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Bichonner le démarrage des poussins

Préparation du matériel et satisfaction permanente des besoins des poussins sont deux conditions à réunir pour démarrer correctement des poulets à la croissance rapide.

L’image de la course automobile illustre bien ce qu’est devenue aujourd’hui la production du poulet de chair : une affaire de professionnels qui ont de moins en moins le droit à l’erreur de pilotage. Dans le cas présent, l’objectif est que tous les poussins arrivent au bout de cette course (viabilité maximale) et si possible sur la même ligne (meilleure homogénéité). « Le modèle du poulet à croissance rapide n’est pas remis en cause au plan mondial, estime Thierry Rolland, responsable d’Aviagen France. Mais les sélectionneurs et les producteurs doivent de plus en plus intégrer les attentes sociétales, comme le bien-être animal et l’usage raisonné des antibiotiques. Aviagen y travaille en sélectionnant les familles les plus rustiques, c’est-à-dire les moins sensibles aux stress de toutes sortes », ajoute-t-il.

Y parvenir en élevage passe par l’application d’une longue « check-list » de conditions toutes aussi importantes les unes que les autres. « Il est possible d’obtenir ce résultat à condition de fournir aux poussins les meilleures conditions de confort et les meilleures pratiques. Ce qui signifie aussi d’y mettre plus de moyens, notamment humains. Le retour sur investissement démarrage est bien réel. » Comme ce sélectionneur fournit environ 90 % des poulets conventionnels élevés en France avec ses deux souches Ross 308 et Ross PM3, nous lui avons demandé quels sont les points de vigilance lors de la première semaine de vie si déterminante pour le résultat final.

1 Préparer soigneusement la poussinière

Doté d’une thermorégulation « non optimale » pendant les trois premiers jours, le poussin se comporte comme un animal « à sang froid » dont la température dépend de son environnement. La mise en chauffe du bâtiment démarre 72 heures avant la mise en place pour obtenir une salle chaude en tout point (sol, paroi, matériel) avec un air à 35 °C dans les 24 heures précédant la livraison.

Le couple température-hygrométrie est très important entre 1 et 3 jours. « En dessous de 50 % d’hygrométrie relative (HR), il y a risque de déshydratation et de sensation de froid », souligne Jean-Charles Béthuel, le responsable technique, d’où une température à corriger selon l’hygrométrie : 30,8 °C pour 60 % de HR et 33,2 °C pour 50 % de HR. Des éleveurs de poulet sexé rapportent une plus grande sensibilité des femelles à la déshydratation, peut-être à relier à leur naissance plus précoce.

La température de la litière est de 30 °C en tout point, sachant qu’un écart de 5 °C peut engendrer un retard de poids de 9 % à 7 jours, retard qui ne sera pas rattrapé. À l’étranger, avec un sol bétonné, certains éleveurs réalisent des andains (qu’ils étalent les dernières heures) pour permettre au béton de se réchauffer plus vite.

L’air est de bonne qualité (moins de 3 000 ppm de CO2) et renouvelé à raison de 1,52 m3/kg poids vif/heure jusqu’à 100 g (1,28 au-delà et 1,08 après 200 g), afin d’apporter l’oxygène, d’évacuer le CO2 et l’humidité qui, sinon, est stockée dans la litière avec un risque accru de pododermatite. « Les nouvelles normes Aviagen qui paraîtront cette année passeront à 3 m3/kg/heure. »

L’éclairement est de 23 heures le 1er jour, puis se réduit d’une heure par jour jusqu’à obtenir 6 heures de nuit sur 24 heures, en veillant à ne pas éteindre plus de 4 heures d’affilée, pour gérer le risque d’hypoglycémie de certains poussins. L’intensité lumineuse est au minimum de 40 lux sur la zone d’alimentation pour favoriser la consommation.

