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Transmettre pour la nouvelle génération d’éleveurs

Pour maintenir potentiel de production, la filière ovine doit accueillir de nouveaux éleveurs qui reprendront la relève des exploitations allaitantes et laitières.

40 % des brebis laitières et la moitié des brebis allaitantes sont élevées par des chefs d’exploitation approchant de l’âge de la retraite selon l’Institut de l’élevage. La filière ovine a donc besoin de transmettre ces élevages à de nouveaux éleveurs qui vont pérenniser la production. Dans les dix ans qui viennent, 5 000 exploitations ovines seront à intégrer ou à reprendre.

Cette problématique de la transmission est partagée par les filières d’élevage et, pour réussir ce « choc de transmission », la Confédération nationale de l’élevage prépare un livre blanc sur le renouvellement des générations en élevage bovin, ovin et caprin. En dressant un état des lieux de l’installation en élevage de ruminants, la CNE propose ainsi une vingtaine de solutions sur la formation, l’accès au moyen de production, l’image du métier ou le travail. Pour Michèle Boudoin, présidente de la FNO, qui préside aussi le groupe « attractivité et renouvellement des générations en élevage » de la CNE : « la population des éleveurs vieillit et les candidats à l’installation sont peu nombreux. Il nous faut donner confiance aux futures générations, leur montrer que l’on peut vivre de ce métier d’éleveur et s’y épanouir. »

Des guides indispensables avant de s’installer

Dans toutes les régions, la filière ovine se mobilise sous l’égide d’Inn’ovin afin de créer une dynamique positive favorisant l’installation et le développement de l’élevage ovin. Éleveurs et techniciens se mobilisent ainsi pour rencontrer jeunes et prescripteurs financiers pour rappeler que la production ovine bénéficie aujourd’hui d’un contexte qui n’a jamais été aussi favorable (voir les témoignages de Laurent Cavaignac et Hervé Wendling).

En effet, devenir ovin, « c’est choisir un métier diversifié, une production riche d’opportunités et une filière dynamique » rappelle une plaquette d’Inn’ovin. Il y a mille façons d’être éleveur ovin : système spécialisé ou atelier de diversification, en plein air ou en bergerie, avec une ou plusieurs périodes d’agnelage, en valorisant les parcours, les alpages, les intercultures ou les prairies… Cette multiplicité des modes d’élevages peut correspondre au projet de vie de chacun. Être éleveur de brebis impose d’être aussi cultivateur, chef d’entreprise, infirmier, nutritionniste ou spécialiste de la reproduction. La formation et les compétences pratiques sont donc indispensables à la réussite du projet.

Pour expliquer en détail ce qu’est un éleveur ovin allaitant, le programme Inn’ovin a actualisé en 2017 le guide de 64 pages S’installer en élevage ovin. Pour l’élevage ovin laitier, l’Institut de l’élevage finalise aussi un guide de 64 pages (S’installer en élevage ovin laitier) sous la bannière Inn’ovin. Il sera disponible en version téléchargeable et des exemplaires papiers sont prévus pour les Points info installation, les interprofessions et les organismes techniques.

Le nécessaire accompagnement des OP

Une installation ne peut être réussie que si elle permet de se dégager de bons revenus et si elle reste vivable dans le temps. En plus d’une sérieuse étude économique, il faut bien avoir en tête l’astreinte et la charge de travail pour ne pas s’essouffler au bout de quelques années. Des solutions existent pour améliorer le temps et les conditions de travail (salarié, Gaec, service de remplacement, équipements…) mais elles doivent être anticipées si possible dès l’installation.

Certaines régions mettent en place des tutorats avec la mise en relation de jeunes ou futurs éleveurs avec des plus anciens. Car, si créer un élevage ovin permet de le faire à son image, en reprendre est souvent moins coûteux. Avec un élevage immédiatement fonctionnel, la trésorerie est plus facile à gérer. Mais, là aussi, la transmission d’une exploitation est complexe et doit s’anticiper au maximum.

Les organisations de producteurs ont aussi un grand rôle à jouer pour faciliter la transmission. Elles peuvent proposer un accompagnement technique poussé, une participation à la modernisation de l’exploitation ou des prix garantis sur plusieurs années. « Les OP ont la dramatique connaissance du vieillissement de la pyramide des âges de leurs adhérents, explique Jean-Louis Vollier, le directeur du GIE ovin du Centre Ouest. Avec le financement de la région Poitou-Charentes, les techniciens d’OP et les conseiller transmission des chambres d’agriculture ont pu rencontrer chaque année plus d’une centaine de cédants potentiels pour les sensibiliser à la transmission. Certains cédants indécis sont prêts à transmettre leur outil si on leur présente un bon candidat. Dans ce cas, la mayonnaise peut prendre et l’élevage être maintenu ».

Pour qu’une nouvelle génération devienne éleveurs demain.

Mise en garde

Les qualités d’un bon éleveur

Être animalier
Être motivé par la production
Avoir le sens de l’observation et de l’organisation
Savoir gérer son entreprise au quotidien et sur le long terme
Être capable de faire évoluer ses pratiques
S’informer et se former continuellement
Source : Demain j’élève des brebis… et j’en vis ! Inn’ovin

Rebond des installations

Après un fort déclin en 2016, les installations repartent à la hausse en 2017 avec 14 319 non-salariés installés en tant que chefs d’exploitation agricole. Selon ces chiffres communiqués par la MSA fin janvier, les deux tiers des nouveaux installés ont moins de 40 ans et sont éligibles au dispositif d’aides à l’installation. La superficie moyenne exploitée par un jeune installé de moins de 40 ans atteint désormais 37 hectares. À noter que 35 % des installés - jeunes ou tardifs - se déclarent pluriactifs et que 40 % des nouveaux installés sont des femmes. Depuis 2005, l’installation sous forme sociétaire est devenue majoritaire.

