Une installation en volaille de chair rondement menée
Karine Ruault s’est installée à 28 ans avec un bâtiment neuf en volaille de chair. Être bien accompagnée lors de son projet a été déterminant pour démarrer dans des conditions optimales.
Karine Ruault s’est installée à 28 ans avec un bâtiment neuf en volaille de chair. Être bien accompagnée lors de son projet a été déterminant pour démarrer dans des conditions optimales.
Karine Ruault s’est installée en un temps record. À Le Pas en Mayenne, elle a rejoint l’exploitation avicole de son mari Kamuran Yilmaz (EARL Cocorico) et a investi dans un poulailler de 1 800 m2. Entre la décision d’arrêter son métier de salariée en décembre 2018 et son installation officielle mi-août 2019, il s’est passé tout juste huit mois. Un laps de temps très court, imposé par la date butoir de la dernière enveloppe de subvention PCAEA à laquelle Karine ne pouvait prétendre qu’une fois installée. « Le dossier a été déposé fin août, deux jours avant la date de clôture ! », se remémore-t-elle. Durant les mois précédents, la jeune femme, mère de deux jeunes enfants, a mené de front son projet d’installation, le projet de construction et son métier de technicienne chez Huttepain Aliments, arrêté en juin 2019. Elle a enchaîné durant l’été avec un mois de formation à la chambre d’agriculture et achevé son parcours jeune agriculteur (JA). Les travaux ont démarré dès l’automne 2019. « Ce fut une période très intense et stressante mais fructueuse. » C’est en étant bien accompagnée, notamment par le centre de gestion et la chambre d’agriculture, que l’éleveuse a réussi à tenir ce timing si serré. « C’est essentiel d’être bien conseillée. Cela m’a permis de respecter les différents délais administratifs, de ne pas perdre de temps et de pouvoir bénéficier d’un maximum d’aides pour démarrer sereinement dans les meilleures conditions financières. »
À l’arrêt durant le confinement
La construction du poulailler n’a pas non plus été un « long fleuve tranquille ». Elle a été retardée d’1,5 mois durant la phase de terrassement à cause des pluies interminables de l’hiver puis par le confinement en mars. L’installateur (Adaf) a ensuite mis « les bouchées doubles » pour terminer le poulailler début juin. « Le premier lot de poulets a démarré le 17 juin, dans les meilleures conditions, après des périodes de stress, mais sans céder à la panique », sourit l’éleveuse. Elle souligne, là encore, l’importance d’être bien entourée professionnellement. « Les entreprises qui vous font gagner le plus d’argent ne sont pas celles qui vous proposent des devis exceptionnels mais plutôt celles qui vous soutiennent et sont riches de salariés compétents et disponibles. »
Un taux d’aides de 25 %
Le poulailler est situé en contrebas des trois bâtiments existants de 1 500 m2. Le site de 6 300 m2 travaille en partenariat avec le groupement Huttepain Aliments. La nouvelle construction rentre dans la démarche Nature d’éleveurs avec son éclairage naturel, son sol en béton et son bardage imitation bois sur le pignon. Karine va y élever du poulet standard durant au moins un an et souhaite passer ensuite à la dinde (équipements polyvalents). Elle vise une marge poussin aliment de 9,50 €/m2/lot de poulet de 35 jours. L’étude prévisionnelle est basée sur un objectif de 8,60 €/m2 avec une rémunération dès le départ. Le coût du bâtiment s’élève à 540 000 euros, soit 300 €/m2. Un coût tout compris (1) relativement maîtrisé pour ce poulailler de nouvelle génération. « On a essayé de négocier les prix à tous les niveaux. On a aussi eu des taux d’emprunts intéressants, l’un sur 15 ans pour la coque, l’autre sur 10 ans pour le matériel." L’éleveuse a par ailleurs bénéficié de 42 000 euros de subvention PCAEA (avec majoration JA) et d’une aide à l’investissement sur 5 ans du groupe LDC de 54 000 euros. L’ensemble des aides cumulées, y compris la dotation jeune agriculteur de 30 000 euros et l’aide Pôle emploi de création d’entreprise (13 000 euros), représente près de 25 % de l’investissement. De quoi contribuer à démarrer sereinement, après cette phase d’installation plutôt mouvementée.
Côté éco
De technicienne à avicultrice
Le parcours de Karine Ruault, 28 ans, est assez atypique. D’origine agricole (ses parents sont producteurs de lait), elle n’avait initialement aucune affinité pour l’élevage. Lorsque son futur mari, Kamuran, s’associe avec le père de Karine pour construire un premier poulailler, elle a un véritable "coup de cœur" pour l’élevage de volaille. Alors qu’elle s’orientait vers des études de sciences politiques, à 18 ans, bac général en poche, elle change de cap et fait un BTS Acse avec l’objectif à terme de s’installer dans cette production. Mais avant cela, elle démarre comme technicienne en volaille de chair chez Huttepain Aliments. Un métier qu’elle adorait mais au bout de quatre ans, l’envie de devenir éleveuse et d’être indépendante a fini par prendre le dessus. Karine souhaitait aussi être plus présente pour sa vie familiale. Ce fut une très bonne expérience dont elle tire parti dans son nouveau métier. "En plus des connaissances techniques, il demande de la rigueur et une bonne organisation. J’ai aussi appris à prendre du recul lors d’un problème sanitaire. » Désormais à deux sur l’exploitation avicole, Karine et Kamuran travaillent de concert, avec chacun leur spécialité, l’un pour le sanitaire, l’autre pour la maîtrise de la ventilation.
Un bâtiment facile à nettoyer
Dans ses choix d’équipements, Karine Ruault a donné priorité à la maîtrise sanitaire.
Le poulailler de 100 mètres de long sur 18 mètres de large, avec une charpente Chaignard, est conçu avec une ventilation bilatérale progressive puis 100 % pignon (concept Tuffigo-Rapidex). « Je ne voulais pas de cheminées, difficiles à nettoyer correctement. » En s’appuyant sur son expérience de technicienne, Karine a opté pour des équipements qui facilitent le nettoyage et la désinfection, sa priorité étant de maintenir au plus bas la pression sanitaire. Parmi ces aménagements : un portail à chaque pignon pour faciliter la marche en avant, un sol en béton, une plateforme bétonnée à l’extérieur pour le lavage du matériel, une trappe à cadavres donnant accès à un local avec bac réfrigéré, un chauffage par radiants « plus faciles à nettoyer que des aérothermes et mieux adaptés à la dinde », un sas trois zones avec boîtier de régulation proche de la porte d’entrée « accessible sans avoir à revêtir sa tenue d’élevage », en encore des capots extérieurs démontables à chaque lot. Une pompe haute pression de 40 litres/min est installée à poste fixe dans un local attenant et est reliée à quatre connexions, l’une dans le sas et trois dans la salle d’élevage. Les fenêtres, avec occultant à battant, représentent 3,4 % de la surface au sol. Elles ont été installées au-dessus des trappes d’entrée d’air Kanair Start de Tuffigo-Rapidex, positionnées à 1,5 mètre de hauteur.