Des poules repro performantes en bâtiment clair
Zoé Prual est multiplicatrice en chair depuis 2013. Adepte du bâtiment statique, elle vient d’investir dans un second tunnel en demi-lune, construit à l’identique.
Zoé Prual est multiplicatrice en chair depuis 2013. Adepte du bâtiment statique, elle vient d’investir dans un second tunnel en demi-lune, construit à l’identique.
En repro chair et particulièrement en souche lourde, la tendance est aux bâtiments obscurs et dynamiques, car ils facilitent la maîtrise du programme lumineux et de l’ambiance. Pour autant, on peut très bien réaliser de bonnes performances de ponte en bâtiment clair. L’élevage de Zoé Prual en est un parfait exemple. À Pommerit-Le-Vicomte dans les Côtes-d’Armor, la jeune femme de 30 ans a rejoint en 2013 le Gaec laitier de son mari et de ses beaux-parents en apportant un atelier de poules reproductrices, qu’elle gère seule. Elle a repris un bâtiment tunnel de 1 200 m2 datant de 1998 à un multiplicateur parti en retraite à qui elle a également loué pendant deux ans un second bâtiment de 4 500 poules. La transition s’est faite en douceur. Le cédant et son technicien l’ont accompagnée pendant une à deux années pour l’aider à prendre en main son nouvel outil. Ce qu’elle a visiblement bien réussi. Avec un taux moyen d’éclosion de 82 %, le nombre de poussins par poule atteint 139 à 60 semaines, sans recharge de coq, ce qui la place dans le premier tiers des élevages en Ross 308 de Couvéo. Sa rémunération brute s’élève à 59 euros/m2. Un bon niveau de rentabilité qui lui a permis d’envisager rapidement d’investir dans du neuf en 2017. Le site comprend désormais deux bâtiments de 9 500 reproducteurs (dont 8,5 % de coqs) en bande unique, tandis que la location du poulailler voisin a été arrêtée.
Viser la simplicité de fonctionnement
Sûre de son choix, l’éleveuse n’a pas hésité une seconde à repartir sur un statique, construit à l’identique du premier (coque en demi-lune Le Triangle, mêmes équipements intérieurs). « Je le connais par cœur et le trouve facile à gérer. Il y a peu de mécanique. C’est d’autant plus appréciable pour une femme en cas de panne. Je vise la simplicité ! » Mais ce qui plaît par-dessus tout à cette passionnée de chevaux habituée au grand air, c’est de travailler avec la lumière naturelle et d’avoir une vue sur l’extérieur. Bien entendu, le coût d’investissement d’un bâtiment en structure légère rentre aussi en ligne de compte. Il s’élève à 300 000 euros soit 250 euros/m2 (voir ci-contre). « Pour un bâtiment dynamique, il faut compter 375 euros du mètre carré », compare Jean-Pierre Gallais, responsable de l’activité repro. Les charges d’électricité sont également réduites : 1 500 euros par an contre 5 000 euros en dynamique. « La seule difficulté est de bien maîtriser la ventilation », tempère-t-il. ici, le site se trouve sur une légère butte. Des brasseurs d’air ont été ajoutés. « Même l’été, il y a toujours de l’air », plaisante l’éleveuse bretonne. L’hiver, elle est parfois amenée à ajouter du copeau sur le sol en cas d’humidité. Par ailleurs, pour bien maîtriser la montée en ponte en bâtiment statique, la technique consiste à retarder le transfert des poulettes vers 22 semaines au lieu de 20. « Cela évite un démarrage trop précoce lié à l’écart important entre le programme lumineux en poussinière (8 h) et la durée du jour (15 h fin août), précise Jean-Pierre Gallais. Cela nécessite une meilleure coordination des plannings et reste exceptionnel. »
Une éleveuse épanouie dans son métier
Début octobre, les poules âgées de 30 semaines avaient atteint le pic de ponte. « Je suis encore en phase de rodage. Il faut tout un lot pour optimiser l’ensemble des réglages. » Les premiers résultats sont plutôt satisfaisants. Le taux de ponte au sol du bâtiment neuf, bien plus élevé que dans l’ancien, reste toutefois inférieur à 1 %. L’éleveuse passe en moyenne sept à huit heures par jour à l’élevage. Elle tient à être présente pendant la distribution d’aliment du matin, qui a lieu à 9h30 dans le premier et à 11h dans l’autre. Elle est aidée d’un saisonnier deux à trois heures par jour jusqu’à pic de ponte pour l’emballage des œufs à couver. Elle a par ailleurs investi dans une calibreuse ce qui lui permet de se concentrer davantage sur la surveillance du lot. Lors du vide, elle embauche quelques personnes pour le démontage tandis que le nettoyage est réalisé par un prestataire. Pendant cette période, elle tient à se dégager du temps pour elle. « Je ne suis pas issue du milieu agricole. Je veux que mon métier me permette d’avoir une vie familiale « normale », de partir en vacances… » Elle apprécie d’être indépendante. "L’élevage de multiplication demande une présence sept jours sur sept mais en dehors de la période très chronophage autour du pic de ponte, il donne de la flexibilité. »
Deux bâtiments jumeaux construits à l’identique
Conçu par Le Triangle, le bâtiment tunnel en demi-lune neuf est situé en parallèle décalé avec le premier, auquel il est relié par un couloir de convoyage des OAC (une seule zone d’emballage). Mesurant 100 mètres de long sur 12 de large, il dispose d’une ligne centrale de 92 mètres de pondoirs, entrecoupée de zones de passage. De marque Van Gent, ils ont été achetés d’occasion (3 000 €) de même que les caillebotis en bois. Chaque côté comprend trois chaînes d’aliment, une ligne de mangeoires pour coqs et 50 abreuvoirs Plasson. L’ouverture des rideaux isolés est régulée par l’automate Avibox (Tuffigo-Rapidex). Le coût est de 300 000 euros, y compris la calibreuse (30 000 €). Le bâtiment sera remboursé sur quinze ans pour la coque et sur sept ans pour le matériel.
En savoir plus
Le couvoir de poussins Couvéo, basé à Pontivy et filiale de Triskalia a une capacité de 1 075 000 OAC par semaine. Il est approvisionné par un parc de 280 000 poules reproductrices de souches JV, JA 87 et Ross 308.