Une occlusion intestinale provoquée par un caillot sanguin chez une vache haute productrice
Le syndrome jéjunal hémorragique est une pathologie complexe pas encore bien connue. Il peut toucher tous les bovins mais il est beaucoup plus fréquent chez les hautes productrices de races Prim’holstein ou Brune suisse.
Le syndrome jéjunal hémorragique est une pathologie complexe pas encore bien connue. Il peut toucher tous les bovins mais il est beaucoup plus fréquent chez les hautes productrices de races Prim’holstein ou Brune suisse.
Un client nous contacte pour « une très bonne vache qui ne donne plus rien du jour au lendemain et qui a des coliques ». Cette Prim’holstein multipare a vêlé il y a plusieurs semaines, sa lactation a très bien démarré. Hier, elle a donné normalement : plus d’une quarantaine de litres. Ce matin, elle n’a donné que 3 litres, ne mange pas et présente des signes de douleurs abdominales.
À l’examen clinique, on remarque que le fumier récupéré lors de la palpation transrectale est rare et sec ; que la vache est légèrement ballonnée. Nous pensons que la vache a une occlusion. Il faut donc effectuer une laparotomie, c'est-à-dire opérer pour inspecter sa cavité abdominale afin de le vérifier. Nous informons l’éleveur que la chirurgie que nous allons faire est coûteuse et complexe, il est d’accord pour que nous opérions la vache.
Lors de l'opération, la cause du problème est rapidement identifiée. Il y a un caillot de sang dans une portion des intestins appelée le jéjunum. Cette pathologie s’appelle un syndrome jéjunal hémorragique. La muqueuse de l’intestin saigne, un caillot se forme et bloque le passage des matières fécales, ce qui crée une occlusion. La paroi de l’intestin est abîmée ; il faut l’enlever. Notre patiente se remettra de cette pathologie grave ; elle ruminera de nouveau 24 heures après la chirurgie et donnera 40 litres une quinzaine de jours plus tard.
Dès l'apparition des symptômes
Le syndrome jéjunal hémorragique est identifié depuis le début des années 1990 chez les bovins laitiers ou allaitants, mâles ou femelles de tous âges. Mais il est beaucoup plus fréquent chez les vaches laitières hautes productrices de races Prim’holstein ou Brune suisse. La cause de cette pathologie est complexe et pas encore réellement connue. Il y a très certainement plusieurs facteurs qui interviennent. Ce problème est plus fréquent dans les élevages avec une alimentation très riche en énergie et facilement fermentescible.
Plusieurs pathogènes ont fait l’objet d’étude. Le premier est un clostridium producteur de toxines ; c’est une bactérie proche de celle responsable de l’entérotoxémie chez les bovins allaitants. La deuxième piste explorée est la présence de mycotoxines produites par des champignons dans des fourrages mal récoltés ou mal conservés. Le troisième pathogène étudié est un colibacille également producteur de toxines. Les toxines libérées par l‘un ou l’autre de ces agents pathogènes conduisent à une hémorragie de la muqueuse de l’intestin ; un caillot se forme alors et provoque une obstruction intestinale.
Après le début des symptômes, il faut réagir vite si l’on veut sauver le bovin. Sans soin, la mort survient en moins de 48 heures. Les signaux d’alerte pour l’éleveur sont une brutale baisse de production et un abattement de l’animal. Pour pouvoir réaliser une chirurgie. Il faut que l’état général de l’animal soit encore correct. En effet, un état de choc rend illusoire la réalisation d’une opération. Selon notre expérience, le taux de survie suite à la chirurgie est d’environ 50 %.
Cette pathologie, comme beaucoup en élevage, est largement favorisée par un problème lié à l’alimentation du bovin. Et son pronostic, bien que très moyen, sera largement amélioré par les capacités de surveillance et de réactivité de l’éleveur.
Une association de malfaiteurs
Actuellement, il est admis que le syndrome jéjunal hémorragique résulte très certainement d'une « association de malfaiteurs ». Un état d' acidose chronique due à une alimentation très riche en énergie et pauvre en fibres ou une ration mélangée triée par les bovins. Et la présence de mycotoxines si un ou plusieurs aliments ont été mal récoltés ou mal conservés. L'association des deux (acidose chronique et mycotoxines) provoque une perturbation de la flore du tube digestif.
À retenir
° Réagir très vite si l’on veut sauver le bovin.
° Les signes d’alerte : baisse brutale de la production et abattement.
° Une pathologie favorisée par un problème d’alimentation.