu vert mais cette aide conséquente apporte une sécurité », soulignent-ils.
Une ventilation progressive Tuffigo
La répartition et la programmation des ventilateurs EC a été réfléchie pour que l’augmentation des débits soit très progressive, du premier au dernier jour, que l’on soit en extraction bilatérale ou pignon. En phase de démarrage, la sortie de l’air se fait par les deux côtés, grâce à 6 ventilateurs progressifs EC 450 de 7500 m3/h, bloqués à 80 %. En débit minimum à 40 %, ils sont mis en route deux par deux en quinconce, par alternance. Vers 7 jours, les deux ventilateurs atteignent 80 % de leur débit et deux supplémentaires s’enclenchent. Les quatre passent à 40 % puis augmentent simultanément jusqu’à atteindre 80 % et déclencher les deux derniers. « En faisant en sorte que les ventilateurs EC fonctionnent le plus longtemps possible à moyen débit, on réduit les consommations d’électricité (de 15 à 20 % en moyenne sur toute la durée du lot sur un an par rapport à des ventilateurs tout ou rien standard) », précise Yannick Le Corre, de Tuffigo-Rapidex. Lorsque les six atteignent 80 % (soit 36 000 m3/h), le bâtiment bascule en ventilation pignon avec trois ventilateurs progressifs EC 630 de 14500 m3/h démarrant à 70 %. Une fois à 100 %, ils retombent à 70 % tandis qu’un quatrième est mis en route. Dans la même logique de progressivité, lorsque les quatre saturent, une turbine de 36 000 m3/h s’enclenche tandis que les quatre EC 630 retombent à 40 %. Et ainsi de suite pour les six autres turbines. Au total, la capacité d’extraction à 30 Pa d’un 2000 m2 est de 310 000 m3/h. Elle est calculée en fonction de la section du pignon à 1,2 m/s.
Un réglage en fonction de la dépression
Au démarrage, seules 24 trappes Kan’air s’ouvrent en simultané (sur 116). Une fois en mode pignon (vers 18 jours), la proportion de trappes ouvertes augmente progressivement. L’ouverture des trappes est gérée en deux zones par quatre vérins. « L’écart de température entre les deux pignons reste toujours inférieur à 1°C », a constaté l’éleveur. Tout juste démarrés (2e lot pour l’un, 1er pour l’autre), les bâtiments sont en phase de rodage. « Plus que le mode de ventilation longitudinale que l’on connaissait déjà, le plus dur à appréhender est le volume d’air du bâtiment du fait de sa grande largeur. Le mélange des masses d’air doit être homogène », explique Frédéric. Avec une pente de 26 %, la hauteur au faîtage atteint plus de 5 mètres, soit près de 7000 m3. « En mode pignon et avec des bâtiments très larges, il faut à tout prix augmenter la dépression pour avoir une vitesse d’entrée d’air assez épaisse et rapide tout en ayant une ouverture minimum de 1 cm. Elle se règle en fonction de chaque bâtiment (ici 40-45 Pa) », est convaincu Yannick Le Corre.
100 000 m2 en neuf d’ici 5 ans pour Doux
Le groupe Doux a mis en place un programme d’aides à la création de bâtiments en poulets export. "Le projet cible est un bâtiment de 1800 à 2000 m2, en ventilation dynamique, situé à proximité de nos abattoirs de Chateaulin (Finistère, Ouest des Côtes-d’Armor et du Morbihan, 70 000 m2 de besoins de création) et de Chantonnay (30 000 m2)", précise Pascal Le Floch, directeur de la production du groupe. L’aide est de 25 % du montant du bâtiment, plafonnée à 225 euros/m2. DEJA DIT "Versée dès la première année, c’est une subvention amortissable (engagement de l’éleveur sur 10 ans)." Une aide à la rénovation et à la reprise de bâtiment (suite à un départ en retraite) est aussi proposée sous forme de complément de prix.