Commerce international : Les importations de poulet ont encore augmenté
Les importations de viande de poulet ont augmenté de 10 % entre 2015 et 2019 et celles des produits élaborés de 62 %. Une étude détaille ces chiffres.
Les importations de viande de poulet ont augmenté de 10 % entre 2015 et 2019 et celles des produits élaborés de 62 %. Une étude détaille ces chiffres.
Les données du rapport FranceAgriMer analysant les flux d’importation de volaille en France sont assez parlantes. En 2019 (l’année 2020 de la Covid-19 ayant été trop atypique), les quantités de viande de poulet importé ont été d’environ 407 000 tonnes, en hausse de 36 000 tonnes (+10 %) par rapport à 2015.
À cela s’ajoutent 72 000 tonnes de « préparations » à base de poulet, en hausse de 62 % par rapport à 2015. Le robinet des importations reste largement ouvert et elles sont de plus en plus d’origine européenne. L’achat direct aux pays tiers (Thaïlande, Brésil) n’a plus la cote, eu égard aux suites du scandale des salmonelles au Brésil et à l’intégration des préoccupations sociales (travail des enfants) et environnementales (déforestation) par les entreprises (RSE). Ce qui n’empêche pas d’acheter aux autres États membres européens du « minerai » venant de pays tiers.
Les découpes ultra-majoritaires
Rappelons que les abattages français de poulet ont été de 1,05 million de tonnes d’équivalent carcasse (tec) en 2019 et que la consommation de viande de poulet était estimée à 1,37 million de tec.
Celle-ci a augmenté de 19 % entre 2015 et 2019 et la production de 2 %. S’ajoute l’offre nette (export exclu) de produits élaborés contenant du poulet, qui a été évaluée à 460 000 tonnes par AND International, auteur de l’étude.
L’étude des flux par catégorie (carcasses, découpes avec os et découpes sans os) montre que la viande importée est constituée de découpes à plus de 90 %, l’entier importé régressant lentement vers un débouché lui-même décroissant.
En prenant en compte les flux entrant et sortant pour évaluer le volume disponible pour la consommation directe et la transformation, les importations couvrent 15 % de ce disponible en poulet carcasse (8 % en 2015), 42 % en découpe avec os (49 % en 2015) et 49 % en découpe sans os (52 % en 2015). En résumé, plus la « transformation » du poulet est poussée, plus le ratio d’importation augmente.
Des comportements d’acheteurs très variés
Le cabinet AND international a aussi estimé les niveaux d’utilisation et analysé les comportements d’achats selon les trois débouchés : commerce, industrie de transformation et restauration hors domicile (RHD).
Dans le secteur de la RHD (fast-food, kebab, boulangerie…), les quantités importées stagnent aux environs de 80 000 tonnes, de sorte que le taux de pénétration diminue globalement, tout en restant à 59 % dans ce secteur. Cette stagnation est sans doute en lien avec les efforts de reconquête entrepris par les abatteurs.
En revanche, l’industrie (fabricants de sandwichs, salades, pizzas, plats cuisinés…) a massivement recours aux découpes importées (+22 % depuis 2015), ce qui fait que le taux de pénétration y avoisine 72 %, sans toutefois augmenter. Là encore, les industriels français se maintiennent. Le taux d’achat d’import déclaré en entretien varie de 7 à 80 %, certains opérateurs utilisant l’import pour les marques distributeurs (MDD) et l’origine France pour leurs marques. Tout dépend de l’attente de prix de l’acheteur. L’accent est mis plus sur la recette et le savoir-faire que sur l’origine. Cherchant la réassurance, certains clients reviennent pourtant à l’origine France (artisans boulangers, restauration collective avec la loi Egalim2).
Les GMS sont les « bons élèves du nationalisme alimentaire ». Avec ses signes de qualité très présents (label rouge surtout), le poulet entier est peu chahuté par l’importation, sauf sur le premier prix. Mais plus on s’éloigne du rayon frais, plus le taux d’importation augmente avec des produits fabriqués en France avec de l’importé. Selon AND, les GMS restent le principal circuit de vente des produits élaborés.
Quant au réseau du commerce ethnique de détail – sous-appréhendé au plan statistique — c’est le prix et non l’origine qui compte. La part des importations est estimée à plus de 75 %, toutes catégories de poulet confondues.
Toutes ces tendances évolueront-elles ? Hormis les impacts de la Covid en 2020 et 2021, les auteurs de l’étude concluent que la filière française peut maintenir ses parts de marché à condition d’investir et que la reconquête des marchés de la restauration est possible avec la loi Egalim et l’étiquetage de l’origine. En revanche, reprendre des positions dans le débouché de l’industrie se révélera plus difficile.
Troisième étude des flux d’importation
Appliquant la méthode utilisée en 2013 et 2016, le cabinet d’études AND International a chiffré les flux de viande de poulet importés, selon leur conditionnement (congelé, frais, entier, découpé avec ou sans os) et leur origine (Union européenne, pays tiers). Il les a ensuite recoupés pour évaluer les taux de pénétration selon les débouchés. Une trentaine d’entretiens qualitatifs ont été réalisés avec des opérateurs (grossistes, commerce de détail, restauration hors domicile, industrie agroalimentaire).