En 2018, il y a eu 5 010 installations aidées selon les JA, soit une hausse de 19 % par rapport à 2016. Pour le syndicat, cela est dû en grande partie à la revalorisation de la dotation Jeunes Agriculteurs passant en moyenne de 20 000 € en 2016 à 31 100 € en 2018.

avis d’experts

« Des centaines de jeunes sensibilisés chaque année »

« Le premier problème, c’est le renouvellement des générations. L’élevage ovin a eu mauvaise presse pendant des années à cause de prix peu rémunérateurs. Aujourd’hui, cela va mieux, surtout pour les agneaux sous signe officiel de qualité. Dans le cadre d’Inn’ovin, nous allons voir des établissements de formation agricole pour présenter la filière et sensibiliser les jeunes à l’élevage ovin. Chaque année, des éleveurs et des techniciens de chambre ou de coopératives interviennent dans une trentaine de classes d’Occitanie. Plusieurs fois par an, nous invitons aussi les porteurs de projet dans un lycée pour une réunion ovine, lait et viande, riche en témoignages d’éleveurs et si possible complété par une visite d’élevage. Si on y ajoute les Ovinpiades, cela fait plusieurs centaines de jeunes touchées chaque année. Dans les établissements sans ferme ovine, le plus dur est de convaincre les professeurs de nous accueillir. Pourtant il y a des jeunes qui s’intéressent à l’élevage ovin et nous sommes contents de leur apporter des réponses et des contacts. »

Laurent Cavaignac, coprésident d’Inn’ovin Occitanie

« Nous entretenons de bonnes relations avec une banque »

« Le conseiller ovin de la chambre d’agriculture d’Alsace est allé voir le Crédit mutuel il y a une dizaine d’années pour l’organisation de notre première fête des bergers et pour leur dire que l’on pouvait vivre du mouton. Nous avons ensuite gardé de bonnes relations avec cette banque en les invitant par exemple à nos évènements ovins. En 2017, nous avons signé une charte avec eux, la Safer, le syndicalisme, la chambre d’agriculture et l’association Agneau terroir d’alsace. C’est important d’avoir des interlocuteurs bancaires qui connaissent la production ovine, pour les installations mais aussi pour les dossiers d’investissements. Le Crédit mutuel nous a aidés financièrement à organiser le congrès de la FNO en 2015 et c’est devenu notre principal sponsor pour la fête des bergers, pour aller au salon de l’agriculture ou pour les Ovinpiades. Nous envisageons maintenant d’étendre ce partenariat sur la région Grand Est mais nous devrions aussi davantage présenter la filière au centre de gestion car leur méconnaissance du secteur peut parfois nous porter préjudice. »

Hervé Wendling, président d'Inn'ovin Nord-Est

« Il faut créer un accompagnement à la transmission »

« On continue de perdre trop de paysans avec, en moyenne, deux installations pour trois cessations. Pour relever le défi de la transmission, il faudrait un accompagnement des cédants similaire à celui proposé aux futurs installés. Ce dispositif incitatif offrirait un accompagnement humain, technique et financier avec des conseils de banquiers et de notaires. Ces « points infos transmissions », qui existent déjà dans certains départements, seraient complémentaires des points infos installations. Les dispositifs d’accompagnement aux jeunes agriculteurs fonctionnent bien puisque 97 % des personnes en ayant bénéficié sont encore en activité dix ans après. On doit en être fier mais il faut maintenant le doubler d’un accompagnement spécifique à la transmission. »

Jeremy Decerle, président des JA

En savoir plus

Le guide « s’installer en élevage ovin » décrit concrètement en 64 pages les questions à se poser avant de s’installer comme éleveur ovin. Ce guide est téléchargeable gratuitement sur www.inn-ovin.fr/suivez-guide-sinstaller-elevage-ovin/ou à commander en version papier à la même adresse.
Les points accueil installation, présents dans chaque département, conseillent, informent et orientent plus de 21 000 candidats à l’installation chaque année.
sinstallerenagriculture.fr
Le répertoire départ installation permet de trouver une exploitation à reprendre et aux éleveurs en place de trouver un successeur ou un associé.
repertoireinstallation.com
Le site devenir-eleveur.com montre par des exemples concrets la vie d’éleveurs et oriente les futurs installés.
Le site installation-agricole.com a été créé par les Jeunes Agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine pour simuler leur installation.
Le site stage-agricole.com a été imaginé par les Jeunes Agriculteurs, pour recenser les exploitations et les entreprises du milieu agricole qui sont prêtes à accueillir des jeunes. A contrario, il propose aux exploitants les CV des personnes en recherche de stage ou d’apprentissage.
Parmi les films d’Inn’ovin, l’un d’eux présente Bruno, 58 ans et éleveur de 310 brebis en Ardèche, et Jean Paul, 56 ans et éleveur de 350 brebis dans l’Aube, qui réfléchissent déjà à la transmission de leur exploitation.

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