Variétés maïs : ce qui vous attend pour les années à venir
Le rendement reste la principale entrée pour l’inscription de nouvelles variétés de maïs. Mais les sélectionneurs travaillent d’autres axes, tels que la stabilité interannuelle et le comportement en conditions limitantes.
Le rendement reste la principale entrée pour l’inscription de nouvelles variétés de maïs. Mais les sélectionneurs travaillent d’autres axes, tels que la stabilité interannuelle et le comportement en conditions limitantes.
Impossible pour une nouvelle variété de maïs de faire sa place si elle n’est pas solide en rendement. Ce critère reste l’une des priorités des sélectionneurs, et cela paie : en maïs, le gain annuel moyen est estimé entre 1 et 1,4 quintal à l’hectare. Le nouveau record enregistré en 2021, grâce à une météo favorable, en est l’illustration.
Plébiscitée par les agriculteurs, la course aux quintaux est entretenue par le processus d’inscription au catalogue français des variétés : les prétendants sont évalués sur plusieurs critères à titre informatif, mais seuls le rendement et la verse comptent pour la note fatidique. S’y ajoute, dans le cas du maïs fourrage, la valeur énergétique. Néanmoins, la productivité et la verse ne sont pas les seuls lièvres courus par les obtenteurs. « Ces deux éléments ne suffisent pas pour satisfaire les attentes des agriculteurs, explique Sébastien Chatre, directeur de RAGT R2n. La stabilité d’une variété dans des environnements différents et dans la durée est essentielle, ainsi qu’une certaine rusticité. »
Connaissance plus fine des réponses variétales aux stress
Pour cela, les chercheurs peuvent compter sur des outils informatiques de détection du génome de plus en plus puissants. Le couplage de modèles et du big data permet de cerner plus rapidement les pools génétiques présentant des qualités de robustesse vis-à-vis des aléas climatiques. Cela aide à prédire les comportements des hybrides grâce à une connaissance plus fine des réponses variétales aux différents stress. De quoi être de plus en plus confiant au moment du lancement de la variété.
Le juge de paix demeure toutefois l’essai au champ. « Les trois quarts de mon métier, c’est l’exploitation du réseau physique avec plus d’une centaine d’essais en propre dans diverses situations agronomiques, souligne Fabrice Chevalier, responsable développement maïs et sorgho chez Semences de France. Nous cherchons la confirmation de visu des prévisions basées sur l’étude du génome. Les variétés mises sur le marché sont largement éprouvées avant d’arriver chez l’agriculteur. »
Depuis plusieurs années, les entreprises semencières ont diversifié leurs sites d’essais, ne se contentant plus d’évaluer les variétés en conditions optimales. Pour apprécier au mieux les performances des variétés sous stress, tout est soigneusement consigné, des caractéristiques pédologiques aux événements climatiques. À l’instar d’autres entreprises, KWS dispose de plateformes dédiées à la tolérance aux aléas. « Les candidats hybrides sont également testés dans différentes régions en Europe pour démultiplier les situations, explique Yvan Contrain, responsable développement chez KWS France. Des essais menés dans des zones exposées à un climat plus continental que la France permettent par exemple de caractériser les maïs sur les stress de fin de cycle. »
Même préoccupation chez Pioneer (Corteva), qui constate l’évolution des pratiques des agriculteurs en raison de restrictions croissantes d'irrigation, ainsi que l’introduction de l’espèce dans des zones moins favorables et à moindre potentiel. « Un maïs n’a pas les mêmes besoins quand on vise 50 à 80 quintaux à l’hectare, rappelle Sébastien Moureau, responsable produit maïs chez Corteva. Notre réseau permet d’évaluer les hybrides dans ces conditions de stress, avec comme premier objectif la marge de l’agriculteur. »
Agroécologie oblige, les semenciers anticipent de plus en plus l’articulation de la sélection variétale avec l’évolution des pratiques agronomiques. « En agriculture biologique ou de conservation des sols, les besoins des agriculteurs évoluent, constate Sébastien Moureau. En AB, il y a par exemple un enjeu de couverture rapide du rang pour maîtriser le salissement. » Pour KWS, jouer sur ce pouvoir couvrant pourrait même aboutir à la mise en place de CEPP, ces techniques reconnues officiellement par les pouvoirs publics comme source de réduction de l’usage des phytos.
« Nous sommes à un tournant dans les solutions que l’on apporte en combinant mieux génétique et agronomie, assure Sébastien Chatre. Demain, nous aurons des trèfles dans le maïs pour limiter l’enherbement, et l’on peut même imaginer des associations avec deux récoltes. Dans ce cas, il faudra des variétés de maïs avec une nouvelle architecture ou adaptées à des densités différentes pour permettre à la culture en dessous de se développer. » C’est aussi par ce biais de solutions intégrées combinant génétique et modes de culture, notamment les associations, que devrait se mener la lutte contre les insectes foreurs, aucune piste de résistance purement génétique n’existant à l’heure actuelle, à l’exception des OGM.
Maladies sous surveillance
Les maladies sont peu nombreuses en maïs, mais peuvent être préjudiciables dans certaines régions, à l’instar de l’helminthosporiose. Le comportement de la variété face à cette menace n’est pas sanctionné à l’inscription, mais pour Carol Humeau de Limagrain, « les maladies sont prises en compte par les sélectionneurs, car on ne peut pas avoir une variété top en performance qui serait trop sensible aux maladies ». Toutefois, tous les hybrides ne sont pas égaux, et ce paramètre est à intégrer dans son choix variétal.