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Des plants de vigne mycorhizés, pour un bon départ

Les mycorhizes et les plants mycorhizés apparaissent comme un plus au moment de la plantation, pour renforcer notamment la capacité d’assimilation de la vigne. Ils sont particulièrement intéressants en situation de stress ou de sols difficiles.

La mycorhization est un phénomène qui se produit naturellement dès lors que la plante hôte est en place. C’est un échange « gagnant-gagnant » qui permet à la plante d’être plus efficace et au champignon de se nourrir de la photosynthèse de la plante hôte. « Nous avons pu observer, dans des essais réalisés entre 2009 et 2015, que l’inoculation des plants avant plantation avec des mycorhizes permettait un développement plus rapide de la vigne les premières années, indique François Dal, de la Sicavac. En revanche, trois à quatre ans après l’implantation de ces plants, on ne distinguait plus de différence, compte tenu très certainement de l’installation des mycorhizes présents dans le sol. Ce constat nous conduit à penser que les plants mycorhizés peuvent être recommandés en situation difficile avec un stress hydrique important par exemple, ou lors des remplacements pour une reprise plus facile. »

Plants mycorhizés en pot ou apport de mycorhizes ?

Les pépiniéristes ont bien compris l’intérêt des mycorhizes et travaillent pour certains depuis plus d’une dizaine d’années sur cette symbiose gagnante pour le développement de la vigne. Fortes de leur expérience et de leurs travaux en recherche et développement dans ce domaine, les pépinières Mercier commercialisent ainsi des plants mycorhizés en pots dans leur gamme biocontrôle « ForcePlant ». « La simple présence de mycorhizes ne garantit en rien les effets bénéfiques recherchés car seule la symbiose peut le garantir. C’est pourquoi, nos ingénieurs ont travaillé sur un procédé de production spécifique de plants en pots, qui seul, permet d’obtenir des petites racines susceptibles d’accueillir les mycorhizes, explique Olivier Zekri, responsable recherche et développement au sein des pépinières Mercier. En effet, lors d’une plantation traditionnelle en racines courtes, la coupe des racines compromet la présence de mycorhizes. » Le recours à des plants en pots mycorhizés en amont permet de s’assurer par ailleurs que la mycorhization a bien eu lieu.

Mais les mycorhizes peuvent également être apportés au moment de la plantation, comme le recommande la société Lallemand avec le produit MYC 800 qui peut être incorporé soit par l’arrosage des plants, soit lors du pralinage. Pour y voir plus clair sur ces différents apports de mycorhizes et leur intérêt, l’IFV vient de mettre en place, et pour une période de trois ans, une expérimentation sur un plantier où seront comparées trois modalités : plants mycorhizés en pots, pralin mycorhizé et témoin. De même, la chambre d’agriculture du Vaucluse compte plancher sur cette thématique.

Bien choisir son espèce

S’il existe un grand nombre d’espèces de mycorhizes, Rhizophaqus irregularis (antérieurement appelée Glomus intraradices) est la plus couramment utilisée car elle donne de bons résultats dans beaucoup de conditions pédoclimatiques (large spectre de pH, de climat). Les pépinières Guillaume ont quant à eux sélectionné une souche dont la supériorité a été démontrée à la station d’expérimentation East Malling, dans le Kent. « La vigne est naturellement mycorhizée mais les différentes souches n’ont pas le même pouvoir de renforcement des défenses, d’où l’intérêt de sélectionner les souches les plus efficaces, commente Pierre-Marie Guillaume, des pépinières éponymes. Cela permet non seulement à la vigne de mieux démarrer, mais aussi de mieux résister à la sécheresse. Elle produit également davantage de stilbènes, avec à la clef, une moindre sensibilité aux maladies, comme l’a montré le chercheur Sébastien Bruisson dans une thèse que nous avons financée à l’université de Haute Alsace. Selon ces travaux, il faut que la symbiose soit établie sur au moins 30 % du système racinaire pour que cela soit profitable à la plante. Ce seuil explique certains échecs si la souche choisie n’a pas une bonne affinité avec la racine de vigne. »

Chercheur à l’Inra de Dijon, Laurent Bonneau est convaincu du grand potentiel des champignons mycorhiziens. Il estime que l’avenir est probablement dans la recherche et la mise au point de communautés de souches, obtenues à partir d’inoculas locaux, encore plus efficaces pour l’alimentation de la vigne, la résistance au stress et la mise en place de défenses.

Une protection de la vigne accrue

Au-delà de l’intérêt des plants mycorhizés pour une croissance accélérée et une meilleure reprise qui peut faire gagner jusqu’à un an de production, Laurent Bonneau rappelle que des travaux ont également montré que la mycorhization apportait une protection accrue vis-à-vis de parasites du sol comme le nématode qui transmet le virus du court noué ou encore l’agent du pourridié. « Concernant les agents pathogènes foliaires, il a été mis en évidence un effet protecteur des champignons mycorhiziens à arbuscules face à Botrytis cinerea ainsi que Plasmapora viticola » poursuit-il. Pour les maladies du bois, les plants mycorhizés semblent moins touchés (bois noir) mais l’effet protecteur vis-à-vis de champignons pathogènes impliqués dans le dépérissement reste à démontrer.

« On gagne un an de production »

« Selon les années, je renouvelle entre 3 000 et 5 000 pieds sur mon exploitation. Depuis 6 ans, j’ai fait le choix de plants en pots mycorhizés (gamme ForcePlant) qui m’assurent une meilleure reprise, avec un taux de réussite qui se situe entre 85 et 90 %. Au-delà de la reprise, la pousse est deux à trois fois plus rapide qu’avec des greffés soudés traditionnels. On gagne un an de production, ce qui compense largement le surcoût d’environ 50 centimes par plant sans compter la sérénité d’un vignoble qui se renouvelle sans soucis. »

Matthieu Hoguet, du domaine Vrai Canon Bouché, à Fronsac en Gironde

« Un développement racinaire plus important »

« Pour apporter des mycorhizes, j’ai testé le produit MYC 800 en arrosage sur des nouvelles plantations, des plants d’un an et de deux ans. L’objectif était de rééquilibrer les vignes et de favoriser l’enracinement des jeunes ceps. J’ai observé un développement racinaire plus important et plus rapide, notamment au niveau du pivot et au final des plantes moins « poussives ». Et la partie mycorhizée était indemne de mildiou mosaïque. »

Samuel Mage, vigneron sur l’île d’Oléron

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