Craintes de fermeture pour l’abattoir de dindes de LDC à Blancafort
À l’appel de la FNSEA 18 et des Jeunes Agriculteurs du Cher, des éleveurs et des élus locaux ont manifesté le 9 octobre devant les grilles de l’abattoir de dinde pour réclamer au groupe LDC un avenir à cet outil industriel en perte d’activité.
À l’appel de la FNSEA 18 et des Jeunes Agriculteurs du Cher, des éleveurs et des élus locaux ont manifesté le 9 octobre devant les grilles de l’abattoir de dinde pour réclamer au groupe LDC un avenir à cet outil industriel en perte d’activité.
Les salariés des Volailles de Blancafort et les éleveurs qui fournissent l’abattoir de dinde de Blancafort (Cher) sont inquiets depuis plusieurs mois.
Alexandre Cerveau, secrétaire général de la FNSEA 18, craint la fermeture de cet outil qui abat et découpe seulement 20 000 dindes par semaine sur 2 ou trois jours, bien loin de son potentiel. En cas de fermeture, « des éleveurs vont se retrouver en zone blanche », craint-il, autrement dit à plus de 150 kilomètres d’un autre abattoir LDC du Loir-et-Cher.
Perte du portefeuille commercial
En juillet dernier, les éleveurs syndiqués avaient déjà tiré la sonnette d’alarme et rencontré le directeur du pôle amont pour comprendre la stratégie de l’entreprise. Celle-ci avait évoqué un contexte très défavorable pour la dinde française, avec une production ramenée de 2 millions à 600 000 têtes par semaine en 20 ans.
Depuis son rachat par LDC en 2015, le site de Blancafort s’est spécialisé dans l’abattage et la découpe primaire pour les marchés de la restauration et de l’industrie agroalimentaire, « un marché très concurrentiel » selon Dylan Chevalier, porte-parole de LDC. Jusqu’à il y a peu, l’abattoir employait 270 salariés dont 40 intérimaires.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas et Stéphane Pierrot, représentant CFDT des salariés de l’entreprise, craint le pire. Son diagnostic est assez sévère. « Nous avons perdu la fabrication des produits élaborés il y a déjà plusieurs années et nous sommes devenus des fournisseurs de viande aux autres outils de LDC essentiellement. Nous n’avons presque plus de clients extérieurs. »
Cette situation a placé l’abattoir dans le rouge depuis 2018, ce qui se traduit par un déficit cumulé de 27 millions d’euros, les pertes étant évaluées entre 800 000 € et 1 million d’€ par mois.
Des machines déjà évacuées
Trois scénarios étaient envisagés par LDC en juillet : ramener l’activité à 20 000 dindes par semaine et réduire les effectifs salariés, ce qui a été fait depuis. Les autres scénarios étaient la recherche d’un repreneur ou la fermeture pure et simple de l’outil. « La direction nous a mis au courant au mois d’août ! », déclare Stéphane Pierrot.
En ce début d’automne, les salariés ne sont pas du tout optimistes. Quarante emplois intérimaires ont été supprimés depuis cet été et, il ne reste que 130 salariés sur les 230 du début de l’année. Par ailleurs, plusieurs machines de découpe et d’étiquetage ont déjà été évacuées. « Si le site devait fermer, nous allons nous retrouver sans emploi car pour l’instant la direction n’a pas prévu de reclassement, d’autant que les sites potentiels de LDC sont très éloignés ».
Alors que l’abattoir a travaillé normalement le 9 octobre, le syndicaliste a prévenu la direction qu’il y aurait des débrayages eau mois de novembre, si le groupe n’annonce rien de positif.
Contacté le 11 octobre, Dylan Chevalier indiquait que LDC poursuit ses efforts d’adaptation au marché et informera prochainement le personnel de l’évolution de la situation, sans donner de date précise.
Des poulets à la place des dindes
Toutes ces inquiétudes sont partagées par les aviculteurs de la région. « Si le site ferme, la cinquantaine de producteurs du Loiret, du Loir-et-Cher, de l’Indre et du Cher n’auront plus de débouchés proches. La filière avicole régionale sera en danger, alors que nos éleveurs sont performants et produisent de la qualité, résume Alexandre Cerveau.
« Nous souhaitons la poursuite de l’activité. Quel avenir pour nos territoires si les agriculteurs perdent leurs outils de production ? Quels autres débouchés auront-ils ?, s’interroge le responsable syndical. Nous devons maintenir notre outil de production, quitte à faire du poulet ».
Basculer de la dinde au poulet est une des solutions pour rentabiliser l’outil d’abattage et répondre à la demande croissante. « L’usine est adaptée pour des gros poulets », considère Stéphane Pierrot, qui évoque aussi la possibilité de « se remettre à la transformation du produit ».
Le saviez-vous ?
5 sites d’abattage LDC en dinde
Le groupe LDC détient 5 sites d’abattage de dinde en France : Volailles de Blancafort (18), Volabraye à Savigny sur Braye (41), Celvia à Saint Jean de Brevelay (56), LDC-Dinde à Sablé sur Sarthe (72), Maitre Coq à Saint Fulgent (85)