2 L’eau et l’aliment accessibles

Le poussin doit pouvoir disposer d’un point d’eau et d’alimentation à moins d’un mètre. Sur la pipette multidirectionnelle, la goutte visible se trouve à la hauteur des yeux. Le circuit est purgé au moins deux fois par jour pour limiter la formation du biofilm, en veillant à ne pas employer d’eau à moins de 12°C. Relever la ligne chaque jour, sachant que jusqu’à J 21 le poussin grandit d’un cm par jour.

L’aliment en miettes est disposé sur des bandes de papier de part et d’autre des lignes de pipettes, soit la moitié de la surface. La quantité distribuée est de 50-70 g/tête, en une seule fois juste avant l’arrivée ou bien par séquence (30 g, puis 5 g par 5 g avec de l’aliment frais deux fois par jour). Les assiettes disponibles sont remplies au niveau maximum. Éviter le papier trop facilement dégradable. « Il ne fait pas assez de bruit pour attirer les poussins, il se perce rapidement et ne joue plus son rôle de support d’aliment. » Il sera enlevé au bout de 2 à 3 jours, « sinon, cela limite l’absorption des fientes par la litière, avec un plus grand risque de pododermatite. »

L’ajout de colorant sur les miettes ou de réhydratant dans l’eau (électrolyte plus dextrose) peut avoir un intérêt « mais le plus important, c’est de stimuler 100 % des poussins à aller manger et boire. » Un ratio eau sur aliment de 1,8-1,7 est jugé correct.

3 Suivre les paramètres et les poussins

Visiter les poussins au moins cinq fois par jour les premiers jours a un effet stimulant. « La présence humaine influe positivement sur le comportement alimentaire », note Jean-Charles Béthuel. C’est aussi l’occasion de vérifier si les réglages du matériel et de l’ambiance sont corrects.

Le test du jabot objective la prise alimentaire, avec 75 % des jabots pleins et souples après 2 heures et 100 % à 48 heures. « À 7 jours, la prise de poids doit être d’au moins 4,5 fois le poids d’arrivée. »

Le thermomètre auriculaire est conseillé pour mesurer la température cloacale (39,5-40°C deux heures après la mise en place), même si la répartition spatiale des poussins est un indicateur. « Des poussins qui ont froid ne vont pas forcément se déplacer vers les zones plus chaudes. »

Les normes en matériel

Une pipette multidirectionnelle pour 12-14 poulets, avec espacement de 20-22 cm.
Une mangeoire pour 80 poulets avec un espacement de 75 cm et 3 m entre deux lignes.
Une bande de papier de chaque côté des lignes de pipettes.

Deux spécificités du démarrage des « repros »

Les conditions de démarrage des futurs reproducteurs sont identiques à celles des « broilers » mais ils nécessitent plus de suivi. En effet, à peine éclos, ce poussin vit deux stress incontournables.

D’une part, il subit le traitement du bec qui limitera le risque de picage pendant la reproduction. À noter que cette opération n’est pas faite avec les poules naines Ross PM3. Sur les poules reproductrices Ross 308, plusieurs pays comme l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Allemagne, ne réalisent plus de traitement du bec. Quand elle est pratiquée au couvoir, cette intervention augmente fortement le risque de sous-consommation d’eau et d’aliment.

D’autre part, les poussins doivent être sexés au cloaque (1) ce qui se traduit par une baisse de viabilité. Dans le futur, ces deux interventions pourront être limitées ou supprimées, à condition de faire évoluer les bâtiments et la conduite (baisse des densités, bâtiment obscur) et par le sexage in ovo (avec retrait du sexe non souhaité) encore à l’état de recherche.

Enfin, compte tenu du nombre d’animaux plus faible (10 par m2 en moyenne), on délimite souvent des parcs de démarrage pour rassembler le matériel et réduire la distance à parcourir entre point d’aliment et point d’abreuvement.

(1) L’autosexabilité par la longueur des plumes est pratiquée par les accouveurs. Elle est applicable une seule fois dans le schéma génétique.

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