Soja : quelles variétés choisir pour la moitié nord de la France ?
Les variétés de soja de précocité 000, voire 00, sont les mieux adaptées à la production au nord de la Loire et à l’Est. De nouvelles variétés sont commercialisées tous les ans. Préconisations.

Le soja progresse dans la moitié nord de la France, même si le bastion du soja reste le Sud-Ouest avec environ les deux tiers des surfaces. « En 2024, le soja a gagné du terrain en Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, avec respectivement + 6 %, + 3 % et + 11 % de surface », note Victoire Lefèvre, ingénieur de développement à Terres Inovia. L’installation récente d’usines de trituration porte le développement du soja et les conditions climatiques de 2024 ont vu le report de surfaces sur des semis tardifs, de soja en l’occurrence.
En termes de précocité, les variétés du groupe 000 sont les mieux adaptées pour la moitié nord de la France, jusqu’à des variétés 00 en Bourgogne-Franche-Comté, au cycle un peu plus long et à la productivité plus élevée. Les inscriptions de nouvelles variétés en France portent surtout sur ces créneaux de précocité. « En 2023, nous avons eu treize nouvelles variétés inscrites, dont sept en 000 et quatre en 00. En 2024, sur les quatre nouveautés, il y avait trois variétés 000 », précise Christine Fintz, secrétaire technique soja et tournesol au Geves.
Trouver le bon compromis entre rendement et taux de protéines élevé
Quels sont les conseils de Terres Inovia en matière de choix variétal chez les inscriptions récentes ? Spécialiste des variétés de soja, Céline Motard invite à consulter les tableaux de variétés sur le site internet de l’institut technique et le site MyVar pour les variétés recommandées par secteur. « Sur le groupe des 000, il y a huit à dix jours d’écart entre la plus précoce et la plus tardive dans le tableau de variétés », précise-t-elle. Outre la précocité, le rendement et le taux de protéines sont les deux critères de choix importants de variétés.
Parmi les variétés les plus en vue et en début de 000 (les plus précoces), Céline Motard cite Magnolia PZO, Nessie PZO et Sankara. « Cette dernière obtient de bons résultats en rendement et en protéines et peut intéresser les secteurs à semis un peu tardif ». Dans le cœur des 000, la variété Stapelia allie rendement et protéines tandis qu’ES Chancellor montre de très bons rendements depuis quatre ans, avec un taux de protéines moyen, selon la spécialiste de Terres Inovia. Dans les variétés plus récentes, Sokinto « sort très bien en rendement avec une teneur en protéines correcte. Pro Vesuvio offre un bon compromis sur ces deux caractères, mais elle est plus tardive, en fin de groupe 000. Pour les producteurs recherchant surtout de bonnes teneurs en protéines, Combinator et Pro Helicon offrent 1 à 2 points de plus que les meilleures des variétés citées précédemment, mais avec un petit cran en dessous en rendement. »
Quelques variétés peuvent remplacer ES Mentor en précocité 00
Dans le créneau de précocité des variétés 00, ES mentor reste une variété de référence en soja avec une inscription en 2009. « Elle commence à être dépassée en rendement, note Céline Motard. Quelques variétés sont susceptibles de la remplacer : Adelfia (inscription 2020), très régulière et très bonne en protéines et rendement ; Soflo (2024) avec également un bon compromis rendement-protéines tout comme Lid Educator (2024), plus tardive (un peu trop pour la Bourgogne) et Atacama, bien adaptée à l’Auvergne-Rhône-Alpes. »
Avec les variétés récentes, le progrès génétique se traduit par un gain de rendement de 1 q/ha tous les trois ans, selon Terres Inovia. Céline Motard insiste sur l’intérêt d’acheter des semences certifiées pour bénéficier de ce progrès, pour leur qualité sanitaire et, et pour faire vivre la recherche variétale sur le soja.
Vigilance sur la faculté germinative des graines avant de semer
La culture se caractérise par une forte proportion de graines de ferme : 70 % en France (encore davantage dans le Sud-Ouest, moins dans la moitié nord). En semences certifiées, Olivier Paul, président de l’UFS, faisait état fin 2024 d’un risque de disponibilité pour le soja. « La production de semences a été catastrophique, avec une qualité qui risque de ne pas être bonne, observe Céline Motard. Ce sera aussi le cas en graines de ferme chez les agriculteurs. Il y a tout intérêt à faire des mesures de faculté germinative en testant chez soi la proportion de graines qui germent. »
Différentes techniques existent comme disposer un nombre suffisant de graines (plus de cent) dans des boîtes avec du coton imbibé d’eau ou dans des assiettes avec du papier absorbant, le tout à une température de 20-22 °C, pendant quelques jours. Le pourcentage de graines qui germent sera à prendre en compte pour ajuster la densité de semis. Ce test est à réaliser juste avant le semis. La graine de soja est très fragile et peut se dégrader très vite au fil des mois.
Céline Motard met l’accent sur le risque de présence d’un champignon (Diaporthe) sur les graines de ferme en soja. Les conditions climatiques de 2024 ont été propices à son développement. « Ces graines sont alors fripées ; le pathogène a un impact sur la germination et la qualité de développement des plantes et il contamine la parcelle pour les cultures qui suivent, en se conservant plusieurs années dans le sol. » Les semences certifiées sont indemnes de ce champignon et apportent une garantie de faculté germinative dont le taux est précisé sur l’étiquette.